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« Le capteur NIR valorise mes chantiers d’ensilage et d’épandage »

L’ETA Hamon utilise un capteur proche infrarouge (NIR) sur ses ensileuses, autochargeuses et tonnes à lisier, donnant accès à une maîtrise plus fine de la récolte des fourrages et de la fertilisation organique.

L’Eta Hamon basée dans le Morbihan et l’Ille-et-Vilaine a fait le pari de l’innovation depuis plusieurs années. « Engagés dans la Dynamique Cléo, un réseau d’ETA expérimentant de nouvelles techniques, nous souhaitons nous démarquer en n’apportant pas seulement un service à nos clients éleveur, mais en leur donnant accès à de la valeur ajoutée, gage de leur rentabilité », argumente Pierre-Henri Hamon, dirigeant de l’entreprise. C’est dans cette logique qu’ont été équipées les premières ensileuses d’un capteur de matière sèche utilisant la technologie proche infrarouge (NIR) en 2011. Dotée de machines John Deere, l’ETA a eu le privilège de disposer des premiers dispositifs HarvestLab sur le territoire. « Cela représentait un investissement de 25 000 euros par machine. La technologie étant peu connue des éleveurs, il a fallu faire preuve de patience pour qu’ils évaluent les gains potentiels offerts par ce capteur. Et encore à l’heure actuelle, malgré la demande croissante pour ce service, je ne répercute pas réellement le surcoût du capteur. C’est plus devenu un argument pour fidéliser ma clientèle et communiquer sur la qualité de la prestation auprès de nouveaux éleveurs », reconnaît Pierre-Henri Hamon. Outre l’indication du rendement et de l’humidité, l’HarvestLab caractérise précisément la valeur du fourrage en mesurant la protéine brute, l’amidon et la fibre détergente neutre et acide (NDF et ADF).

 

Adapter la longueur de coupe au taux de matière sèche

« Nous l’utilisons pour l’ensilage de maïs. Les fortes variations du taux de matière sèche observées, atteignent 6 à 8 points au sein d’une même parcelle, ont permis de démontrer aux éleveurs l’intérêt de faire varier la longueur de coupe en continu. » Dans la pratique, l’éleveur indique au chauffeur de l’ensileuse une valeur optimale pour l’humidité et la longueur de coupe, ainsi qu’une limite haute et une limite basse pour chacun des deux critères. La gestion électronique se charge ensuite de faire varier automatiquement la longueur de coupe. « En adaptant la longueur de coupe, on favorise la densité et la fermentation du silo. Mais aussi plus simplement, cela nous arrive d’arrêter un chantier si c’est vraiment trop vert sur une majeure partie de la parcelle, pour ne pas risquer de perdre trop de valeur alimentaire », détaille l’entrepreneur. Les données recueillies à la récolte peuvent être valorisées dans un second temps par les clients. « Nous leur donnons accès aux cartographies sur demande, via la plateforme myjohndeere.com. L’éleveur peut ainsi valider un choix de variétés ou encore un itinéraire technique en fonction du potentiel de ses parcelles. »

Une fois la saison des ensilages terminée, le capteur HarvestLab est démonté de l’ensileuse pour être utilisé à poste fixe. « Les clients peuvent venir faire analyser leur ensilage fraîchement récolté et après fermentation, pour vérifier la qualité de conservation et la valeur nutritive de leur fourrage. »

Épandre des unités fertilisantes et non plus des volumes

Depuis deux saisons, l’ETA valorise également son capteur NIR sur deux tonnes à lisier, dans le cadre du dispositif Manure Sensor développé par John Deere. Installé au niveau de la vidange de la tonne, le capteur analyse en temps réel les principaux composants du lisier : azote (N), phosphore (P), Potassium (K), Ammonium (NH4) et matière sèche. Le système compile les informations du débitmètre et du capteur NIR pour calculer la vitesse cible à adopter en fonction de la dose désirée. « On travaille selon deux approches en fonction des besoins de l’éleveur. Soit il se base sur des analyses de sol pour piloter la dose de P, K, soit il cible une dose d’azote à appliquer. » Dans la pratique, le dispositif régule automatiquement la vitesse du tracteur pour atteindre la bonne dose. Et si le tracteur n’est pas capable d’atteindre la vitesse cible, le système peut agir sur le débit de la tonne à lisier. « On observe de gros écarts de valeur fertilisante entre le début et la fin d’une fosse. Le niveau de brassage et la taille de la fosse ont également leur importance », assure Pierre-Henri Hamon. Outre le fait d’apporter une dose homogène sur toute la parcelle, le capteur permet également d’optimiser la logistique. « Les lisiers les plus chargés sont épandus sur les parcelles éloignées. » Pour proposer ce service à l’épandage, l’entrepreneur n’a pas seulement équipé ses deux tonnes, il lui a fallu investir dans les courbes d’étalonnage, disponibles actuellement pour le lisier de porc, de vaches laitières et pour le biogaz. « Nous arrivons à justifier un surcoût de 8 centimes par unité d’azote sur la prestation auprès des clients qui la demande. »

 

Affiner la conduite de l’herbe avec l’autochargeuse

Convaincu de l’intérêt des capteurs NIR, l’ETA a également fait le pari d’équiper deux remorques autochargeuses pour la récolte de l’ensilage d’herbe depuis deux saisons. Le système fait appel cet fois-ci à un autre fournisseur, l’italien Dinamica Generale. Placé au-dessus du rotor, le capteur analyse en continu la qualité du fourrage montant dans la caisse. « On imprime un ticket répertoriant la matière sèche, les protéines brutes, l’ADF, le NDF et les cendres. Ces indicateurs vont permettre à l’éleveur d’affiner son stade de récolte, ses mélanges fourragers. Une façon d’optimiser la conduite de l’herbe pour aller chercher de la valeur à l’hectare. » Vu l’intérêt du NIR pour l’ensilage d’herbe, pourquoi ne pas utiliser le capteur de l’ensileuse ? « Jusqu’à présent, nous n’avons pas fait le pas, car pour l’ensilage d’herbe, nous utilisons nos plus anciennes ensileuses – la récolte de l’herbe étant plus éprouvante pour la mécanique - qui ne sont pas équipées de l’HarvestLab. Mais on va le proposer cette année en équipant une machine. Il m’a fallu pour cela réinvestir 5 000 euros dans les courbes d’étalonnage spécifiques à l’ensilage d’herbe et nous serons particulièrement vigilents pour se prémunir du risque lié aux pierres qui peuvent endommager le capteur. »

 

A savoir

En chiffres

Matériels équipés d’un capteur NIR

3 ensileuses John Deere (sur 8 en parc)

2 autochargeuses Schuitemaker

2 tonnes à lisier Mauguin (sur 7 en parc)

 

Les multiples usages du capteur NIR

Si John Deere fait figure de précurseur avec son capteur HarvestLab présenté pour la première fois en 2007, d’autres constructeurs d’ensileuses ont depuis proposé un capteur NIR. Claas et Krone le présentent comme capteur de matière sèche uniquement. New Holland collabore avec le spécialiste Dinamica Generale depuis 2016 pour fournir un capteur multi-analyse donnant accès aux mêmes composants analysés par le capteur John Deere. À noter que ce dernier a été renouvelé l’an dernier par l’HarvestLab 3000 simplifiant l’analyse stationnaire (capacité de stockage des données augmentée et plage de température de fonctionnement étendue). Le spécialiste italien de l’électronique Dinamica Generale propose différents modèles de capteurs NIR pouvant équiper des ensileuses, autochargeuses, tonnes à lisier, mélangeuses ou encore des godets de chargement.

La mélangeuse analyse les composants de la ration

Il propose également la solution à poste fixe AgriNIR. Dans le domaine des mélangeuses, Faresin a développé son propre capteur, disponible désormais sur l’ensemble de sa gamme de bols. Le capteur NIR est implanté sur le côté de la cuve pour analyser les composants de la ration. L’éleveur ne raisonne plus sa ration uniquement en fonction du poids, mais en tenant compte également de la valeur nutritive, en ayant accès par exemple à la teneur en amidon. Le capteur mesure également l’homogénéité de la ration, indicateur précieux pour ajuster la durée du mélange. Faresin développe par ailleurs des accords commerciaux pour fournir sa technologie à des constructeurs d’ensileuses et de tonnes à lisier.

M. P.

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