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« Je pratique le CTF sur 1 500 hectares »

L’ETA Lefort, basée en Meurthe-et-Moselle, a fait le choix du CTF "Controlled Traffic Farming" en 2013. Les gains de temps et économiques offrent un bilan positif.

Quand on évoque le "Controlled Traffic Farming", c’est souvent des modèles venus de l’étranger qui sont évoqués. Pourtant, il existe des pionniers en France. Christophe Lefort a franchi le pas en 2013 avec son ETA basée à Limey en Meurthe-et- Moselle. L’entreprise compte une quinzaine de salariés dont le travail implique des activités agricoles et forestières. À ce jour, l’ETA Lefort gère une vingtaine de fermes sur une surface totale de 1800 hectares, dont 1500 hectares en CTF avec des parcelles de 5 à 20 hectares en moyenne de blé, orge, colza, tournesol dans divers types de sol.

Une ETA qui gère tout de A à Z

Cette entreprise a la particularité d’être spécialisée en gestion de ferme de A à Z. « Je décide moi-même de la mécanisation des cultures », explique Christophe Lefort, qui s’engage en contrepartie sur le résultat auprès de ses clients. L’ETA a rapidement optimisé ses coûts. « Il y a vingt ans, nous sommes passés au non labour afin d’économiser en temps et en mécanisation », poursuit-il. Au fil du temps, les machines ont grossi et se sont alourdies, augmentant le tassement du sol et les charges liées au travail du sol profond. C’est de ces constats et à la suite d’un article de presse que Christophe Lefort a entrepris sa réflexion sur le CTF. « Le CTF permet de déterminer où l’on doit travailler de manière profonde confie-t-il, et ainsi de diminuer conjointement les coûts mécaniques et le tassement ». Il a également vu l’opportunité d’avoir une meilleure vie du sol et donc une plus-value agronomique. « Je ne vois pas d’inconvénients au CTF » constate-t-il après deux ans et demi de pratique.

Un parc matériel bouleversé pour des largeurs d'outils étudiées

Le passage au CTF s’est fait en un an après un changement total du parc matériel afin d’uniformiser les largeurs de travail et d’avoir des multiples entre les différentes largeurs d’outils. Christophe Lefort a hésité sur la largeur de son système entre 9 ou 12 mètres. « Notre choix s’est tourné vers 12 mètres car plus la largeur est importante, plus le CTF est intéressant », explique-t-il. Son système est basé sur une largeur effective de 11,85 mètres, en raison des matériels dont la largeur efficace est souvent légèrement inférieure à 12 mètres. Christophe Lefort a choisi d’avoir ses matériels de travail du sol et semis en 12 mètres. Son pulvérisateur et son épandeur d’engrais sont en 36 mètres. Le rapport entre toutes les machines est de un tiers et permet, une fois sur trois, au pulvérisateur et à l’épandeur de passer dans les mêmes traces de roues que le tracteur pour le travail du sol et semis.

Un trafic bien réfléchi et anticipé

Tous les tracteurs (avec transbordeur compris) et la batteuse disposent d’un autoguidage RTX à +/- 2,5 cm. La première tâche consiste à planifier les zones de passages des machines à partir des plans de parcelles. Christophe Lefort a commencé à compiler des zones de passages rectilignes et courbes, mais faute de précision du guidage, il n’utilise plus que des lignes droites. « Aujourd’hui, chaque chauffeur en arrivant dans un champ sélectionne le nom de la parcelle et n’a plus qu’à se laisser guider. Pendant la récolte, si le transbordeur est rempli en milieu de parcelle, le chauffeur va jusqu’au bout de la ligne et en prend une autre en fourrière pour rejoindre la benne placée sur le chemin », explique Christophe Lefort. Les zones tassées sont ainsi limitées à la fourrière. Cette dernière, initialement de 36 mètres, a été réduite à 24 mètres, afin de limiter la surface tassée à décompacter chaque année.

Quelques adaptations pour la vidange en marche

Une adaptation a été nécessaire pour le chantier de récolte à cause de la barre de coupe de 12,30 mètres. Christophe Lefort a songé à une goulotte avec extension. Face aux contraintes (longueur au transport, débit nécessaire par rapport à la longueur de la goulotte, etc.), il a choisi une solution rencontrée en Angleterre qui consiste à rallonger un des côtés du transbordeur à l’aide d’une extension repliable hydrauliquement. Celle-ci permet de diriger le flux de grains jusque dans la trémie. Pour compléter le dispositif, il a ajouté un tube sur le bout de la goulotte 4XL de sa Lexion, afin d’orienter le flux.

Économies de temps et de carburant

« On gagne en confort de travail et tout est plus simple pour les salariés », confie Christophe Lefort. Il a également remarqué que « le sol est plus portant aux endroits où les machines passent tout le temps ». Il estime aujourd’hui avoir gagné un tiers de temps de travail entre la préparation du sol et le semis. La progression du débit de chantier lui a permis à la fois d’optimiser sa main-d’œuvre (moins de saisonniers et stagiaires) et d’être plus serein face aux contraintes climatiques (semis tôt en automne). L’économie se retrouve aussi au niveau de la consommation en carburant qu’il estime réduite de moitié, grâce à un sol meuble moins tirant, ainsi qu’à l’augmentation de la largeur de travail. Le décompactage, activité gourmande en carburant, réalisée auparavant sur toute la parcelle ne l’est plus que sur la fourrière. Concernant les rendements, même s’il est un peu tôt pour tirer des conclusions, Christophe Lefort estime faire aussi bien, voire mieux. Au final, malgré un investissement conséquent, il a réduit considérablement ses charges et estime son retour sur investissement à deux ans.

Le CTF concentre la surface de tassement

Le CTF est originaire d’Australie où il s’est largement démocratisé dans les années 90. Il est apparu récemment en Europe et tend à s’y développer. Le CTF consiste à avoir des largeurs de voies de machines uniformes et des zones de passage permanentes et récurrentes dans les champs. Le but est de localiser et réduire le tassement en optimisant le trafic dans la parcelle. Le CTF peut être pratiqué de manière plus ou moins assidue selon le contexte et les contraintes de circulation. Deux systèmes existent. D’un côté, le système OutTrack qui consiste à avoir généralement deux voies de machines (une pour le tracteur et une pour les machines de récolte) et de l’autre, le système avec passages combinés où une seule voie existe pour tous les équipements. Les effets attendus sont un sol ameubli et moins gourmand en carburant au travail, une meilleure infiltration de l’eau, un accès plus tôt à la parcelle (meilleure portabilité dans les zones de passages) et dans certains cas, une augmentation de rendement, le tout avec une surface tassée inférieure à un système standard.

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