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Fraiser, planter et traiter en un seul passage

Pour planter 250 hectares de pommes de terre, trois entrepreneurs de la Marne se sont équipés d’un combiné fraise-planteuse avec traitement intégré, plus respectueux des sols et moins gourmand en main-d’œuvre.

Associé à Corroy dans la Marne avec son beau-père Bertrand Subtil et son beau-frère Alexandre Subtil, Benjamin Dast devrait planter cette saison un peu plus de 250 hectares de pommes de terre, dont 149 sur les deux exploitations et plus d’une centaine en prestation. « Une surface qui a beaucoup progressé depuis sept ans, se remémore-t-il. À l’époque, nous plantions 30 à 40 hectares, en décomposant tous les travaux : décompaction, fraisage, plantation, buttage, etc. » « Avec tous les inconvénients que cela représente, poursuit Alexandre Subtil. Entre une trémie pleine et une trémie presque vide, même en ajustant les réglages, la profondeur n’est pas régulière. On le voyait à la levée, qui n’était pas régulière. » Avec le souhait de développer l’activité pommes de terre, les associés investissent il y a six ans dans une solution de préparation/plantation tout-en-un. Lors de la première saison, seule la fraise, une Grimme GF 90-4 de 3,60 mètres de large, est disponible. « Nous avions choisi ce modèle-ci, car elle possède un nombre de dents important, 222 au total, explique Benjamin Dast. La forte densité de dents au mètre linéaire permet de casser toutes les mottes. » Revers de la médaille, la fraise exige une puissance d’entraînement importante. Le John Deere 7710 de l’exploitation est tout de suite à genou. Les associés loueront pour leur première campagne un Fendt 828, dont les 280 chevaux ne seront pas de trop.

Un gros besoin de puissance pour la planteuse traînée derrière la fraise

Avec l’arrivée la saison suivante de la planteuse, traînée derrière la fraise portée, l’achat d’un tracteur de forte puissance était indispensable. Les trois associés ont opté pour un Fendt 939 autoguidé par RTK et largement chaussé en 710/60 R34 à l’avant et 900/60 R42 à l’arrière, de façon à offrir la plus grande surface de contact avec le sol. Le relevage frontal reçoit une cuve double Startec cumulant à 1 800 litres (1050+750 l) qui ne sert qu’à l’application de fongicide à la plantation. Au travail, cette cuve est posée au sol via un rouleau caoutchouc Farmflex, délestant complètement le relevage. « Le but est de limiter au maximum la compaction du sol, afin de valoriser le travail du décompacteur réalisé en amont de la plantation », explique Alexandre Subtil.

Des buttes bien denses et définitives en un seul passage

Après cinq campagnes, la solution de la combinaison fraise-planteuse donne entièrement satisfaction. « Il n’y a plus de roues entre la fraise et la planteuse, apprécie Alexandre Subtil, ce qui veut dire que l’on supprime le tassement de la terre fraîchement affinée et la reformation de motte. » Le positionnement des pommes de terre, aussi bien en profondeur qu’en centrage sur la butte est parfaitement uniforme. La cape arrière permet d’avoir une butte définitive en un seul passage. « La vitesse d’avancement, limitée à 5 kilomètres/heure, laisse le temps de bien tasser les buttes, poursuit Alexandre Subtil. C’est un atout, car avec la terre souple que l’on a par ici, avancer trop vite, par exemple à 7-8 kilomètres/heure avec une planteuse en solo, peut former des buttes trop lâches, qui s’avachissent aux premières pluies. » Une impression partagée par les clients qui, après avoir goûté au combiné, ne souhaitent pas revenir en arrière.

Si dans certaines terres, il est important de laisser sécher entre le fraisage et la plantation, ce n’est généralement pas le cas dans les environs du siège de l’entreprise. « La plupart du temps, la terre est très douce, très facile et se prête bien au travail en combiné », explique Alexandre Subtil. « Mais si la demande pour la plantation devient plus importante l’année prochaine, nous devrons nous équiper d’un deuxième jeu de fraise et de planteuse, anticipe Benjamin Dast. Et ce sera très certainement une solution en décomposé, pour répondre à toutes les situations. »

Un convoi imposant dans la parcelle

L’entreprise se trouve également gagnante en termes de main-d’œuvre mobilisée. Au total, un chauffeur pour le combiné, et un salarié qui alterne entre le décompacteur et le chargeur télescopique pour le ravitaillement en pommes de terre, suffisent. Même si les associés doivent organiser un roulement à deux équipes cette année pour absorber les hectares supplémentaires, cela libère du personnel pour les autres travaux de la saison, comme les semis d’orge de printemps ou de betteraves (400 à 450 ha). Quant au ravitaillement en fongicide, avec un débit de chantier journalier de 12 à 14 hectares et un dosage de 100 litres par hectare, la double cuve de 1 800 litres, équipée d’un système de brassage, suffit largement pour une journée de travail.

Quant à la conduite du combiné, terminé par un rouleau dyker pour lutter contre l’érosion, elle demande un peu d’habitude. « Les fourrières ne sont pas toujours optimisées comparativement à une planteuse en solo, explique Alexandre Subtil. Mais de toute façon, avec l’arracheuse traînée, qui a sensiblement la même longueur que le combiné, il y a toujours quelques petites longueurs non récoltées en bout de champ. Au final, la surface de fourrière pleinement exploitée reste la même. »

Pour la saison prochaine, Benjamin Dast réfléchit à l’intégration d’engrais starter à la plantation. Il dispose déjà de la double cuve et il ne lui manque qu’une deuxième pompe et un équipement de localisation. L’organisation de chantier devra légèrement changer, pour ravitailler en cours de journée en engrais et en fongicide.

A savoir

En savoir plus

Quatre sociétés liées

- Deux SCEA correspondant aux deux exploitations appartenant aux trois associés, cumulant 470 ha
- La SARL du Moulin, qui comprend les bâtiments, les stockages, le matériel. Elle emploie quatre salariés pour 3,5 UTH et réalise un peu plus de 300 ha de prestations (pommes de terre, betteraves, etc.
- Culture Pom, société de négoce de pommes de terre (80 000 t pour le marché du frais), dont Alexandre est associé

Quatre configurations de combiné fraise-planteuse

 

La combinaison d’un outil de travail du sol — fraise ou herse rotative — avec une planteuse, permet de pallier une pénurie de main-d’œuvre. Cette solution tend à se démocratiser ces dernières années, mais nécessite plus de puissance qu’une solution de préparation-plantation en décomposé. On peut distinguer quatre types de combinaison.

1 Une fraise ou une fraise butteuse à l’avant du tracteur et une planteuse portée à l’arrière. Cette solution optimise la répartition des charges, mais présente l’inconvénient du passage des roues du tracteur entre l’outil de travail du sol et la planteuse, retassant localement la terre fraîchement travaillée et reformant des mottes.

 

2 Une fraise et une planteuse portées arrière, spécialement conçues pour rapprocher au maximum le centre de gravité du combiné du tracteur, afin de limiter les besoins de puissance de relevage qui restent conséquents.

 

 

 

 

 

 

 

 

3 Une fraise arrière portée combinée à une planteuse traînée nécessite un peu moins de puissance, mais rallonge le combiné.

 

 

 

4 La combinaison fraise-planteuse traînée impose des fourrières un peu plus larges, mais ne demande quasiment pas de puissance de relevage.

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