ESSAI : John Deere 6R 150 – « Un tracteur 4 cylindres qui sait tout faire »

Au travail « Un moteur qui a du coffre »

Avec le lourd outil à dents de 4,50 m, la masse de 1,15 t sur le relevage avant n’est pas de trop. Le tracteur est alors bien équilibré et patine peu. Les pneumatiques VF semblent participer à cette bonne capacité de traction. Le moteur coupleux ne peine pas : en travaillant à 10-12 cm de profondeur dans des terres faciles, on avance à 8,5 km/h avec un régime de 1 700 tr/min. La régulation moteur/transmission est très efficace. Même si ce tracteur ne me paraît pas gourmand, les 225 l du réservoir de GNR sont peut-être un peu justes pour les grosses journées de travail. Il lui faudrait plus d’autonomie pour tenir la comparaison face à un 6 cylindres de puissance équivalente. Avec la correction SF3, le système d’autoguidage impressionne par son niveau de précision et par son efficacité pour reprendre la ligne. Son utilisation depuis le terminal est très intuitive.

Le chargeur 643R est massif : il inspire la robustesse et avec le débit hydraulique de 155 l/min, les performances sont aux rendez-vous. Revers de la médaille, cet imposant chargeur pâtit d’une visibilité médiocre sur l’outil. On comprend mieux la présence d’une caméra sur le bâti : la vue qui s’affiche sur le terminal n’offre pas le même ressenti qu’une vision directe. Bonne surprise, l’attelage et le dételage de ce chargeur John Deere sont désormais aussi faciles que celui de mon MX. Ce gros 4 cylindres est assez maniable : il braque bien avec sa direction adaptative. Quant à sa transmission, elle est à la fois progressive et réactive. Le joystick du chargeur est très ergonomique. Il dispose de la commande d’inverseur, mais j’ai préféré utiliser celle du volant par habitude. Avec ses quatre distributeurs hydrauliques pour l’avant, ce tracteur offre l’avantage d’avoir une ligne dédiée au relevage frontal et trois fonctions hydrauliques indépendantes pour le chargeur. Le système de pesée et les automatismes du chargeur intégrés au terminal sont facilement exploitables.

Le confort sur route du 6R est remarquable. La suspension active de cabine complète vraiment bien celle du pont avant. Les accélérations sont vives, on sent que le moteur a de la ressource. Je confirme les observations que j’ai pu faire au champ concernant la gestion moteur/transmission. Celle-ci vise toujours le régime le plus bas et grâce à la bonne insonorisation, le niveau sonore en cabine est contenu. Inutile de chercher à optimiser les réglages, le mode automatique est idéal. La conduite est très intuitive, avec la possibilité de passer directement de la pédale au levier. Je préfère d’ailleurs ce dernier, épaté par son ergonomie.

L’attelage arrière est équipé de quatre distributeurs avec manettes de décompression. Dommage qu’il faille passer par une option pour avoir une commande de distributeur sur les ailes. Il faut aussi cocher une option pour disposer des projecteurs à led.

En cabine « Un habitacle spacieux et bien fini »

La cabine à cinq montants est très spacieuse pour un tracteur de ce gabarit. Le cinquième montant permet d’avoir une porte à droite moins grande qu’avec la version à quatre montants. Les grandes surfaces vitrées sont propices à la visibilité. Avec un chargeur moins imposant, ce serait le top. Rien à redire sur la finition et l’insonorisation, c’est du sérieux. Les espaces de rangement sont nombreux, mais la glacière reste en option. La climatisation automatique livrée de série se pilote depuis l’accoudoir et s’ajuste précisément dans le terminal. Le siège haut de gamme est particulièrement confortable.

L’accoudoir multifonction regroupe toutes les commandes du tracteur. On se repère facilement et l’ergonomie ne souffre d’aucune critique. Au début le levier CommandPro et ses 11 boutons non identifiés font un peu peur. Mais son ergonomie très travaillée et le menu de configuration très explicite du terminal permettent de le prendre en main rapidement. On peut vraiment personnaliser les commandes en fonction des outils, selon les préférences du chauffeur. Il ne reste que des boutons dédiés pour les commandes de la transmission, ce qui sera utile pour un nouveau chauffeur. Les vitesses d’approche obtenues en basculant le levier vers la gauche sont vraiment pratiques et sécurisantes pour atteler un outil. Le nouveau joystick hydraulique est très agréable au chargeur. Il permet de bien doser les mouvements, y compris ceux de la troisième fonction indépendante. Sur le côté de l’accoudoir, l’accélérateur est complété par deux boutons bien situés pour activer les deux régimes moteur mémorisés.

Le terminal est de taille suffisante, avec un écran lisible et une navigation facile à appréhender. Que ce soient les paramètres de la transmission, des distributeurs, du GPS et même la configuration des feux de travail, tout se règle sans difficulté. On peut créer des pages dédiées au GPS ou au chargeur. J’ai aussi apprécié les deux rangées de boutons de raccourci, qui ne sont malheureusement pas très bien positionnés en dessous de l’écran, car on doit se frayer un chemin entre les deux joysticks. Ils seraient plus accessibles sur le côté du terminal. C’est d’ailleurs dommage que ce petit défaut n’ait pas été corrigé sur les nouvelles consoles G5 qui équiperont les 6R l’an prochain.

Le tableau de bord, qui a migré sur le montant, offre une meilleure lisibilité que derrière le volant. Il permet un accès direct aux informations de base : vitesse, régimes moteur et prise de force, niveaux. Il lui manque juste une partie où l’on pourrait choisir les paramètres à afficher. Cela permettrait de mieux jouer la complémentarité avec le terminal de l’accoudoir.

Entretien « Jauge et filtre à huile bien cachés »

Il faut ouvrir le capot moteur pour vérifier la jauge à huile : on a connu plus pratique ! À l’avant du moteur, les radiateurs sont suffisamment espacés pour les souffler et celui de la clim coulisse. Le tracteur est équipé d’un ventilateur à pales orientables. Une option très efficace pour espacer le nettoyage du système de refroidissement. Les deux filtres à gazole sont directement accessibles des deux côtés du moteur. En revanche, il faut démonter un panneau latéral fixé par deux boulons pour atteindre le filtre à huile. Je remarque au passage que l’adaptation du chargeur est parfaitement intégrée, John Deere profitant du châssis intégral des 6R. Au niveau du marchepied de droite, on dispose d’un accès à la borne de la batterie. Une trappe permet aussi de se brancher sur la batterie. Mais s’il faut la changer, c’est tout le marchepied qui doit être démonté. Le filtre d’habitacle est facilement accessible au niveau de l’attelage arrière, mais il me paraît exposé à la poussière générée par l’outil. Comme souvent sur les John Deere, il y a une caisse à outil de bonne contenance. Elle est en plus bien placée.