Essai Claas Arion 660 CMatic – « Un tracteur particulièrement stable et confortable »
Jean-Luc Guinard, céréalier à Saint-Pardoux-Soutiers dans les Deux-Sèvres, a essayé le Claas Arion 660 CMatic. Il nous livre ses impressions de conduite avec ce six cylindres de 205 ch de puissance maxi.








La dernière génération de tracteurs Claas Arion 600 CMatic, dévoilée en 2020, se décline en quatre modèles à six cylindres développant de 145 à 205 ch. Elle a bénéficié, au cours des cinq dernières années, d’améliorations en termes de gestion de la transmission, de confort et de sécurité. Notre modèle d’essai, l’Arion 660 CMatic est le plus puissant de la gamme. Il loge le moteur Deere Power Systems (DPS) de 6,8 l développant 185 ch et fournissant 20 ch supplémentaires au-delà de 12 km/h, à la prise de force, en cas de forte demande hydraulique ou encore pour l’entraînement du ventilateur. Ce tracteur est équipé d’une transmission à variation continue à deux modules hydrostatiques et à deux gammes à passage automatique EQ 220. Cette dernière, produite dans l’usine Claas de Paderborn (Allemagne), autorise un avancement de 0 à 50 km/h.
Freinage pneumatique et hydraulique
Le Claas Arion 660 CMatic de dernière génération peut accueillir d’usine les deux systèmes de freinage à double ligne (hydraulique et pneumatique). En option depuis 2022 et avec la configuration en freinage pneumatique, il s’équipe du frein de maintien en ligne automatique, évitant la mise en portefeuille de l’ensemble routier. Un capteur de couple analyse la force de poussée de la remorque en descente ou lors des décélérations, puis donne l’ordre au tracteur d’alimenter en air par impulsion uniquement les freins de l’outil.
Les conditions du test

Le Claas Arion 660 CMatic est arrivé début février 2025 à la SCEA Baussais située à Saint-Pardoux-Soutiers dans les Deux-Sèvres. Le tracteur a réalisé des travaux de déchaumage à disques avec le Lemken Rubin 10 de cinq mètres de largeur de travail, qui appartient à la Cuma. Il a également accompli plusieurs parcours routiers avec une benne à deux essieux Joskin de 20 tonnes pour le transport de cailloux.
Les plus
- Facilité de prise en main
- Souplesse de la transmission
- Visibilité
Les moins
- Absence de relief sur les boutons du joystick
- Cavités au niveau des trompettes arrière
- Angle de vision de la caméra arrière
Au travail – « La transmission CMatic bien gérée »
Je décide d’utiliser le Claas Arion 660 CMatic au champ avec le déchaumeur à disques de cinq mètres de large. La parcelle à travailler est tout juste praticable, en raison des fortes précipitations des semaines précédentes. Je configure l’outil pour une profondeur de travail de 8 cm et active le régulateur (Cruise) du tracteur à 10 km/h. L’Arion 660 évolue à un régime moteur d’environ 1 700 tr/min, sans présenter de signe de faiblesse, ni de pourcentage élevé de taux de patinage. Le confort à bord est remarquable, notamment grâce au pont avant suspendu, à la cabine amortie mécaniquement en quatre points et à son bon équilibre (répartition des masses avant-arrière de 50/50). J’en oublie presque les irrégularités du sol. De même, la transmission à variation continue CMatic se révèle très agréable à la conduite. Sa gestion, nouvelle depuis 2024, favorise le ratio mécanique le plus haut et ne fait pas monter le moteur inutilement en régime dès la moindre difficulté.
Bien que je ne possède pas de tracteur Claas, j’ai tout de même très facilement pris en main l’Arion 660 CMatic. Le terminal tactile principal est intuitif et logique dans sa navigation entre les différents menus (route/champ/Isobus), les configurations et les réglages. Chaque bouton tactile se dote d’une sérigraphie associée à un texte d’un ou plusieurs mots. C’est un point qui m’a par ailleurs permis d’être à l’aise sur l’utilisation de l’autoguidage par GPS RTK NET, fonctionnant différemment de celui des tracteurs de l’exploitation. Au vu de la pluie annoncée pour le lendemain, j’ai allongé ma journée pour entamer un travail de nuit. Je suis bluffé par la puissance des 18 projecteurs à LED, répartis tout autour du tracteur. Ils éclairent même plus loin et plus large que le déchaumeur, facilitant la surveillance du travail de l’outil et me faisant même oublier l’obscurité.
Sur la route, avec la benne à deux essieux de 20 t chargée de pierres, le système de frein de maintien en ligne automatique du Claas se révèle sécurisant et efficace. Cette option fonctionne uniquement avec des véhicules remorqués dotés du freinage pneumatique. Grâce à cette fonctionnalité, le tracteur est capable de freiner seulement la remorque lorsque cette dernière le pousse, limitant la mise en portefeuille de l’ensemble. J’ai descendu, avec cet ensemble routier de 38 t, des pentes à une vitesse de 25-30 km/h sans avoir eu la nécessité d’appuyer sur la pédale de frein. J’apprécie clairement cette solution, qui présente un grand intérêt avec les ensembles routiers agricoles de plus en plus lourds. Le tracteur manque toutefois d’un peu de puissance dans les côtes, réduisant son allure dans les portions les plus abruptes de 30 à 13 km/h. Claas a par ailleurs apporté une nette amélioration sur ses transmissions à variation continue que je trouve aujourd’hui nettement plus souples.
Les distributeurs hydrauliques positionnés à hauteur d’homme se distinguent par des codes couleurs. Ils sont librement configurables, depuis le terminal, sur les boutons du joystick principal et du mini-joystick. Le Claas dispose également de connexions Power Beyond à face plate. La prise de force peut s’activer avec un régime moteur mémorisé au préalable directement depuis le bouton dédié sur les ailes. Je regrette le positionnement de la caméra fixée sur l’aile arrière gauche. Son angle de vision se concentre sur les bras de relevage arrière, qui sont tout de même visibles depuis la cabine. Cela aurait été plus judicieux, selon moi, de l’orienter vers le piton, qui lui est caché par les prises des distributeurs et l’imposant troisième point hydraulique.
En cabine – Un poste de conduite confortable pour avaler des heures de travail
Le tracteur bénéficie d’une cabine à quatre montants, Claas proposant également sur les Arion 600 une version à cinq montants, dotée d’une porte à droite. Il bénéficie, depuis 2024, d’une insonorisation particulièrement étudiée et cela se ressent positivement à bord. Les trois marches d’accès sont larges et bien agencées, autorisant la descente en marche avant, même si ceci est clairement déconseillé. Comme la cabine dégage une bonne visibilité vers l’avant, je vois bien où passent les roues. La vision vers l’arrière est aussi satisfaisante grâce aux montants arrière très avancés et au hayon bombé. Cette cabine recense de nombreux coffres de rangement, un frigo pouvant recevoir une bouteille de 2 l et des vide-poches, ainsi qu’un compartiment amovible derrière le siège passager. Les bouches d’aération pour la ventilation, bien réparties dans l’habitacle, apportent un confort thermique dès les premières minutes d’utilisation.
L’accoudoir principal supporte le terminal tactile de 12 pouces et le joystick principal CMotion. Les boutons de ce dernier manquent pour certains de relief, afin de les différencier les uns des autres juste au toucher. Le CMotion et le mini-joystick logent à eux deux dix boutons personnalisables via le terminal principal. Numérotés de F1 à F10, ils peuvent piloter différentes fonctions, comme le contrôle de la transmission, du moteur, de l’hydraulique ou encore l’activation des séquences de bout de champ. Le joystick CMotion disposant d’un plus grand nombre de boutons attribuables, en plus de celui dédié à l’activation du GPS, j’ai travaillé mes parcelles uniquement avec celui-ci.
Le terminal Cebis autorise le paramétrage de l’ensemble des fonctionnalités du tracteur, comme les différentes configurations pour l’hydraulique, la gestion de la transmission, du moteur et de l’agressivité de l’inverseur, etc. En complément de l’écran en bout d’accoudoir, un second terminal tactile de 12 pouces est monté sur un rail le long de la vitre côté droit. Il duplique les informations pour l’autoguidage et l’Isobus. Je peux alors placer l’écran au plus proche du pare-brise pour les travaux au champ et plus en arrière sur la route pour gagner en visibilité. Le tableau de bord, quant à lui, très simple, regroupe les informations de conduite essentielles comme la vitesse, les niveaux de carburant et d’AdBlue, le régime moteur, etc.
Entretien - Un compartiment moteur bien agencé

Claas a mis, pour les Arion de dernière génération, un point d’honneur sur l’accessibilité pour l’entretien périodique. Le filtre à air, placé tout à l’avant du moteur, se retire facilement vers le bas. Le radiateur moteur, l’intercooler, les refroidisseurs d’huile et de carburant, ainsi que le condenseur de climatisation, sont disposés en accordéon avec un grand angle d’ouverture. Leur nettoyage est ainsi facilité via la soufflette grâce à la sortie du compresseur d’air placée au niveau des marches d’accès à la cabine. Je regrette l’absence de carénage pour faciliter le nettoyage du pont arrière. En effet, l’emplacement des trompettes semble bien chargé par la présence du système de freinage pneumatique. La terre réussit à se loger dans les petites cavités, nécessitant l’utilisation d’un nettoyeur à haute pression performant pour réussir à l’évacuer.
Fiche technique Claas Arion 660 CMatic
Moteur
Puissance au régime nominal (ECER120) sans/avec boost : 175/196 ch à 2 000 tr/min
Puissance maxi (ECER120) sans/avec boost : 185/205 ch à 2 000 tr/min
Couple maxi sans/avec boost : 759 et 849 Nm à 1 500 tr/min
Cylindrée : 6,8 l
Norme et système de dépollution : Stage V avec vanne EGR, FAP, DOC et SCR
Capacité d’huile du moteur : 19 l
Intervalle d’entretien : 500 h
Transmission
Type : Variation continue à deux gammes à passage automatique Claas EQ220
Régime moteur à 40 et 50 km/h : 1 400 et 1 500 tr/min
Régimes de prise de force et régimes moteur correspondant : 540, 540E, 1000, 1000E à 1 980, 1 533, 2 030 et 1 572 tr/min
Circuit hydraulique
Type : Load Sensing
Débit et pression : 150 l/min à 200 bars
Volume d’huile hydraulique exportable : 52 l
Nombre de distributeurs : 4 + 2 centraux
Relevage
Capacité maxi aux rotules (arrière/avant) : 8 000/4 882 kg
Dimensions
Capacité du réservoir de GNR/AdBlue : 370/16 l
Hauteur hors tout : 3,05 mm
Empattement : 2,82 m
Rayon de braquage : 7,3 m
Poids à vide : 8 635 kg
Rapport av/ar : 47/53 %
PTAC : 12,5 t
Monte pneumatique du modèle essayé : 600/65R28 et 710/70R38
Budget
Prix catalogue du modèle essayé au 1er janvier 2025 : 311 400 euros HT














