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Entretien : Bien curer ses fossés

Se présentant sous différentes formes, la cureuse de fossé peut avoir des usages multiples en agriculture.

"Les cureuses de fossé sont avant tout des outils d’entretien", explique Jérémy Boczkowski, dirigeant de la société Greffet, spécialisée dans les cureuses de fossés. En effet, ils servent en premier lieu à ôter la terre accumulée dans les fossés, évitant ainsi aux drains de se boucher. L’eau s’écoule et ne s’accumule plus, préservant des problèmes d’anoxie dans les cultures et favorisant le développement d’essences plus qualitatives dans les prairies sur sols à tendance hydromorphes. Mais il existe d’autres usages en agriculture. En riziculture, ces machines servent aussi bien à évacuer l’eau rapidement qu’à inonder efficacement les parcelles. Certaines cureuses de fossé sont en effet équipées de déflecteurs permettant de déposer la terre enlevée sur le bord du fossé.

Un matériel vite rentabilisé

Les cureuses de fossé restent des matériels simples d’usage, à condition de respecter les consignes de vitesse, à savoir, selon les marques, 500 à 800 mètres par heure maxi en création de fossé, et 1600 à 2000 mètres par heure maxi en entretien. "Il faut comparer aux 500 à 800 mètres par jour avec une pelle mécanique, met en exergue Jérémy Baczkowski. Investi en Cuma ou en faisant de la prestation, c’est un matériel très vite amorti."
Le constructeur proscrit son usage pendant la saison humide, même si on visualise immédiatement l’efficacité du travail effectué. Privilégiez la saison sèche, après avoir éparé, pour éviter la formation d’eaux souillées dans les réseaux d’eau en aval.

Plusieurs types de cureuses

Dans ce marché des cureuses de fossés, on distingue deux grandes familles : celles à rotor à axe longitudinal et celles à axe transversal. Travaillant dans l’axe du tracteur ou en déporté, ces dernières réalisent un décapage complet du fossé, c’est-à-dire aussi bien le fond que les côtés.
Quant aux machines à axe longitudinal, elles se composent d’un rotor de 30 à 80 cm de diamètre selon les modèles. Elles ne travaillent que le fond, maintenant la végétation et la faune en place sur les flancs des fossés les plus profonds.

Selon le matériel, plusieurs solutions sont proposées en termes d’éjection de la terre. Outre le ou les volet(s) à réglage manuel, les constructeurs proposent des volets à réglage hydraulique, voire un système de mise en cordon pour déposer la terre proche du fossé.

(1) ,Les cureuses à axe transverval sont composées d’un ou deux plateaux en V, animés mécaniquement par la prise de force du tracteur. Selon les modèles, ces plateaux sont ponctués de lames ou de pointes qui creusent et évacuent la terre d’un côté ou des deux côtés.

(2) Les cureuses axiales, conçues pour créer de petites rigoles dans les champs, sont des machines économiques (moins de 2 000 euros), entraînées directement par la prise de force et ne nécessitant pas de tracteurs très puissants (40 à 50 chevaux).

(3) Les cureuses déportées, plus chères, disposent d’une tête rotative positionnée latéralement, ce qui impose un tracteur plus puissant et surtout plus lourd. Parmi ces machines, les modèles à châssis fixe offrent une solution relativement économique, avec les bénéfices et la polyvalence du travail en déport. Ils disposent d’une transmission mécanique à chaîne à barbotage à bain d’huile et d’un cardan à limiteur de couple, notamment pour travailler en conditions caillouteuses.

Les machines déportées à repliage hydraulique, plus polyvalentes encore, évitent le porte-à-faux latéral au transport. Elles proposent un réglage de profondeur indépendant du relevage du tracteur. Le modèle à déport de 2,50 mètres reste la machine la plus vendue dans le monde agricole, notamment les Cuma, atteignant une profondeur de travail de 1,10 à 1,20 mètre selon les marques. Leurs tarifs varient de 5 300 à 5 800 euros. Greffet dispose d’un modèle particulier, baptisé Roto-Vario, dont le déport est réglable de 1,50 à 2,60 mètres, également courtisé par les Cuma. Toutes ces cureuses peuvent être couplées à un troisième point hydraulique pour travailler l’entame des fossés.

(4) Dernière catégorie de cureuses de fossé à axe longitudinal, celles montées sur les épareuses en lieu et place des têtes de fauche. Animées hydrauliquement, elles équipent les épareuses de puissance moyenne à forte, dotées d’une sécurité sur pivot, du fait des besoins hydrauliques importants (80 à 100 l/min selon les marques). Il faut compter minimum 6 000 euros, un tarif élevé comparé à un modèle déporté de 2,50 mètres, mais à mettre en relief avec toutes les potentialités de ce type de tête, pivotant sur 90° et pouvant tourner dans les deux sens.

Un curage régulier et léger

Le Code civil impose le maintien du libre écoulement des eaux. Les obstacles ponctuels (branchages, glissements de terrain) doivent donc être enlevés régulièrement des fossés pour prévenir tout risque d’inondation. "Cela ne signifie pas pour autant un curage systématique, explique Nicolas Surugue, délégué adjoint à l’Onema(1) pour la région Nord-Ouest. Il faut adapter la fréquence d’intervention aux besoins et surtout entretenir sans creuser plus profond que le fossé d’origine." Le délégué adjoint signale également qu’il existe d’autres réglementations dont il faut tenir compte, notamment celles concernant l’assèchement des zones humides, ainsi que la faune et la flore, proscrivant les interventions lors des périodes de reproduction ou de développement d’espèces protégées ou encore d’espèces sensibles situées dans les cours d’eau en aval des fossés comme par exemple "la truite qui fraie en hiver et dont les pontes et juvéniles sont très sensibles aux pollutions physiques" (NDLR : eaux troublées par la terre des fossés fraîchement curés).
Dans ce contexte réglementaire qui peut paraître complexe, bon nombre d’agriculteurs hésitent à remplir leur devoir d’entretien, préférant ne rien faire que de mal faire. "Pourtant, nous avons la chance en France d’avoir un bon réseau de techniciens de rivières et de techniciens environnement des chambres d’agriculture qu’il ne faut pas hésiter à contacter. Ceux-ci peuvent conseiller sur les bonnes pratiques d’entretien : cela fait partie de leurs missions", conclut Nicolas Surugue.

(1) Office national de l’eau et des milieux aquatiques.

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