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Quels intérêts d'enfouir le lisier avec le strip-till ?

Atteler le strip-till à la tonne à lisier permet de travailler la bande de semis et d’enfouir le lisier en un seul passage. Mais, la logistique doit suivre pour pouvoir alimenter la tonne au champ.

Associer le travail du sol sur la ligne de semis avec l’enfouissement du lisier ne manque pas d’intérêt. Les avantages agronomiques et économiques du strip-till sont connus. Ses limites le sont également. Son utilisation exige beaucoup de technicité et une bonne connaissance du sol. Ce qui a sans doute limité son développement en France. « Dans l’Ouest, on en voit de plus en plus, mais, il reste encore assez confidentiel », indique Jérémy Guil, de la chambre d’agriculture de Bretagne. Le strip-till peut être utilisé en combiné avec un semoir et recevoir un équipement pour la fertilisation localisée. Dans des pays comme l’Allemagne ou les Pays-Bas, il est couplé à une tonne à lisier ou a un automoteur d’épandage pour enfouir des effluents liquides (lisier, digestat). Le strip-till est attelé au relevage hydraulique de la tonne. La tête de répartition du lisier est fixée sur le châssis du strip-till et un tuyau souple, voire deux, descend derrière chaque dent (ou à l’intérieur chez Vogelsang) et se termine par un injecteur, qui dépose le lisier à une profondeur de 15 à 25 cm. Alors que Carré et Vogelsang proposent un équipement complet (tête et tubes de descente), le kit lisier proposé par Kuhn se limite au support universel de tête de distribution et aux injecteurs.

« La façon optimale d’utiliser le strip-till »

L’intérêt d’enfouir le lisier sous la bande de terre travaillée est assez évident. Comme dans tout enfouissement, les pertes d’azote par émissions d’ammoniac et les odeurs sont fortement réduites. Le lisier est positionné quelques centimètres au-dessous de la graine, donc au plus près des premières racines. « L’idée en soi n’est pas mauvaise, estime Jérémy Guil. Le strip-till a été inventé par les Américains pour localiser l’engrais. Ils enfouissaient de l’ammoniac gazeux et avaient constaté que les maïs étaient plus beaux là où les rangs du semoir et de l’enfouisseur d’ammoniac se chevauchaient. » Un délai d’une à trois semaines, selon le type de sol, doit être respecté pour permettre à la terre travaillée et imbibée de lisier de se ressuyer. Avantage indéniable également en termes de travail et de coût de mécanisation, avec un seul passage pour préparer la terre et fertiliser. « La façon optimale d’utiliser le strip-till, c’est d’épandre en même temps, affirme, François Lambert (Vogelsang). On gagne un passage et on bénéficie de l’effet boost sur le maïs. Et, enfin, c’est un bon moyen d’injecter le lisier ou le digestat. » « La fertilisation, sous forme solide, liquide ou de lisier, est quasi impérative lors du travail du sol avec le strip-till », confirme Jean-Marc Debien (Kuhn).

« L’élément limitant : l’autonomie de la tonne à lisier »

Alors, pourquoi l’enfouissement de lisier avec le strip-till ne se développe pas en France, contrairement à l’Allemagne ? La principale limite porte sur la logistique, reconnaissent tous nos interlocuteurs. « L’élément limitant, c’est l’autonomie de la tonne à lisier, observe Jérémy Guil. Si elle ne permet pas d’aller jusqu’au bout de la parcelle, il faut revenir sur la terre déjà travaillée pour reprendre le travail là où on l’avait arrêté, au risque d’abîmer le lit de semence. » « Il faut prévoir une organisation du chantier pour pouvoir alimenter la tonne au champ », explique Charles Adenot (Carré), à partir de son expérience dans de grandes exploitations en Allemagne ou aux Pays-Bas, que sa société a équipées. Généralement, des camions assurent l’approvisionnement de la tonne ou de l’automoteur, voire d’un container pour un épandage sans tonne. Ces grosses fermes ont souvent une unité de méthanisation fonctionnant avec des cultures énergétiques (maïs). « Elles ne recherchent pas en priorité le rendement mais à produire une quantité de matière à méthaniser à moindre coût », détaille Charles Adenot. Il est donc important de limiter le nombre de passages. De plus, la réglementation environnementale impose l’enfouissement du digestat. Le strip-till répond à ces différentes préoccupations. La technique s’est surtout développée dans les grandes exploitations de l’Est et du Nord de l’Allemagne où le strip-till convient bien à leurs sols sableux et qui ont de grandes quantités d’effluents à enfouir.

La puissance de traction est aussi un frein

La puissance de traction nécessaire est aussi un frein au développement de la technique en France. Pour entrainer un ensemble tonne à lisier/strip-till à six rangs, il faut un tracteur d’au moins 250 ch (40 ch par élément), là où un strip-till seul se contente de 150 CV. Les constructeurs signalent quelques contacts dans l’Ouest de la France avec des Cuma ou ETA, voire quelques essais, mais les réflexions sont peu avancées. Des surfaces en maïs beaucoup plus restreintes dans des zones de polyculture-élevage, des contraintes d’enfouissement moins fortes, une logistique complexe à mettre en œuvre… Le marché français du strip-till avec injection de lisier n’est pas dans l’immédiat un terrain de bataille pour les constructeurs.

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