Économiser des tours de volant
Les dispositifs de direction à démultiplication variable équipent de plus en plus de tracteurs. Mais souvent en option, accompagnant la prédisposition pour l’autoguidage.
Les dispositifs de direction à démultiplication variable équipent de plus en plus de tracteurs. Mais souvent en option, accompagnant la prédisposition pour l’autoguidage.
Ne réaliser que deux, voire un tour de volant pour braquer les roues de butée à butée, alors qu’il en faut généralement quatre ou cinq avec une direction standard : tel est but des dispositifs de direction à ratio ou démultiplication variable. Le bénéfice est immédiat lors des manœuvres en bout de champ ou à la manutention avec un chargeur, aussi bien pour la maniabilité du tracteur que pour le confort du chauffeur. En quelques années, cette option est arrivée au catalogue de la plupart des tractoristes, sur une bonne partie de leur gamme.
La modulation du nombre de tours de volant est apparue grâce aux évolutions apportées au pilotage de la direction, liées notamment à l’intégration des systèmes d’autoguidage. Suivant les marques, cet équipement met à profit une nouvelle génération d’orbitrols de direction (pilotage électrohydraulique) à ratio variable ou des électrodistributeurs alimentant le vérin de direction.
Une option généralement coûteuse
L’engouement des acheteurs est toutefois contrarié par le coût non négligeable de cette option. En effet, pour de nombreux modèles, l’adoption de la direction variable n’est possible que si le tracteur est équipé de la prédisposition pour l'autoguidage. Cela se traduit par un surcoût de 1 800 à 3 500 euros, selon les marques. La direction variable est ainsi surtout adoptée par des acheteurs ayant opté pour l’autoguidage. Les tracteurs majoritairement destinés à la manutention en sont beaucoup moins équipés. Pourtant, comme le confie un chef produit, la direction variable est moins utile pour un tracteur autoguidé, qui pourra travailler en planche et ainsi simplifier ses manœuvres.
À l’utilisation, le chauffeur active le dispositif depuis un bouton ou depuis le terminal. Le système se désactive automatiquement au-dessus d’une certaine vitesse (autour de 20 km/h) pour des raisons de sécurité. Les différences entre les marques se font surtout en termes de possibilités de réglage et de modes de fonctionnement.
Chez Fendt, le dispositif Vario Active, qui n’est disponible que sur les versions haut de gamme Profi Plus (du Vario 300 au 1000), fonctionne de manière progressive en fonction de la vitesse. De 2 tours de volant en dessous de 8 km/h, le braquage complet nécessite jusqu’à 4,5 tours à 18 km/h.
Réglage de l’agressivité
Chez Massey Ferguson, le Speed Steer peut équiper tous les modèles « S », des 5700 S aux 8700 S (95 à 400 ch). Il offre quatre niveaux d’agressivité, sélectionnables sur l’écran CIS du tableau de bord, assurant un braquage complet de 2 à 3,5 tours de volant, 4,5 tours étant nécessaires lorsqu’il n’est pas activé.
New Holland différencie son offre selon la gamme de tracteurs. Les T6 (DynamicCommand et AutoCommand) peuvent disposer de l’option CustomSteer avec ou, exception à la règle générale, sans prédisposition pour l'autoguidage, tandis que les T7 imposent forcément l’association des deux. Au niveau des réglages, le constructeur propose trois niveaux d’agressivité (1 à 3 tours de volant), ajustables indépendamment en marche avant et arrière pour les tracteurs équipés d’un terminal. Ces derniers peuvent aussi intégrer l’activation et la désactivation du système dans les séquences de bout de champ, de manière à ne l’utiliser qu’en fourrière. Le système augmente progressivement le nombre de tours de volant avec la vitesse, de 12 à 26 km/h. Le même dispositif, sous le nom ASC, équipe les tracteurs Case IH Maxxum, Puma et Optum.
Deux solutions cohabitent dans la gamme Same Deutz-Fahr. La première, le système SSD, est un dispositif indépendant de l’autoguidage, simple et abordable, à un tarif de 600 euros. Il est réservé aux petits tracteurs de 80 à 130 chevaux (Deutz-Fahr séries 5, 5G et 6100 et Same Explorer). Il s’active par un bouton et divise par deux le nombre de tours de volant (5,8 à 2,4 tours). La seconde, l'EasySteer, est réservée aux tracteurs des séries 6, 6.4, 7 et 9 équipés du terminal iMonitor incluant la prédisposition pour l'autoguidage. Ce dispositif offre trois niveaux de sensibilité sélectionnés depuis le terminal.
Modulation en fonction de la vitesse
On retrouve chez Claas, sur les modèles Atos construits par SDF, le dispositif SSD décrit sur les petits tracteurs Same Deutz-Fahr. Mais Claas s’illustre avec une solution offrant de nombreuses possibilités sur les Arion 400, 500 et 600. Réglable depuis l’écran CIS+ ou Cebis, la direction dynamique fonctionne selon trois modes, limitant le nombre de tours de volant jusqu’à deux, voire un. Le premier permet de déterminer quatre niveaux d’assistance. Le second agit en fonction de l’angle de braquage : plus le conducteur braque fort, plus la direction réagit rapidement. Cela permet notamment d’être précis en tenue de cap et d’avoir de la rapidité lors des demi-tours. Le troisième mode tient compte de la vitesse, avec diminution progressive du ratio à partir de 10 km/h.
John Deere dispose également de deux systèmes selon les modèles. Les 6R reçoivent une direction à ratio variable qui réduit le nombre de tours de volant en fonction de la vitesse d’avancement (inactif dès 14,5 km/h) et de la vitesse de rotation du volant (inactif en dessous de 17 tr/min). Les 7R et 8R bénéficient d’un dispositif plus évolué à volant électrique baptisé ACS, qui fait varier le nombre de tours de volant de 3,5 à 5 en fonction de la vitesse. Il agit également sur le couple au volant en fonction de l’allure du tracteur, afin d’offrir une direction très souple à basse vitesse et plus dure à haute vitesse, pour une meilleure précision de conduite.
Michel Portier