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Des pulvérisateurs et des buses dans le vent

Les buses à injection d’air et les rampes à assistance d’air constituent deux leviers efficaces pour limiter la dérive. Leur niveau de performance et leur coût les différencient.

La lutte contre la dérive est un des leviers les plus importants en termes d’optimisation de la pulvérisation. Elle combine deux avantages, puisque tout ce qui se dépose sur la cible au bénéfice de l’efficacité est autant de produit en moins dans la nature au préjudice de l’environnement. En préambule, il n’est pas inutile de rappeler qu’il est interdit de traiter dès que la vitesse du vent atteint une intensité supérieure à 3 sur l’échelle de Beaufort, soit environ 19 kilomètres/heure. Cette interdiction, inscrite dans l’article 2 de l’arrêté ministériel du 12 septembre 2006 relatif à la mise sur le marché et à l’utilisation des produits phytosanitaires, vaut dans tous les cas, quels que soient l’attention et les dispositifs mis en œuvre pour parfaire la qualité d’application. Si l’arrêté est relativement récent, la préoccupation n’est pas nouvelle. Il y a maintenant vingt-cinq ans, Hardi présentait ses rampes à assistance d’air Twin, constituées de deux turbines et deux manches à air accrochées aux deux demi-rampes du pulvérisateur. L’air pulsé à l’entrée des manches ressort par les multiples orifices disposés sur toute la longueur, en position inférieure. Le rideau d’air généré vient croiser le rideau de pulvérisation produit par les buses, plaquant les gouttelettes sur leur cible. « Cette technologie connaît un grand succès à l’export mais a du mal à s’imposer en France, reconnaît Sébastien Ameline, responsable de la promotion des ventes chez Hardi. Nous restons persuadés qu’il s’agit d’un des systèmes les plus efficaces pour lutter contre la dérive. » À condition d’en payer le prix. les rampes à assistance d’air renchérissent de 30 % le prix du pulvérisateur. Qui plus est, ce dispositif est injustement absent de la liste des dispositifs homologués ZNT limitant la zone non traitée à 5 mètres au lieu de 20 ou 50.

L’assistance d’air est méconnue en France

Outre les aspects économiques, Hardi a peut-être aussi souffert du fait d’être longtemps le seul à proposer cette technologie. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Unigreen (groupe Maschio) propose une technologie similaire avec son option Vento. D’autres constructeurs italiens comme Caffini ou Bargam l’utilisent également. Beyne se distingue avec le Wingssprayer, une aile (Wing) exploitant le courant d’air descendant créé par le déplacement du pulvérisateur. Ce dispositif est proposé avec une architecture à simple ou à double aile pour amplifier l’effet, notamment à vitesse élevée. Chez Agrifac, le système d’assistance pneumatique AirFlowPlus met en œuvre des ventilateurs hydrauliques disposés tous les 3 mètres sur la rampe. « Cette conception évite les pertes de charge et garantit une efficacité sur toute la largeur de rampe, explique Olivier Sénéchal, responsable des ventes dans le secteur Nord. Le système crée un flux d’air vertical qui a pour effet d’accompagner les gouttelettes sur le végétal et de créer une turbulence favorisant leur dépôt sur les deux faces des feuilles. L’AirFlowPlus se développe sur des productions à haute valeur ajoutée telles que la production de semences et en cultures légumières. » Cultures à haute valeur ajoutée sous-entend une technologie à prix élevée : le surcoût est d’environ 1 000 euros le mètre. Agrifac propose un autre système plus abordable (surcoût de 9 000 euros) avec l’HighTechAirPlus, une technologie d’injection d’air sous pression, également proposée par John Deere sur ses appareils TwinFluid. Un compresseur embarqué force l’injection d’air au niveau des quadrijets, avec un effet beaucoup plus marqué que des buses à injection d’air passive. La variation de la pression d’air permet de faire varier la taille des gouttelettes, en fonction du volume/hectare et de la pression de liquide appliqués. Ainsi, il est possible de limiter la dérive sans changer de buse en augmentant la pression d’air pour accroître la taille des gouttelettes.

Les buses à injection d’air sont un bon compromis

Reste la solution la plus répandue pour la lutte antidérive, les buses à injection d’air constituent à n’en pas douter le moyen le plus accessible et le plus polyvalent. Elles souffrent cependant de quelques critiques, totalement infondées selon Benjamin Perriot, ingénieur pulvérisation à Arvalis Institut du végétal. « Comparativement à des buses à fente classiques, les buses à injection d’air génèrent des gouttelettes d’une taille trois fois plus importante, explique-t-il. La répartition de la bouillie est donc moins homogène. Mais il ne faut en aucun cas en déduire que la qualité de pulvérisation est moindre. Qu’est-ce qu’une bonne qualité de pulvérisation ? Quel lien existe-t-il entre le volume médian volumétrique (VMD) et l’efficacité biologique des produits ? Depuis longtemps, on sait qu’il n’y a pas de lien entre le nombre d’impacts au centimètre carré et l’efficacité. Le facteur discriminant s’avère être la surface de couverture totale. Pour un volume donné, cette surface de couverture totale est exactement la même dans les deux situations. En buse à fente, on est sur des tailles de gouttelettes de 200 microns contre 600 pour les buses à injection d’air. Elles ne ruissellent pas. » Rangez vos papiers hydrosensibles…

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