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Des pneus de remorque plus respectueux des sols

Travailler avec un tracteur équipé de pneumatiques performants ne suffit pas pour respecter les sols. L’engin traîné, la remorque, l’épandeur ou la tonne à lisier, doivent aussi être bien chaussés, car ils ne sont pas étrangers à la compaction.

Les remorques et autres matériels traînés mal chaussés ont tendance à matraquer les sols, un phénomène amplifié en conditions humides. Pour limiter leur impact, il existe les pneumatiques porteurs VF, plus techniques que les traditionnels diagonaux ou radiaux gonflés entre 3 et 4 bars, voire plus, dont le premier rôle est de résister à la charge et souvent à la surcharge. Les pneumatiques à carcasse radiale de technologie VF, plus performants grâce à leurs flancs à très grande flexion, ont été initialement développés pour les tracteurs. Ils présentent le grand intérêt d’accepter des pressions de gonflage 40 % plus faibles qu’un pneu standard à charge équivalente et affichent, dans ce cas, une plus grande empreinte au sol favorable au respect des sols. Les modèles VF dédiés à la traction ont également la faculté de supporter 40 % de charge à pression identique. Pour ceux qui ont déjà opté pour ce type de carcasses techniques sur leur tracteur, il semble logique d’y réfléchir pour les bennes, transbordeurs, épandeurs et tonnes à lisier, afin de travailler avec un ensemble cohérent, qui s’avère, de surcroît, particulièrement adapté au télégonflage.

Une empreinte 25 % plus grande

La technologie VF appliquée aux pneumatiques porteurs se distingue par des performances légèrement en deçà de celles des modèles pour tracteur. En effet, les variantes VF pour véhicules remorqués supportent, elles, à pression identique, 30 % de charge de plus qu’une carcasse radiale classique de même dimension. Leur capacité à travailler à des pressions plus faibles (jusqu’à moins 30 %) à charge équivalente est un réel avantage pour le respect des sols et le comportement au champ. Par exemple, l’Alliance Agriflex + A389 VF, en dimension VF650/55 R26,5 171D, accepte 6 150 kg à 2,8 bars à 65 km/h, alors que son homologue, l’A380 169D à carcasse radiale standard, n’admet que 5 800 kg à 4 bars à la même allure. Dans ce cas précis, à charge identique, la différence de conception alliée à la plus faible pression de gonflage se traduisent par une augmentation de 25 % de la taille de l’empreinte au sol avec la technologie VF. La surface de portance peut encore être accrue avec le télégonflage, en abaissant au champ la pression à moins d’un bar (sous réserve de la charge à supporter) sans risquer de dégrader la carcasse, une pratique impossible avec un pneu standard. La plus grande portance limite la compaction et réduit le phénomène d’orniérage. Le matériel remorqué est par conséquent moins dur à traîner au champ et la consommation de carburant s’en trouve abaissée. Comme le sol souffre moins, moins d’interventions de rattrapage sont nécessaires, notamment celles de décompactage. Ces avantages permettent de valoriser le surcoût de 10 à 15 % annoncé pour le VF par rapport à un pneu porteur classique, sans compter les effets positifs sur les rendements liés à une meilleure structure du sol. En revanche, sur la route, la plus grande surface de contact rend le véhicule remorqué plus tirant. Pour contrer ce phénomène, les manufacturiers recherchent les meilleurs dessins de bandes de roulement, qui doivent aussi concilier bon débourrage, faible échauffement et résistance à l’usure. François Girard, responsable d’Alliance en France, préconise toutefois les pneus porteurs VF pour une utilisation à 70 % du temps au champ, avec une exception pour les tonnes à lisier utilisées par les entreprises de travaux agricoles. "Les ETA réalisent beaucoup de kilomètres, mais interviennent dès le début de l’année, à une période souvent humide, où les apports sur les cultures doivent être réalisés avec le plus grand respect des sols possible", souligne-t-il.

 

 
Le surcoût des pneus VF de l’épandeur à fumier est compensé par les effets positifs en termes de respect du sol et de réduction de la puissance de traction. © Alliance
L’épandeur moins tirant avec les pneus VF

La Cuma de la Velouse dans le Cher a opté pour des pneus VF sur son épandeur à fumier à deux essieux, afin de respecter davantage les sols, mais aussi d’élargir les fenêtres d’utilisation de cet appareil.

« Grâce aux pneus Alliance Agriflex + 389 VF 650/55 R26,5 gonflés entre 1 et 1,1 bar, notre épandeur à deux essieux présente une plus grande plage d’utilisation que celle de l’ancien appareil à simple essieu équipé de grandes roues (650/75-32) à carcasse standard. Par exemple, il passe dans les prés à n’importe quelle époque, ce qui n’était pas possible auparavant, indique François Dubois, président de la Cuma de la Velouse, située à Charly dans le Cher. De plus, l’épandeur emporte jusqu’à 18 tonnes de fumier, soit 5 tonnes de plus que le précédent, tout en marquant moins le sol. Mon tracteur chaussé à l’arrière de pneumatiques standard de dimension 650/65 R38, gonflés à 1,2 bar, laisse d’ailleurs de plus grosses traces. » L’appareil Buchet est également moins tirant que le précédent, un critère apprécié par les adhérents équipés de tracteurs de 110 à 120 chevaux qui le traînent sans difficulté. Il dispose d’un système hydraulique soulageant l’essieu avant, afin de réaliser un report de charge sur le tracteur en fin de vidange. Ce procédé, aussi utilisé lors des manœuvres en bout de champ, limite le ripage des roues et réduit la demande de puissance de traction. « Sur la route, la plus grande empreinte des pneus ne se ressent pas trop sur la puissance absorbée. Il arrive cependant que les adhérents parcourant davantage de distance élèvent la pression à 1,3 bar. » Les 15 agriculteurs engagés sur l’épandeur Buchet ont pour la plupart arrêter de labourer et sont particulièrement soucieux du respect des sols. Au vu des bénéfices promis au moment de l’investissement et désormais vérifiés, ils ont accepté de payer les pneus VF plus chers que des modèles standard de taille identique. « L’appareil davantage utilisé réalise 450 chargements par an et le surcoût relatif aux roues ne revient qu’à 20 centimes d’euro par voyage », précise le président.

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