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Décomposer la fauche et le battage

Outil atypique, la faucheuse andaineuse connaît un gain d’intérêt ces dernières années.

Depuis des décennies et l’arrivée des moissonneuses-batteuses, faucher et battre s’effectue en un seul passage et avec une seule machine. Cependant, certains pays, comme le Canada, continuent à pratiquer la moisson en décomposé, le plus souvent avec des automoteurs appelés windrowers, dont on trouve quelques spécimens en France : la récolte est fauchée et reposée sur les chaumes en andains. "Si les Canadiens ont le meilleur blé dur du monde, c’est en partie dû à leur méthode de récolte", avance Philippe Micheletti, qui commercialise des faucheuses andaineuses Equip’Agri et Honey Bee. Ces dernières se composent d’un lamier et d’un tapis de type draper qui andaine la culture. Cette opération s’effectue selon les cultures et le taux d’humidité entre trois et quinze jours avant la date idéale de récolte prévue à la moissonneuse-batteuse. La culture reste à sécher en andains avant d’être reprise par la moissonneuse-batteuse. Si le marché de ces machines est encore confidentiel, la demande se fait de plus en plus forte depuis quelques années. Le développement de l’agriculture biologique et la disparition de certains produits phytosanitaires de défanage incitent les céréaliers, principalement les semenciers, à revoir leur méthode de travail. L’alternative au chimique pour une maturité homogène est la solution mécanique. "Avec certaines cultures comme le colza, la faucheuse andaineuse permet de gagner quelques points de rendement", explique Clément Dufour, d’Equip’Agri. En effet, lorsqu’on récolte à maturité avec une coupe classique et malgré les diviseurs, il y a toujours du grain qui tombe devant la coupe, mais aussi sur les côtés. Les vibrations de la coupe se transmettent sur plusieurs mètres autour de cette dernière, dans cette culture très entremêlée. En revanche, quand les siliques ne sont pas encore totalement mûres, elles ne s’ouvrent pas quand on fauche la culture. La reprise de l’andain, une fois la culture sèche, génère beaucoup moins de pertes. Qui plus est, lorsque l’on fauche le colza à maturité, toutes les siliques ne sont pas au même stade et les plus vertes sont expulsées à l’arrière de la moissonneuse-batteuse. Faucher en amont permet à ces dernières de maturer et aux graines d’être extraites.

Une culture séchée et une maturité homogène

Faucher et andainer quelques jours auparavant peut impacter la vitesse du chantier à la moisson. D’une part, certaines faucheuses andaineuses sont capables d’andainer à gauche ou à droite (voire au centre). En deux passages, le premier andainant à droite, le second à gauche, ce sont de grandes largeurs de cultures qui sont regroupées. "La faucheuse ST36 d’Honey Bee coupe 10,90 mètres à chaque passage, donne pour exemple Philippe Micheletti. En deux tours, ce sont près de 22 mètres qui sont regroupés sur 3 mètres de large." D’autre part, bon nombre de cultures sont classiquement battues alors que les tiges sont encore vertes, ce qui sollicite la moissonneuse-batteuse et limite sa vitesse d’avancement… quand la machine ne bourre pas. Fauchée et séchée, la culture passera beaucoup mieux et sera récoltée plus vite, pour une qualité semblable.

Pour certains agriculteurs et certaines firmes semencières, faucher et andainer permettent de récolter plus tôt. "Dans le Sud-Ouest, des agriculteurs ont ainsi récolté deux cultures dans la même année en semant du tournesol derrière des pois, cite pour exemple Philippe Micheletti. Et pour les semenciers, cela leur laisse plus de temps pour trier et préparer la semence, entre la récolte et le semis suivant."

Cette technique peut également avoir un impact sur les adventices. Une fauche précoce peut avorter le processus de maturation des graines d’adventices et réduire l’infestation de la parcelle l’année suivante.

 

Plusieurs types de machines sur le marché

Sur le marché français on retrouve essentiellement deux types de machines.

Equip’Agri propose une gamme de machines simples (4,20 et 6,20 mètres de largeur de travail) montées sur le relevage frontal du tracteur. Dotées d’un rabatteur (optionnel), ces faucheuses se composent d’un lamier à sections sur toute la largeur, d’une scie centrale (option pour le colza) et de deux tapis andaineurs inclinés à 45 degrés déposant la culture de chaque côté. Tous les organes sont animés hydrauliquement pour s’adapter aux conditions de récolte (type de culture, vitesse d’avancement). En option également, un chariot assure le transport sur la route, tandis qu’une centrale hydraulique anime l’outil, lorsque le tracteur ne peut délivrer les 45 l/min nécessaires.

D’origine canadienne, Honey Bee propose une gamme de faucheuses andaineuses reprenant le principe des coupes à tapis classiques. Elle dispose donc de palpeurs pour un bon suivi du sol, notamment pour les cultures basses.

S'équiper d'une faucheuse andaineuse représente un investissement, mais il faut considérer les avantages cités précédemment, auxquels il faut ajouter les économies de séchage, qui peuvent monter très vite. "Selon la surface, le retour sur investissement se fait sur un à cinq ans, estime Clément Dufour. Qui plus est, il est possible d’être subventionné à hauteur de 20 à 60 %, ce qui est loin d’être négligeable." L’achat en Cuma permet également de mutualiser les coûts. De même, utiliser ces outils sur des cultures plus classiques ou pour des cultures fourragères (méteil, céréales immatures) diminue encore le coût d’utilisation à l’hectare sur une année.

Ludovic Vimond

Combien ça coûte

Deux faucheuses andaineuses sur le marché français

Côté tarif comptez autour de 25 000 euros pour une Equip’Agri et 47 000 euros pour un modèle de 6,40 mètres d’Honey Bee. En prestation de service, le fauchage andainage est facturé entre 60 et 80 euros par hectare, selon la vitesse de travail. Celle-ci varie de 3 à 16 km/h selon les cultures.

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