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« 145 logettes paillées sans effort »

Équipé d’un automate Schauer Strohmatic depuis six mois, le Gaec Le Quadrille à Beaurepaire (Vendée) a réduit la pénibilité du paillage et valorise mieux sa paille.

« Pailler 145 logettes tous les jours, c’est une tâche rébarbative, fatigante et gourmande en temps, même en utilisant des balles rondes avec de la paille coupée déroulées à l’avance », observe Jean-Claude Meunier, un des cinq associés du Gaec en charge de l’atelier bovin (150 Prim’Holstein pour 1,5 million de litres). « Adeptes des robots de traite depuis 2009, nous avons rapidement vu l’intérêt d’automatiser le paillage. Après avoir écarté la solution de la dérouleuse sur rail, coûteuse en infrastructure et génératrice de poussière, nous avons opté pour le système Schauer qui a l’avantage de produire une paille courte (2 à 3 cm) et sans poussière », retrace l’éleveur. Outre un gain de temps estimé à une demi-heure par jour, l’automate de paillage a réduit la consommation de paille qui est désormais d’une balle par jour, soit environ 2,7 kg de paille par vache et par jour. « Après avoir passé la balayeuse de logette, il nous suffit de charger une balle dans le démêleur, puis de lancer l’automate pendant 50 minutes, le temps nécessaire pour passer la balle de 400 kg. »

La qualité de paille, préalable au bon fonctionnement

Le démêleur est un caisson fermé équipé de trois vis sur le bas, démêlant la balle et dosant la paille qui arrive dans la turbine de broyage où elle est calibrée et défibrée. Elle est ensuite pulsée dans un tuyau galvanisé vers une unité de transfert dans laquelle elle est dépoussiérée par un aspirateur cyclone et prise en charge par une chaîne à pastilles en caoutchouc, l’acheminant dans un tuyau suspendu au-dessus des logettes. Des manchons réglables répartis au-dessus des logettes (une double rangée et une rangée simple) permettent le dosage de la quantité de paille à apporter. « Il faut ajuster l’ouverture des manchons de manière progressive pour que la paille soit acheminée jusqu’en bout de circuit. »

Le bon fonctionnement de l’automate impose certaines précautions quant à la qualité de la paille. « Malgré le bac à pierres placé en sortie de démêleur, il faut ramasser le moins possible de cailloux au pressage pour éviter une usure prématurée du broyeur et les risques d’étincelle. Le système impose également une paille sèche et coupée au rotocut. Avec l’expérience, on a observé que l’homogénéité de la paille est primordiale, si l’on ne souhaite pas avoir des problèmes de répartition. Sinon, il faut ajuster les réglages pour chaque type de paille. »

Un coût de 70 000 euros à rentabiliser sur d’autres bâtiments

 

L’éleveur fait toutefois remarquer la présence de capteurs de température et d’étincelle, ainsi qu’un extincteur dans le démêleur, sécurisant l’installation face au risque d’incendie.

En termes d’implantation, l’ensemble démêleur-broyeur est placé sous un appentis, spécialement construit à l’arrière de la fumière. Cette dernière abrite l’aspirateur qui doit être vidé deux fois par semaine à l’aide d’une manivelle ouvrant une trappe. Dans la stabulation, ne figurent que l’unité de transfert et le tuyau de répartition parcourant un circuit de 84 mètres. « Nous avons installé le démêleur-broyeur de cette façon dans la perspective d’ajouter des circuits de distribution pour pailler trois autres bâtiments situés à proximité (taurillons, veaux sevrés et nurserie). Ce serait un moyen de mieux rentabiliser l’investissement de 70 000 euros que représente l’automate, en comptant l’aménagement des bâtiments », argumente Jean-Claude Meunier. Reste un dernier avantage à mettre à l’actif de la paille broyée, « le fumier est plus homogène et ne rejette quasiment aucun jus. Ce n’était pas le cas auparavant malgré la présence d’un égouttage avant la fumière. Il est très facile à épandre et devrait mieux se valoriser sur le plan agronomique. »

Michel Portier

 

Différentes façons d’automatiser le paillage

 

Après la traite et l’alimentation, le paillage est le dernier poste gourmand en main-d’œuvre à bénéficier de l’automatisation. Ce n’est que depuis 2013 avec l’arrivée de l’autrichien Schauer sur le marché français, que les éleveurs ont pu découvrir les avantages du paillage automatisé. Après avoir fait ses preuves sur quelques exploitations, le système Strohmatic est désormais diffusé à plus grande envergure. L’importateur pour la France, Tardif-Vassal, annonce une trentaine d’exploitations équipées sur le Grand Ouest, principalement des exploitations laitières avec logettes, des ateliers de taurillons et de veaux de boucherie. Avec sa paille courte distribuée par des diffuseurs, l’automate Strohmatic est particulièrement adapté au paillage des logettes, où il assure une économie substantielle de paille. L’Autrichien a fait évoluer son installation pour répondre aux besoins des éleveurs, avec notamment l’arrivée récente d’une table d’alimentation. Elle précède le démeleur capable de contenir, suivant les versions, 2, 4 ou 6 balles, de manière à offrir plus d’autonomie à l’automate.

Un automate haut débit chez Euromark

 

Cet automne, le constructeur français Euromark a présenté sa ligne de paillage automatique Agri 1500 GPM Spread. Développé en collaboration avec la société Gastineau, cet automate se démarque par son broyeur à 216 couteaux et 56 contre-couteaux assurant une coupe de 2 à 8 cm (tamis) et un défibrage de la paille. Alimenté par un tapis convoyeur accueillant deux balles rondes ou carrées, il accepte la paille longue et offre un débit de 50 kg/minute. La paille est ensuite dépoussiérée par un cyclone équipé d’un filtre de nouvelle génération conforme aux normes de sécurités, la poussière de paille étant considérée comme un produit explosif. Une trémie tampon réceptionne la paille avant qu’elle soit acheminée par des chaînes à spire au-dessus des zones à pailler. Cette trémie permet de pailler à des heures tardives sans mettre en route le broyeur. Des doseurs assurent la distribution de la paille au-dessus des logettes, chacun d’entre eux assurant la couverture de deux logettes avec une quantité ajustable de 0,3 à 2 kg par l’intermédiaire d’un vérin pneumatique. Ce système à vis et à doseurs pilotés n’est pas limité en termes de longueur de circuit et permet de sélectionner des zones à pailler. Euromark annonce un tarif de 50 000 euros pour le broyeur, auquel s’ajoutent 200 euros par logette. Le constructeur développe également une solution pour les aires paillées, qui devrait voir le jour en 2018.

Un robot de paillage économique

 

D’autres solutions automatisées ont vu le jour comme le robot pailleur de la société EHB, développé par un éleveur de brebis aveyronnais. La première installation en vache laitière est en cours de montage avec ce robot suspendu à un rail. Il s’illustre par son système de paillage s’appuyant sur un rotor unique équipé de pales et de couteaux pour traiter une balle carrée. Cette hélice comprend trois étages reliés mécaniquement par des planétaires pour démultiplier la vitesse de rotation. Le paillage s’effectue à droite comme à gauche avec des brins plus ou moins longs (15 cm avec de la paille non coupée) en fonction de la longueur de coupe à la récolte. Autonome et programmable, ce robot à alimentation électrique dispose d’un écran de commandes tactile et peut être piloté depuis un smartphone ou une tablette. Il s’affiche aux alentours de 20 000 euros.

Solution de simplification du paillage qui fait ses preuves depuis longtemps, la pailleuse suspendue devrait prochainement accéder à la robotisation, comme le confirme le spécialiste Altec. Profitant de son expérience dans l’automatisation acquise dans la mise au point de son robot d’alimentation Colibri, le constructeur travaille désormais au développement d’une pailleuse suspendue automatisée. Visant une commercialisation pour la fin 2018, Altec souhaite apporter une complète automatisation, dès le chargement des balles cubiques à l’aide d’un convoyeur et avec une solution autonome pour la découpe et le retrait des ficelles.

 

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