Liaison fluviale Seine-Escaut : Unéal redoute la concurrence de nouveaux fournisseurs sur leurs clients historiques du nord de l’Union européenne
Unéal, ancré sur le territoire des Hauts-de-France, est l’un des principaux organismes stockeurs concerné par la liaison fluviale à grand gabarit Seine-Escaut, et notamment le canal Seine-Nord Europe. Maxime Thuillier, directeur Céréales d’Unéal, nous expose ses interrogations et les projets du groupe coopératif.
Unéal, ancré sur le territoire des Hauts-de-France, est l’un des principaux organismes stockeurs concerné par la liaison fluviale à grand gabarit Seine-Escaut, et notamment le canal Seine-Nord Europe. Maxime Thuillier, directeur Céréales d’Unéal, nous expose ses interrogations et les projets du groupe coopératif.

La Dépêche - Le Petit meunier : Le projet Seine-Escaut, avec notamment le canal à grand gabarit Seine-Nord Europe, est en cours de concrétisation, avec une mise en activité prévue à l’horizon 2030. Maintenant, il est nécessaire de créer l’écosystème qui permettra de valoriser cette infrastructure à dimension européenne. Quelle est votre position sur la question ?
Maxime Thuillier : De notre côté, nous sommes habitués à utiliser le fluvial et sommes prêts. Cependant, nous avons principalement deux points d’attention :
- La facilité de circulation du Bassin parisien vers nos débouchés historiques sera-t-elle une concurrence néfaste face à des clients qui se concentrent de plus en plus ?
- Y’aura-t-il suffisamment de péniches et de mariniers pour absorber les nouveaux flux fluviaux ?
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LD-LPM : Qu’en est-il du projet que vous envisagiez sur vos terrains situés entre Graincourt-lez-Havrincourt (proche de la future plateforme multimodale de Marquion, près de Cambrai) et Hermies ?
M. T. : Pour le moment, ce projet est en standby. Cependant, le chantier ayant encore pris du retard, nous avons encore quelques années avant d’être amené à y réfléchir de nouveau.
En revanche, notre silo à Moislains, où passe actuellement le canal du Nord, est déjà concerné par le CSNE, qui passera de l’autre côté du site. Nous prévoyons donc au minimum d’investir dans des installations de chargement de péniche sur le CSNE, voire de redimensionner nos installations de stockage en conséquence.
LD-LPM : Qu’attendez-vous de ce canal à grand gabarit ? Quels sont vos objectifs en termes de volume de grains transporté par voie d’eau ? Et de gains économiques ?
M. T. : A l’échelle d’Unéal, nous attendons peu de changement parce que nous utilisons déjà énormément la voie d’eau. L’intérêt que nous y voyons est de pouvoir exécuter les volumes stockés à Moislains intégralement par voie d’eau, car à ce jour nous n’y arrivons plus, faute de disponibilité en péniches de moyen gabarit (500 t). A l’échelle de notre filiale Ternoveo, le site de Moislains verra un report de marchandises qui vont actuellement sur des silos bord à canal plus au nord, et probablement quelques dizaines de milliers de tonnes supplémentaires où le débouché fluvial fera sens.
LD-LPM : Quelle est aujourd’hui la part modale de la voie d’eau dans votre logistique des grains ?
M. T. : A ce jour, en moyenne, au moins 50 % du volume collecté par Unéal passe par voie d’eau, avec pour destination soit Dunkerque, soit le Benelux. Les 50 % restants vont alimenter un marché local (fabricant d’aliments du bétail, amidonnerie, petfood, moulins…)
LD-LPM : Pouvez-vous nous décrire les différents types de transport que vous effectuez actuellement, en termes d’espèces, de volumes et de clients ?
M. T. : Concernant le blé, qui représente 80 % de notre collecte, une année classique, nous vendons 400 000 t à 450 000 t en débouché FOB (fret fluvial), 300 000 t à 350 000 t en débouché grand export via le port maritime de Dunkerque (dont 60 % sont montés en péniche) et 150 000 à 200 000 t en camion (départ ou rendu client).
Le maïs, représente 5% de notre collecte, est vendu pour 80 % en FOB (fret fluvial) et le reste en camion.
Le colza, qui représente 4% de notre collecte, est vendu exclusivement en FOB (fret fluvial).
Les orges fourragères, qui représentent 8% de la collecte, sont vendues pour 25 000 t en FOB (fret fluvial), 50 000 t en grand export Dunkerque (dont 50 % sont montés en péniche), 20 000 t en camion (en départ ou rendu client).
Enfin, les orges de brasserie, qui représentent 10 000 t à 20 000 t, sont vendues exclusivement en rendu camion (présence d’une malterie à Aire-sur-la-Lys).
Unéal comptabilise 13 silos bord à quai opérationnels
Le groupe coopératif Uneal possède 13 silos bord à quai qui sont tous opérationnels, « tant que certains bras d’eau ne sont pas fermés pour creuser le canal Seine-Nord Europe », précise Maxime Thuillier, son directeur Céréales.
Ils sont situés sur l’ensemble du réseau fluvial des Hauts-de-France :
- sur le grand gabarit : Arleux, Aire-sur-la-Lys, Petite-Synthe, Carvin, Dourges, Essars-les Béthune, Haulchin, Neuville-sur-Escaut ;
- sur le moyen gabarit : Moislains, Cléry-sur-Somme, Marquion, Pont-Sainte-Maxence (Ternoveo) ;
- sur le petit gabarit : Masnières.
A noter que « Cléry-sur-Somme et Moislains seront inaccessibles pendant un à deux ans à cause des travaux du canal Seine-Nord Europe », alerte Maxime Thuillier.