L’Argentine exporte ses blés vers le Brésil et l’Asie, en l'absence du Maghreb
La campagne de blé argentine 2025-2026 a commencé en mai à Córdoba, comme toujours, mais les semis sont retardés en région pampéenne à cause des pluies diluviennes tombées en mai, causant des dizaines de décès et le retard de la récolte des cultures d’été – soja et maïs – qui font place au blé.
La campagne de blé argentine 2025-2026 a commencé en mai à Córdoba, comme toujours, mais les semis sont retardés en région pampéenne à cause des pluies diluviennes tombées en mai, causant des dizaines de décès et le retard de la récolte des cultures d’été – soja et maïs – qui font place au blé.

« Les prévisions de surface emblavée en blé au plan national portent sur 7 millions d’hectares, soit juste un plus que l’an dernier, alors que les conditions d’humidité des sols sont partout excellentes », a déclaré, lors du congrès Maizar à Buenos Aires, l’analyste marché argentin Gustavo López, ex-Cargill et directeur du cabinet Agritrend.
La production argentine de blé prévue à 21 Mt en 2025-2026
« Une récolte de blé argentine 2025-2026 [les récoltes s’étalent de décembre à février, NDLR] de 21 millions de tonnes (Mt) est tout à fait possible, ce qui permettrait de dégager des excédents disponibles pour l’exportation de 14 à 15 Mt », précise-t-il.
Un disponible exportable en blé argentin attendu à 14-15 Mt en 2025-2026
Le débouché à l’export historique des blés et farines de blé d’origine argentine, c’est le Brésil, qui en a importé 4,21 Mt en 2024, et le plus dynamique, c’est l’Indonésie, avec 1,57 Mt, selon l’institut de statistiques public argentin (INDEC). L’Algérie et l’Égypte sont toutes deux absentes du tableau. Tout est dit.
L'Algérie et l'Égypte, absentes de la liste des destinataires du blé argentin
Y aurait-t-il en Argentine, où il y a tant de terres fertiles et où il a tant plu récemment, une voie d’échappée de blés sur le Maghreb ? Que nenni. Le diagnostic commercial de la campagne argentine de blé en cours (2024-2025), montre qu’au bout des quatre mois de pleine activité des opérations d’embarquement, recensés de janvier à avril derniers, le Brésil en a acquis 1,68 Mt, l’Indonésie 555 000 t et le Kenya 406 000 t, en plus d’un débouché "confidentiel" au regard de la loi sur la publication de statistiques argentine, de 624 000 t, et de 248 000 t vers le Nigeria et de 200 000 t vers le Vietnam.
L'Asie et l'Afrique sub-saharienne sur les premières places du podium
Ce sont bien l’Asie et l’Afrique sub-saharienne qui répondent à l’appel côté demande durant cette courte période d’attractivité de l’offre argentine. En effet, passé avril, le prix FOB actuel parti de Rosario de 230 $/t est un prix qui « n’est compétitif que vers notre débouché de prédilection qu’est le Brésil », souligne Gustavo López.
La récolte de blé argentine attendue à partir de décembre prochain promet d’être encore plus volumineuse que la récente et elle a toutes les chances d’être exportée en Asie.
Des pays d'Asie au fort pouvoir d'achat
Quand on pense qu’il y a peu, on disait à Buenos Aires que, passé le cap des 10 Mts récoltées, les blés argentins franchissaient l’Atlantique ! « Ils ne participent même plus aux appels d’offres d’Alger ou du Caire ! Alors qu’ils pourraient le faire. Pourquoi ?... » L’expert franco-argentin Leandro Pierbattisti ne répond pas à sa question. Il corrobore seulement le fait du switch Maghreb - Sud-Est asiatique opéré à l’export par l’origine argentine en blé.
Les possibilités de financement offerts par la France et la Russie sont difficilement égalables.
« Les asiatiques ont un pouvoir d’achat plus élevé », abonde Gustavo López. L’ex-président d’Argentrigo, David Hughes, va plus loin : « Avec la hausse de leur pouvoir d’achat, les Vietnamiens et Indonésiens adoptent un régime de plus en plus occidentalisé, donc panifié. Dans le même temps, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord restent une zone difficile d’accès pour nous sud-américains et ceci pour trois raisons : la distance géographique, les relations commerciales historiques entre Méditerranéens et surtout les possibilités de financement qu’offrent actuellement les Français et les Russes, que nous ne pouvons égaler », affirme le céréalier.