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InVivo lance Grafite, une filiale dédiée au commerce de grains bas carbone

Grafite by InVivo développe une activité de commercialisation de matières premières agricoles bas carbone à destination des agro-industries désireuses de diminuer leur bilan carbone lié au scope 3. André Cunze et Clément Perez, cofondateurs et marchands de grains de la nouvelle entité de l’union de coopératives InVivo, nous présentent leurs missions et ambitions.

De gauche à droite, André Cunze et Clément Perez, cofondateurs et marchands de grains de Grafite by InVivo.
© Groupe InVivo

La Dépêche Le petit meunier : Grafite by InVivo est issu du programme d’intrapreneuriat d’InVivo, qui soutient ce projet de développement d’une activité de commercialisation de matières premières agricoles bas carbone depuis cinq ans. Pourquoi le groupe InVivo a-t-il décidé de lancer aujourd’hui sa filiale ?

André Cunze : Grafite by InVivo s’inscrit dans le programme d’intrapreneuriat d’InVivo, qui a déjà donné naissance à Bioline Insurance, devenue Atekka, et, plus récemment, Cultiv qui élabore et commercialise des produits cosmétiques et compléments alimentaires à base de légumes bio. Avant son lancement, notre projet a dû faire ses preuves avant de passer à l’étape de filialisation. Nous sommes très contents que le lancement de Grafite by InVivo se passe maintenant car nous avons réussi à décliner notre modèle de matières premières agricoles bas carbone du marché réglementaire des biocarburants aux marchés volontaires.

Commercialiser des matières premières bas carbone pour les entreprises de l’agro-industrie qui souscrivent des engagements volontaires de réduction d’empreinte carbone.

Clément Perez : Jusqu’à aujourd’hui, nous avons essentiellement travaillé le marché réglementaire des biocarburants et toute l’ambition de Grafite by InVivo est d’aller développer ces matières premières bas carbone sur les marchés volontaires, c’est-à-dire pour les entreprises de l’agro-industrie qui souscrivent des engagements volontaires de réduction d’empreinte carbone. Rappelons qu’en termes de bilan carbone, si les émissions de gaz à effet de serre relevant des scopes 1 et 2 peuvent être compensés par des crédits carbone, le scope 3 est directement lié à la matière première que l’entreprise achète. C’est à ce niveau que nous intervenons.

 

LD LPM : Quelles matières premières agricoles bas carbone commercialisez-vous ? Envisagez-vous d’élargir votre portefeuille à l’avenir ?

A. C. : Nous avons commencé à commercialiser du colza bas carbone dès la récolte 2020. Nous valorisons du tournesol bas carbone depuis la récolte 2021 et du blé bas carbone depuis la récolte 2022. Nous ajoutons petit à petit des matières premières à notre portefeuille bas carbone. Jusqu’à maintenant, ces grains étaient destinés aux filières biocarburants. L’idée est dorénavant de vendre nos matières premières bas carbone aux industriels de l’alimentation humaine et d’autres secteurs de transformation non alimentaires, comme la cosmétique. De fait, une fois que la matière première agricole est qualifiée bas carbone, elle peut intéresser toutes les entreprises de l’agro-industrie qui ont des objectifs de réduction de leur empreinte carbone.

Les secteurs concernés sont l'alimentation humaine et les entreprises de transformation non alimentaire.

C. P. : En alimentation animale, il y a certes une écoute et un attrait mais c’est un secteur d’activité qui n’a pas forcément beaucoup de moyens pour investir dans des matières premières bas carbone, contrairement à d’autres industries plus rémunératrices.

A. C. : Du point de vue de l’agriculteur, l’idée est de multiplier l’approche bas carbone sur l’ensemble de ses productions, les grandes cultures en premier lieu, et de faire en sorte que le financement de sa transition écologique provienne de l’ensemble des débouchés de l’exploitation agricole.

C. P. : En 2022, nous avons valorisé 160 000 t de colza bas carbone dans la filière biodiesel. En blé, le volume est plus faible mais l’intérêt des industriels est confirmé. Nous avons conclu une affaire en fin de campagne 2022-2023, et le tonnage commercialisé devrait augmenter sur la campagne actuelle, avec une accélération rapide (si l’on compare le volume que peut représenter le blé face au colza sur une exploitation agricole). Quant au tournesol, le tonnage, en croissance constante, est plus important qu’en blé, sans atteindre celui du colza.

 

LD LPM : Grafite by InVivo accompagne aujourd’hui 40 coopératives, de la certification des grains à l’obtention de la meilleure rémunération pour l’agriculteur. Comment cette plus-value se traduit-elle pour le producteur qui s’engage dans la conduite de cultures bas carbone ?

C. P. : La mission que l’on se donne est en effet de créer de la valeur à l’agriculteur qui met en place des démarches vertueuses en termes de gestion du carbone. Nous allons pouvoir valoriser l’ensemble des productions d’un agriculteur en lui donnant une prime qui vient compléter le prix de marché du grain. En termes de montant, cette rémunération additionnelle présente une certaine variabilité, qui va au-delà de la simple performance de réduction des émissions de gaz à effet de serre par l’agriculteur. Elle varie avec le temps, selon les débouchés et les besoins des industriels. Sans donner une valeur moyenne, on a constaté qu’elle pouvait atteindre 70 à 75 € à la tonne de graines produites.

Une prime bas carbone allant jusqu'à 75 € la tonne de grain produite.

A. C : Contrairement au crédit carbone qui a une valeur de marché fixée, notre prime bas carbone est déterminée par le jeu de l’offre et de la demande. En 2022, elle a pu atteindre jusqu’à 75 €/t, un prix qui ne représente pas un chiffre moyen mais qui correspond à une matière première à forte valeur de carbone stockée et un marché nettement demandeur à l’instant t. D’après notre expérience (correspondant à la commercialisation de la récolte 2022 et du début de récolte 2023), ce que l’on peut annoncer, c’est que la prime s’élève à peu près à 10 % du prix de la matière première traitée. Pour les agriculteurs qui sont éligibles, c’est une rémunération très intéressante. C’est la clef du succès de notre modèle, qui explique notre croissance exponentielle. En colza, le tonnage de matière première bas carbone commercialisé est passé de quelques centaines de tonnes en 2020-2021 à 160 000 t en 2022-2023.

 

LD LDP : Quel est l’intérêt pour un industriel de passer par Grafite by InVivo pour s’approvisionner ?

A. C : L’intérêt de l’industriel de passer par Grafite by InVivo pour acheter sa matière première réside dans le fait, qu’en plus de lui garantir un tonnage, une qualité sanitaire, une période d’exécution et un prix en s’appuyant sur les outils d’arbitrage existants, nous lui garantissons un niveau d’émission bas carbone sur l’ensemble des livraisons du contrat.

C. P. : Nous sommes avant tout une entreprise de commercialisation de grains qui sait gérer le risque carbone, en plus de gérer les risques de volume, de qualité, de période d’exécution et de prix comme tout organisme stockeur. Nous donnons à l’industriel de la visibilité sur le marché du carbone de part notre expérience et nous opérons, c’est-à-dire que nous lui offrons des solutions concrètes. Quand, aujourd’hui, une entreprise veut du bas carbone dans ses approvisionnements, nous sommes le seul acteur capable à la fois de le conseiller en lui exposant les différents outils existants et de lui en délivrer tout en garantissant le résultat.

Fournir une matière première saine loyale et marchande, avec une option bas carbone.

A. C : Pour simplifier, nous sommes un marchand de grains avec une option bas carbone. Nous livrons l’industriel en grains pour qu’il puisse faire tourner ses outils, tout en lui garantissant une diminution de son empreinte carbone. Nous avons un objectif de développement à l’international et de faire de Grafite by InVivo un des leaders européens du secteur.

 

Comment est produite la matière première bas carbone, commercialisée par Grafite by InVivo ?

« Il n’est pas question d’un contrat de production annuel avec cahier des charges et prime fixée à l’avance, mais de la valorisation avec la garantie d’une plus-value par rapport au prix de marché d’une matière première certifiées bas carbone, auprès d’industriels désireux de diminuer leur bilan carbone en lien avec la scope 3 », explique André Cunze, cofondateur et marchand de grains de Grafite by InVivo.

S’agissant du conseil à l’agriculteur et de la certification de la matière première, Grafite by InVivo s’appuie sur les coopératives qui ont des services agronomiques et des compétences en termes de conseils à la transition agricole vers le bas carbone, et se présente comme un soutien pour les coopératives quant à la certification, qui passent par des schémas et des auditeurs extérieurs.

Les conseils délivrés par la coopérative à l’agriculteur désireux de produire une matière première bas carbone relèvent de pratiques bien connus, comme diminuer les intrants (diminution des émissions de gaz à effet de serre) ou mettre des plantes de couverture (séquestration de carbone dans le sol).

Et André Cunze d’ajouter : « Nous nous appuyons sur la transversalité du groupe InVivo, avec notamment notre cabinet d’expertise et de conseil en agroenvironnement Agrosolutions et notre branche engrais Fertiline (avec ses enrobages limitant l’impact sur le climat du fertilisant azoté, ou son projet de production d’azote à partir d’hydrogène décarboné), pour proposer des solutions aux coopératives intéressées ».

 

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