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Guerre en Ukraine – Baisse des exportations de blé tendre de 14% entre 2021/2022 et 2022/2023, selon UkrAgroConsult

Serguey Feofilov, dirigeant du cabinet d’analyse UkrAgroConsult, explique que les prévisions concernant les exportations et les productions de grains 2021-2022 et 2022-2023 sont sujettes à modifications, tant la situation est volatile.

Serguey Feofilov, dirigeant du cabinet Ukragroconsult en webinaire
© Kévin Cler - La Dépêche-Le Petit Meunier

Les exportations ukrainiennes de blé tendre pourraient décrocher de 14,2 % environ entre les campagnes commerciales 2021-2022 et 2022-2023, à 16 Mt (et donc 19,3 Mt en 2021/2022), estime au 6 avril le cabinet d’analyse ukrainien UkrAgroConsult lors d’un webinaire. Si l’on compare par rapport aux prévisions d’avant-guerre, la variation est encore plus importante : l’USDA projetait début février les exportations Ukrainiennes 2021-2022 à 24 Mt (23,5 Mt pour Ukragroconsult) soit un repli de 32% d’une campagne sur l’autre !

 

 

Ukragroconsult précise que, concernant la campagne 2021-2022, 18,2 Mt avaient été expédiées entre juillet 2021 et février 2022 (avant la guerre). 307 000 t ont été expédiées en mars, et seulement 300 000 t de plus pourront sortir du pays entre avril et juin. Environ 4,7 Mt sont donc bloquées en Ukraine jusqu’à la fin de la campagne.

Seuls deux petits ports sur le Danube encore actifs en Ukraine

Faire sortir des tonnes de céréales (blé, maïs etc.) du pays ne sera pas chose aisée d’ici à la fin de la présente campagne 2021-2022. « Il ne reste que deux ports actifs dans le pays, situés sur le Danube : Izmail et Reni. Mais leur capacité d’expédition sont très faibles en comparaison des ports de la mer Noire », complète Serguey Feofilov, dirigeant d’UkrAgroConsult . Il confirme une réorientation partielle des flux depuis la mer Noire vers les voies ferrées. « 30% des exportations de grains (blé, mais aussi maïs…) se font via le Danube, et le reste par les trains. Ces derniers peuvent arriver au port de Constanta en Roumanie ou de Gdansk en Pologne, qui pourront réexpédier les marchandises ukrainiennes. En revanche, faire arriver les volumes en Turquie et aux clients du Moyen-Orient n’entre pas, actuellement, dans nos scénarios », détaille-t-il.

Les expéditions 2022/2023 d’orge sont de leur côté attendues à 3 Mt, contre 5,65 Mt en 2021/2022. L’intégralité du potentiel d’exportation (ou presque) a été atteint avant la guerre, rappelle le cabinet ukrainien.

Serguey Feofilov a tenu à préciser que ces projections peuvent varier à tout moment lors des prochains jours/semaines, selon l’évolution de la guerre, dont l’issue s’avère indécise.

Plusieurs raisons justifient la nette régression des prévisions d’expéditions de blé tendre et d’orge entre 2021-2022 et 2022-2023. Pour le blé, d’importantes surfaces se trouvent dans les zones d’activités militaires intenses, soit l’est, le sud et le nord de l’Ukraine, compliquant le bon développement des cultures d’hiver et le déroulement des semis de printemps. Et réduisant donc les volumes potentiels pour la campagne commerciale 2022-2023.

Au total, les assolements de blé (d’hiver et de printemps) récoltables en 2022 sont évalués à 5,170 Mha, contre 7,081 Mha l’an dernier, indique Ukragroconsult. Ce dernier précise que la part des surfaces de printemps est faible : l’objectif 2022 est fixé à 157 400 ha.

Le fuel : principal manque des agriculteurs ukrainiens

Concernant les intrants, « selon les autorités nationales, il n’y a guère de problème de manque de semences. Les fertilisants seront moins accessibles, pénalisant les rendements, mais ce ne sera pas le principal problème. En revanche, la disponibilité du fuel s’avère critique », prévient Serguey Feofilov. Rappelons que l’Ukraine dépend fortement de la Russie pour ses approvisionnements en carburant. Ajoutons à cela un manque de main d’œuvre qualifié pour le travail dans les champs, des dégâts dans les champs, les silos etc. « Une dizaine de silos intérieurs ont été endommagés par les combats en mars », précise l’expert. Tout en espérant que durant les 3 à 4 prochaines semaines, « la logistique devrait considérablement s’améliorer ».

Pour toutes ces raisons, les rendements ukrainiens devraient diminuer entre les récoltes 2021 et 2022, passant de 4,53 t/ha à 3,8 t/ha.

« L’histoire est similaire concernant les orges », complète Serguey Feofilov. Avec tout de même quelques différences. La part des orges semée au printemps est bien plus importante qu’en blé, attendue à un peu plus de 1 Mha. La sole totale est espérée à 1,8 Mha (2,475 Mha en 2021-2022), les rendements à 3,4 t/ha (3,82 t/ha l’an dernier), donnant 6,1 Mt cette année (9,4 Mt en 2021).

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