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Guerre en Ukraine – Entre nouvelles attaques russes, relance de l'Initiative grains en mer Noire, subventions de l’UE et propositions des ports états-uniens

De nouveaux évènements ont marqué le monde des céréales et des oléagineux ces derniers jours, dans le cadre du conflit qui oppose l’Ukraine à la Russie. Tour d’horizon.

Les présidents turc Erdogan et russe Poutine lors d'une conférence de presse à Sotchi le 4 septembre 2023.
© AA

Alors que, sur le plan militaire général, l’Ukraine revendique des avancées face à l’armée russe, de nouvelles attaques ont eu lieu, à deux reprises, pendant le week-end du 3-4 septembre. Dans la nuit du 3 septembre, des drones contenant dans leur nez une charge explosive, de type Shahed (fabrication iranienne), ont été tirés de Cap Chauda en Crimée et de la base de Primorsko-Akhtarsk dans la région de Krasnodar, pour atteindre les infrastructures portuaires d’Odessa et celles de Réni et Izmaïl sur le Danube (à la frontière avec la Roumanie).

 

Une autre offensive a eu lieu la nuit suivante visant toujours le même type d’installations. Des équipements agricoles et des cuves dédiées à des huiles, des infrastructures portuaires et des zones de stockage de grains étaient visés et ont été plus ou moins touchés par les tirs. Certaines sources affirment même que des projectiles seraient tombés du côté roumain de la frontière entre les deux pays.

« Cette situation a des impacts négatifs sur les exportations de grains, car beaucoup de traders refusent de stocker des biens dans les entrepôts portuaires en raison des risques de bombardements et les manutentionnaires ne veulent plus charger les navires. Du coup, les frets maritimes augmentent », déplore un trader ukrainien en grains et oléagineux.

La Turquie de nouveau à la manœuvre

Dans le même temps, la Turquie a relancer les négociations relatives à l’Initiative grains en mer Noire, le président Erdogan s’étant rendu ce lundi en Russie, à Sotchi, pour rencontrer son homologue russe et examiner les conditions d’une reprise des exportations dans le cadre de l’accord signé en juillet 2022 et abandonné de façon unilatérale par la Russie le 17 juillet 2023.

Le président turc, jugeant cet accord « essentiel », a indiqué qu’il préparait, avec l’ONU et la Russie, de « nouvelles propositions » pour relancer cet accord, lors d’une conférence de presse à l’issue de sa rencontre avec le président russe. Difficile d’en savoir plus, si ce n’est que ce dernier a réaffirmé, lors de la même conférence de presse, qu’il était prêt… à condition que « tous les accords qu'il contient concernant la levée des restrictions à l'exportation des produits agricoles russes seront pleinement mis en œuvre ». C’est-à-dire les mêmes demandes qui avaient amené la Russie à en sortir le 17 juillet. Pour mémoire, ces accords contiennent des clauses sur le retour de la Russie dans le système de règlements bancaires international Swift, les exportations de ses engrais mais aussi l’importation de machines agricoles et de pièces détachées pour lesdites machines.

Par ailleurs, le président de la Turquie s’est dit opposé à toute forme de « propositions alternatives » de transport pour sortir les grains et oléagineux d’Ukraine, qu’il juge non viables, non durables et non sûres. Cela vise bien évidemment les corridors temporaires mis en place par l’Ukraine. D’autres initiatives de ce genre ont été prises que ce soit au niveau européen ou à l’échelon de certains pays (exemple : la Slovaquie) . Toujours à la suite de la rencontre de Sotchi, le président russe  a déclaré maintenir sa décision de livrer gratuitement des céréales à six pays africains dans les semaines qui viennent, conformément à ce qu’il avait annoncé fin juillet lors d’un sommet Russie-Afrique. Il s’agissait alors de livrer 25 000 à 50 000 tonnes de céréales en direction du Burkina Faso, du Zimbabwe, du Mali, de la Somalie, de la République centrafricaine et de l’Erythrée.

L’Union européenne piétine, les ports états-uniens proposent

De son côté, l’Union européenne (UE) réfléchit sur la prolongation ou non, de l’accord portant sur les restrictions d’importations en blé, maïs, colza et tournesol en provenance d’Ukraine vers les cinq pays frontaliers de cette dernière (Bulgarie, Hongrie, Pologne, Roumanie et Slovaquie), accord qui prend fin le 15 septembre. Ce document permet le transit des céréales ukrainiennes mais ni leur stockage ni leur commercialisation dans les cinq pays concernés. Les positions des membres de l’UE sur cette question sont loin d’être harmonisées, la Hongrie ayant même déclarée, de façon unilatérale il y a quelques jours, qu’elle reconduirait l’interdiction. Et l’Ukraine de préciser que l’UE doit prolonger cette mesure, faute de quoi « elle déposera un recours auprès de la commission d’arbitrage mise en place dans le cadre de cet accord », selon Ihor Zhovkva, directeur du cabinet du président Zelensky. Par ailleurs, il est aussi question, au niveau de l’UE, d’une subvention de 30 €/t qui viendrait aider au transit desdits céréales et oléagineux pour rejoindre les ports de la mer Baltique et ainsi accéder aux échanges commerciaux internationaux. Ceci représente une somme de 600 M€ au total. Mais là encore, la Commission européenne n’a pas validé cette idée et les différents pays membres n’y sont pas tous favorables.

Pendant ce temps, l’Autorité des ports maritimes d’Ukraine, l’entreprise d’Etat ukrainienne en charge des transports maritimes, a annoncé avoir signé un memorandum avec les ports de Louisiane du Sud et de La Nouvelle-Orleans pour une coopération entre les différentes parties pour « planifier, développer, construire, administrer, opérer et effectuer la maintenance d’infrastructures portuaires ukrainiennes ». Le Port maritime d’Odessa est également associé à ces travaux.

Quant à l'Ukraine, tout comme la Russie du reste, elle ne cesse de revoir à la hausse ses prévisions de production pour la campagne 2023-2024.

Principaux chiffres de production concernant les céréales et oléagineux en Ukraine (en Mt)

 

Nouvelle prévision pour 2023-2024

Progression par rapport à l'estimation précédente

Chiffres 2022-2023

Production totale céréales et oléagineux

80,5

+ 3,7

73,8

Potentiel exportable

49 (48,8)

 

58

Production de blé (potentiel exportable)

22 (16)

+ 1,8

20,2

Production d’orge (potentiel exportable)

5,8 (3)

+ 0,6

5,8

Production de maïs (potentiel exportable)

28 (22)

+ 1,1

27,3

Production de tournesol (potentiel exportable)

13,9 (0,5)

 

11,1

Production de colza (potentiel exportable)

4,1 (4)

 

 

Production de soja (potentiel exportable)

4,8 (3,3)

 

 

Source : Association des grains ukrainiens (UGA)

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