Essai tracteur Valtra N155 ED – Un tracteur maniable malgré son grand empattement

Au travail – Une transmission agréable et facile d’utilisation

J’ai entamé l’essai au labour, dans de la terre limono-sableuse, avec une charrue quatre corps de conception lourde équivalente à une cinq corps actuelle. J’ai travaillé entre 6 et 7 km/h avec le curseur de priorisation ratio transmission/moteur au centre. Le tracteur ne peinait pas et conservait un régime moteur d’environ 1 600 tr/min que ce soit en plage de vitesse A ou B. Avec 2 665 mm d’empattement, il affiche un bon gabarit pour un quatre cylindres de 150 ch. Bien qu’un modèle à six cylindres me semble plus approprié pour le labour, je n’ai pas perdu de temps avec le Valtra, au contraire. Lors des demi-tours en bout de champ, grâce à l’angle de braquage de 55 degrés et le châssis en taille de guêpe du N155 ED, j’effectuais une manœuvre de moins qu’avec mon six cylindres de 150 chevaux. Par ailleurs, ce tracteur est bien équilibré avec la masse frontale de 900 kg. Il ne s’est en effet jamais cabré lorsque je relevais la charrue. J’ai aussi testé l’autoguidage avec la herse rotative. Pour un utilisateur non initié à cette technologie, la configuration de la ligne A-B est simple à réaliser.

Les bras de relevage courts du N155 ED m’ont permis d’atteler sans difficulté la faucheuse conditionneuse traînée de 3 m dotée d’un cardan assez court. Équipé aussi pour ce chantier de seconde coupe d’herbe d’une faucheuse frontale de 3 m, le Valtra n’a rencontré aucune difficulté à entraîner l’ensemble. Je travaillais à 12 km/h, et j’aurais pu rouler plus vite, mais le sol dégradé faisait sauter les machines. J’étais pour ma part bien assis grâce à l’efficacité du pont avant suspendu pneumatiquement et du siège haut de gamme. Avec la presse Krone Comprima V180 à chambre variable, j’ai formé des balles de 140 cm de diamètre pour l’enrubannage en avançant entre 10 et 15 km/h. Les andains étaient de petite taille, mais le terrain était encore limitant. Comme la presse est Isobus, j’ai pu la paramétrer directement depuis le terminal du tracteur. Pour l’ouverture de la porte, j’ai préféré l’affecter à un distributeur sur l’accoudoir plutôt que sur le joystick, afin d’éviter toute erreur de manipulation. J’ai sélectionné le mode de transmission standard, car le mode Eco faisait peiner légèrement le tracteur en montée.

Avec le chargeur frontal, le capot non plongeant réduit la visibilité sur le godet posé au sol. En revanche, le grand toit vitré dégage bien la vision pour les manipulations en hauteur. J’ai apprécié la plage de vitesse A allant de 0 à 9 km/h, qui m’a permis de curer mes stabulations sans avoir à changer constamment de gammes. Comme le chargeur dispose de la fonction Precision Lift & Load, je peux connaître le poids du chargement de chacun de mes godets, en ayant réalisé en amont un calibrage. J’ai aussi défini depuis le terminal du tracteur une limite de hauteur pour le chargeur, afin de ne pas taper accidentellement le toit de mes bâtiments au curage. Le débit hydraulique de 200 l/min rend le chargeur bien réactif. Je regrette tout de même l’absence d’un bouton d’inverseur de marche sur le petit joystick contrôlant le chargeur. Au transport, j’ai la sensation d’avoir un mix entre une transmission robotisée et une variation continue, ce qui n’est pas un point négatif. Cela permet, en descente, d’accentuer le frein moteur, notamment en engageant les plus petites plages de vitesses. J’ai par ailleurs apprécié la possibilité de démarrer en D, autorisant l’avancement du tracteur de 0 à 50 km/h de façon continue.

Pourvus de leviers de décompression, les cinq distributeurs hydrauliques arrière sont identifiés par des numéros, le cinquième étant dédié au troisième point hydraulique. Ils s’affectent au choix, depuis le terminal, aux fingertips ou aux boutons des deux joysticks. Le tracteur dispose également de deux distributeurs à l’avant et de quatre centraux pour le chargeur et ses troisième et quatrième fonctions. Autre particularité, il dispose à la fois des systèmes de freinage à double ligne hydraulique et pneumatique. J’apprécie le feu à LED fixé sur l’aile droite qui éclaire bien le relevage arrière.

En cabine – Un terminal intuitif intégrant la notice d’utilisation

Éligible en option à la filtration de catégorie 4, la cabine à cinq montants du N155 ED est spacieuse et son accès s’y effectue via trois larges et profondes marches. Elle existe en option en version à six montants et deux portes. À bord, le chauffeur dispose de l’écran non tactile Smart display, fixé sur le montant avant droit. Ce moniteur paramétrable peut être scindé en trois parties pour afficher les informations du moteur et de la transmission (températures, pression, régime, prise de force, gammes, sens de marche, etc.). Le second écran, dénommé SmartTouch, prend place en bout d’accoudoir. Tactile, il s’utilise pour piloter et paramétrer l’ensemble des fonctions, bien que certaines soient dupliquées sur des boutons physiques. Ce terminal très intuitif dispose d’un menu principal représentant graphiquement le tracteur en 3D avec des pictogrammes représentatifs pour accéder aux différents menus. Il y a même pour chacun de ces derniers une touche « i », affichant la notice d’utilisation de la fonctionnalité. Un néophyte peut ainsi prendre en main très facilement ce tracteur.

Le joystick principal en bout d’accoudoir, aux boutons non rétroéclairés, est très épuré, avec seulement deux touches personnalisables et des boutons contrôlant l’inverseur, le régulateur de vitesse (cruise), le régime moteur, un distributeur et le relevage. Je regrette que l’interrupteur de l’inverseur de marche sur le joystick principal ait la même forme que celui pilotant un distributeur placé juste au-dessus. Seule la couleur les différencie, et il m’est arrivé plusieurs fois d’actionner le distributeur en voulant changer de sens de marche. Les deux boutons pour activer ou couper la prise de force frontale et arrière sont placés le long de l’accoudoir au niveau du coude du chauffeur. Cela n’est, selon moi, pas assez instinctif pour réaliser rapidement l’arrêt d’urgence de la prise de force.

Je regrette la position basse de la poignée intérieure et donc celle du verrou. Elle limite d’après moi le bon verrouillage du panneau de porte sur sa partie haute, rendant la cabine plutôt bruyante. J’entends par ailleurs la transmission siffler sur la route et au travail. D’un point de vue rangement, un compartiment réfrigéré, pouvant recevoir une bouteille de 2 l, prend place derrière le siège passager. À l’arrière du siège conducteur pivotant, un grand espace est en mesure d’accueillir une caisse à outils.

Entretien – Un compartiment moteur compact

Le châssis en taille de guêpe du tracteur rend l’agencement du compartiment moteur particulièrement compact. Pour les contrôles journaliers, la jauge à huile moteur est située à gauche. Le filtre à air, quant à lui, est placé tout en haut du compartiment moteur. Sa dépose est légèrement gênée par les durites et autres tubes de renfort placés juste au-dessus. Les différents radiateurs, placés tout à l’avant, s’ouvrent en accordéon pour assurer leur nettoyage. Pour l’entretien périodique, l’accès aux différents filtres à GNR et à huile moteur s’effectue en ôtant le panneau latéral gauche. Ce dernier se retire facilement sans outil. Le filtre d’habitacle, quant à lui, est fixé sous le toit au-dessus de la porte gauche.