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Fret ferroviaire : chasser les surcoûts par l’optimisation

Le fret ferroviaire, ressource importante pour la logistique des grains, recèle de multiples sources d’économies pour les chargeurs, pour autant qu’ils connectent le rail avec leur supply chain globale.

Youness Lemrabet, fondateur d’Everysens, et Pélagie Mepin-Koebel, directrice du bureau allemand d'Everysens.
Youness Lemrabet, fondateur d’Everysens, et Pélagie Mepin-Koebel, directrice du bureau allemand d'Everysens.
© Yanne Boloh

Quelque 12 % des trains de fret sont annulés au dernier moment dans l’Union européenne ; 20 % des wagons voyagent à vide ; 29 % des trains arrivent en retard ; les wagons sont immobiles 57 % de leur temps … En allant chercher les données et en travaillant à réduire ces valeurs, les chargeurs pourraient optimiser ces différents leviers pour réduire leurs coûts de 10 à 20 %, selon Youness Lemrabet, fondateur d’Everysens. Le spécialiste de la gestion du fret ferroviaire pour les chargeurs a tenu une conférence intitulée "Fret ferroviaire & agribusiness : planification agile, collaboration proactive et rentabilité des opérations", lors de la 64e Bourse de commerce européenne, qui s'est tenue les 5 et 6 décembre dernier au Grand Palais à Paris

Les chargeurs pourraient réduire leurs coûts de fret ferroviaire de 10 à 20 %, selon Youness Lemrabet, fondateur d’Everysens.

« Le rail convient particulièrement aux vracs alimentaires par sa capacité de transports de gros volumes, sans multiplier les camions et peut-être encore plus les chauffeurs. C'est un métier en tension, qui permet de répondre à des demandes saisonnières à un coût maîtrisé et pour un impact environnemental moindre que la route, avec la capacité de rouler toute la nuit », résume Pélagie Mepin-Koebel, directrice du bureau allemand d'Everysens. Mais les chargeurs ne sont pas encore à l’optimum de leurs coûts. 

Lire aussi : Relance du fret ferroviaire - un premier bilan positif… mais tout reste à faire !

Des économies sont possibles

L’entreprise estime ainsi qu’il est possible de réduire de 3 % le coût du transport, de 5 % les pénalités liées aux attentes dans les centres de chargement et de gagner 5 % de productivité des équipes ce qui, pour un client dans l’agribusiness représenterait un retour sur investissement (ROI) jusqu’à 446 859 €. « Nous avons réalisé qu’au quotidien, une somme de tâches chronophages nous empêchait de nous consacrer sur la réelle valeur ajoutée », illustre l’un de ses clients, Jean-Mathieu Le Gall, directeur de la logistique ferroviaire pour Cargill dans la région Europe Moyen-Orient Afrique. L’une des valeurs ajoutées pouvant être l’organisation de fret retour, comme dans l’univers de la route, en collaboration avec d’autres chargeurs.

L’une des valeurs ajoutées peut être l’organisation de fret retour, comme dans l’univers de la route, en collaboration avec d’autres chargeurs.

« Le dédommagement dû en cas de retard de chargement (demurrage) dans un port peut aller jusqu’à 30 € par jour et par wagon, ce que la planification peut réduire de 25 à 50 % », chiffre par exemple Youness Lemrabet qui commercialise une TMS (transport management solution). Pour aller chercher les économies possibles, il fixe trois règles : disposer de la bonne donnée (localisation précise du wagon par GPS, est-il plein ou vide…), l’intégration de ces données dans des outils collaboratifs pour capter automatiquement des données disponibles par ailleurs (par exemple auprès de Fret SNCF), la visibilité en temps réel de l’ensemble des flux/wagons. 

« Tout cela démarre par une automatisation de l’intégration des données », explique Youness Lemrabet

« Tout cela démarre par une automatisation de l’intégration des données », explique Youness Lemrabet. C’est l’une des missions de "Ralf", un assistant virtuel créé pour le logiciel. « Il se développe sans cesse, nous devrions ainsi l’enrichir cette année avec une analyse des routes de fret, qui diffèrent entre la théorie et le trajet qu’empruntent réellement les trains, car il s’agit d’une source de retards », conclut Pélagie Mepin-Koebvel.

L'optimisation de la logistique ferroviaire, un marché de niche 

Youness Lemrabet a créé Everysens en 2015 autour des capteurs et de l’intéret des objets. Dès 2021, l’ingénieur de Centrale Lille, doté d’un doctorat en génie industriel, s’investit, grâce aux technologies du numérique, dans l’optimisation de la logistique ferroviaire. « Il s’agit d’un marché de niche pour les grands opérateurs mais il existe réellement un trou dans la raquette logistique pour optimiser les opérations, non pas du côté des structures comme Fret SNCF ou les gestionnaires d’infrastructures, mais du côté des chargeurs », conclut le dirigeant. 

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