Exportations céréalières : une période de dégagement réussie pour Sénalia
Le principal terminal céréalier du port de Rouen enregistre un tonnage à l’exportation honorable sur le premier trimestre de l’exercice commercial 2025-2026. Cependant, la suite de la campagne s’annonce compliquée entre offre mondiale pléthorique et demande aléatoire.
Le principal terminal céréalier du port de Rouen enregistre un tonnage à l’exportation honorable sur le premier trimestre de l’exercice commercial 2025-2026. Cependant, la suite de la campagne s’annonce compliquée entre offre mondiale pléthorique et demande aléatoire.

« Fin juin, nous craignions une période de dégagement compliquée avec une montée des stocks rapide, en raison de la bonne récolte hexagonale d’orge et de l’absence de demande en blé tendre tricolore. Mais, en juillet, nous avons eu une bonne surprise : nos voisins d’Europe de l’Est ont enregistré un retard dans leur collecte, ce qui conduit les chargeurs à se tourner vers l’origine France », indique Alain Charvillat, directeur Céréales Export de Sénalia. Le prestataire de service rouennais a de fait pu exporter 860 000 t de céréales sur le premier trimestre de la campagne 2025-2026, contre 410 000 t l’an dernier sur la même période. Rappelons que l’exercice commercial 2024-2025 a été pénalisé par une récolte en céréales à paille catastrophique.
Ce volume trimestriel de 860 000 t se rapproche de celui enregistré en 2023-2024, qui a comptabilisé 1,666 Mt d’exportations sur les six premiers mois de la campagne (soit une moyenne de 830 000 t par trimestre), mais reste loin des 2,429 Mt exportées sur la première moitié de la campagne 2022-2023 (soit en moyenne 1,2 Mt trimestrielles).
Une période de dégagement active cet été
Dans le détail, Sénalia a chargé 530 000 t de blé tendre et 300 000 t d’orge fourragère entre le 1er juillet et le 30 septembre 2025, auxquelles s’ajoutent un faible volume d’orge brassicole et de maïs.
Les destinataires sont le Maroc, majoritairement, puis la Tunisie et l’Afrique de l’Ouest pour le blé tendre. En orge fourragère, il s’agit de la Chine, principalement, mais également l’Arabie saoudite et le Qatar. Comparativement au premier trimestre 2024-2025, les principaux pays importateurs sont les mêmes.
Des silos à la limite de la saturation en septembre
« Si les chargements ont été soutenus sur les deux premiers mois de la campagne 2025-2026, avec 680 000 t expédiées au 31 août et un niveau de stocks exceptionnellement bas, en septembre, la machine s’est enrayée avec le très fort ralentissement des exportations et une croissance des stocks », regrette Alain Charvillat.
Exportations céréalières mensuelles | ||
En milliers de tonnes | Campagne 2024-2025 | Campagne 2025-2026 |
Juillet | 170 | 330 |
Août | 160 | 350 |
Septembre | 80 | 180 |
Total trimestriel | 410 | 860 |
Source : Sénalia |
Et de préciser : « Les silos de grains de Sénalia sont aujourd’hui remplis à 75-80 %, ce qui est très important et ce qui nous oblige à limiter actuellement les entrées. Mais, heureusement, cette période de stocks hauts n’arrive que maintenant, ce qui nous a permis d’assurer d’importants dégagements de céréales à paille en cette campagne de bonnes récoltes et de permettre aux organismes stockeurs de vider leurs silos pour accueillir le tournesol, dont la collecte de termine, et le maïs, en pleine récolte ».
Des exportations attendues faibles jusqu’à fin décembre
« Octobre s’annonce comme un petit mois, sans embellie programmée d’ici la fin de l’année 2025, ce qui laisse présager un printemps très actif », anticipe Alain Charvillat. Et d’expliquer : « Soit nous enregistrerons une bonne activité à l’exportation sur le second semestre de la campagne 2025-2026, soit les stocks de report seront conséquents, ce que je n’envisage pas ! »
Sénalia envisage de fait d’exporter entre 3,5 Mt et 3,8 Mt de céréales, soit un volume inférieur ou égal au tonnage enregistré en 2023-2024 (3,85 Mt) et bien loin des 4,1 Mt chargées en 2022-2023. Rappelons qu’en 2024-2025, seules 1,94 Mt de céréales ont été expédiées, en raison du maigre disponible exportable.
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« Sénalia revient dans une année normale en termes de tonnage, avec une répartition habituelle entre céréales : 60 % de blé tendre, 25 % d’orge fourragère et 10 % d’orge de brasserie », affirme Alain Charvillat. Cependant, le marché est compliqué. « Le pays a engrangé une belle récolte en céréales à paille, en volume comme en qualité. Mais l’origine France manque de compétitivité sur le marché européen comme sur le marché mondial », reconnaît-il.
Une reprise des chargements anticipée sur la deuxième partie de campagne… mais à quel prix ?
Tout ce que le dirigeant de Sénalia espère est « l’ouverture d’une fenêtre commerciale qui permette de vendre à bons prix les céréales françaises ». Mais rien n’est moins sûr au vu de l’importance de la collecte mondiale qui pèse sur les cours, d’autant plus avec l’arrivée sur le marché en début d’année des récoltes de l’hémisphère sud, à savoir australienne et argentine.
En termes de demande, « il est difficile de savoir si la Chine reviendra s’approvisionner en France, notamment en orge : tout dépend de l’évolution de ses relations commerciales avec l’Australie », affirme Alain Charvillat. S’agissant du blé tendre, « malheureusement, fournir le Maroc et l’Afrique de l’Ouest n’est pas toujours simple, avec des blés français qui présentent certes de bons poids spécifiques mais qui ont du mal à atteindre les 11,5 % de protéine en moyenne sur les marchandises disponibles à l’exportation. Or les cahiers des charges de nos clients maghrébins, voire africains au sens large, exige un taux protéique à 11,5 % minimum », rappelle le dirigeant de Sénalia.
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