Congrès maïs 2025 : l’AGPM redoute un rapprochement entre l’Ukraine et l'Union européenne
À l’occasion du Congrès du maïs qui s’est tenu le 18 et le 19 nombre à Orléans, un possible rapprochement entre l’Union européenne et l’Ukraine a animé les débats des assemblées générales de l’AGPM et de la FNPSMS. Les producteurs de maïs français s’inquiètent de la concurrence déloyale de l’Ukraine en Europe, dont ils subissent déjà les effets depuis le début du conflit avec la Russie en 2022.
À l’occasion du Congrès du maïs qui s’est tenu le 18 et le 19 nombre à Orléans, un possible rapprochement entre l’Union européenne et l’Ukraine a animé les débats des assemblées générales de l’AGPM et de la FNPSMS. Les producteurs de maïs français s’inquiètent de la concurrence déloyale de l’Ukraine en Europe, dont ils subissent déjà les effets depuis le début du conflit avec la Russie en 2022.
Au cours de son intervention pour l’AGPM maïs semences, Olivier Antoine, expert associé au club Demeter, a exposé les conséquences de trois scénarios possibles d’un rapprochement à l’horizon 2030 entre l’Union européenne et l’Ukraine. Actuellement, la production ukrainienne de semences de maïs se concentre sur la partie centrale du pays, et reste peu impacté par le conflit avec les Russes. Pour rappel, l’ouverture du marché européen a permis une explosion des importations ukrainiennes en Union européenne avec un coefficient multiplicateur de 72 entre les campagnes 2019-2020 et 2023-2024 et par 2000 en France, selon les données de l’AGPM (Association générale des producteurs de maïs) et de la FNPSMS (Fédération nationale de la production des semences de maïs et de sorgho).
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À la demande de l’AGPM, Olivier Antoine a évalué trois scénarios possibles des relations entre l’Ukraine et l’Europe pour 2030 : un statu quo, un rapprochement avec l’UE et une fin du conflit avec un gouvernement pro-russe.
Dans le premier scénario, l’étude conclut à une augmentation possible de 73 % des exportations ukrainiennes de semences de maïs vers l’Union européenne, qui accuserait de son côté une perte de 8 000 ha de ses surfaces de production dans le même temps. Cependant, un rapprochement avec l’Union européenne serait encore bien plus préjudiciable, selon Olivier Antoine, avec une progression des exportations de l’Ukraine de 133 % et d’une perte de 14 000 ha de production de semences de maïs sur le territoire européen. Finalement, c’est le scénario de la victoire russe qui est le plus favorable pour la filière européenne avec une baisse des exportations ukrainiennes de 41 % vers l’Union européenne.
Vers un doublement de la production de maïs semences en 2030 en Ukraine
Après la présentation d’Olivier Antoine, Alexandre Tchesnakoff, directeur des marchés entreprise du Crédit Agricole Ukraine, a confirmé lors d’une table ronde que les producteurs ukrainiens ont pour objectif de doubler leur production à l’horizon 2030 avec 90 % des exportations vers l’Europe. Cependant, Xavier Thévenot, membre du bureau de l’Union française des semenciers (UFS) et directeur général adjoint de Syngenta France, a modéré les craintes.
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Selon lui, l’Ukraine est compétitive pour produire des semences, mais présente aussi des risques : risque de change de la monnaie locale, protection de la propriété intellectuelle avec la corruption, risque de pollution par les OGM et aléas climatiques.
« Il est préférable d’avoir l’Ukraine sous influence européenne », indique Alexandre Tchesnakoff, directeur des marchés entreprise du Crédit agricole Ukraine
Clairement, les intervenants s’accordent sur le fait que l’Ukraine représente dès à présent une menace. « L’accès libre à l’Union européenne est déjà en place et c’est une concurrence déloyale », a insisté Franck Laborde, le président de l’AGPM. Quant à savoir s’il est souhaitable de voir l’Ukraine se rapprocher de l’Europe, Alexandre Tchesnakoff, directeur des marchés entreprise du Crédit agricole Ukraine, argumente qu’« il est préférable d’avoir l’Ukraine sous influence européenne » et précise que « l’agriculture ukrainienne ne va pas adopter les contraintes et les réglementations de l’Europe ».
« L’agriculture française est menacée », a commenté Jean François Naudi, président de la coopérative agricole Arterris
Au cours de l’assemblée générale de l’AGPM 2025, la filière maïs a confirmé ses craintes sur la concurrence, et en particulier celle de l’Ukraine. Lors de cet événement, les intervenants d’une nouvelle table ronde organisée par l’AGPM, dont le thème était "Bâtir une compétitivité stratégique au service de l’économie de notre filière dans le contexte de tensions géopolitiques" ont souligné les difficultés actuelles de l’agriculture française. Ainsi Franck Sander, vice-président de Copa Cogeca, souligne la perte d'influence au sein de l'Union européenne : « La France est faible actuellement en Europe ». Sur le plan technique, Jacques Groison, directeur général d’Arvalis, souligne le décrochage des rendements depuis vingt à vingt-cinq ans et la perte de moyens de production avec des pays concurrents, qui utilisent de nombreuses matières actives interdites en France.
« Nos concurrents sont agressifs », a indiqué Arthur Portier, consultant senior Chez Argus
Sur le plan international, Arthur Portier, consultant senior Chez Argus, a pointé l’agressivité de nos concurrents et préconise d’éviter d’être naïf sur leurs intentions. Ce discours est venu dans le sens d'Alexandre Tchesnakoff, plus tôt dans la journée, qui expliquait que l’Ukraine est résolument orientée vers l’export avec une volonté affichée de continuer à croître. Malgré ces vents contraires, Arthur Portier a continué son intervention sur un discours conquérant, pointant de nouvelles opportunités pour les producteurs de maïs et de nouveaux marchés à développer. De son côté, le directeur d’Arvalis explique que la production française devra compter sur plusieurs outils pour maintenir sa compétitivité avec les nouvelles techniques génomiques (NTG), la chimie et l’irrigation.
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