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Avril mise sur les carburants d’aviation durables et la cameline

Le groupe Avril a annoncé le 18 juin la signature d’un accord avec TotalEnergies pour étudier le développement d’une filière française de carburants d’aviation durables.

culture de cameline dans le Maine et Loire
Avril conclut un partenariat avec TotalEnergies pour développer les intercultures à destination des carburants d'aviation durables, notamment à base de cameline.
© Gabriel Omnès

Cette filière se concentrera sur le développement des cultures intermédiaires, validées par l’Union européenne pour l’utilisation dans la production de carburants d’aviation durables (CAD) ou sustainable aviation fuel (SAF) en anglais. « Avril fournira les huiles végétales issues des cultures intermédiaires à TotalEnergies qui les transformera en carburants aériens durables dans ses bioraffineries françaises et par coprocessing dans ses raffineries françaises et européennes », précise le communiqué de presse conjoint publié à l’occasion du Salon du Bourget.

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Saipol a récolté 500 tonnes de graines de cameline en France en 2024 mais vise des enjeux plus ambitieux

Saipol, filiale du groupe Avril spécialisée dans la trituration des graines oléagineuses, travaille sur la cameline en interculture à destination des carburants d’aviation durables depuis 2018. « 2024 et 2025 restent des années de tests sur cette culture, avec pour objectif d’améliorer la connaissance plutôt que des volumes importants », précise Loïc Godnair, responsable de la contractualisation et de la création de filière chez Saipol. « Nous souhaitons tout de même en accélérer la production avant 2030 », espère le représentant de Saipol.

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Un marché européen des carburants d’aviation durables estimé à 3 Mt à l’horizon 2030

La demande européenne pour les carburants d’aviation durables se monterait à 3 Mt d’ici à 2030, dont 0,4 Mt pour la France. En 2050, Avril prévoit une demande française de 2,6 Mt. « Les compagnies aériennes ont depuis le 1er janvier 2025 l’obligation de décarboner leurs activités avec l’incorporation de SAF à hauteur de 2 % de leur kérosène. Ce taux d’incorporation sera amené à augmenter pour atteindre 5 % en 2030 et 20 % en 2035 » déclare Loïc Godnair. La consommation de kérosène étant très importante, chaque point de pourcentage représente ainsi des volumes supplémentaires conséquents.

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La réglementation européenne, un enjeu pour la commercialisation des huiles végétales issues d’intercultures dans les carburants d’aviation

Pour le moment, les carburants d’aviation durables sont principalement fabriqués à partir d’huiles de cuisson usagées. Jusqu’à l’été 2024, les huiles végétales issues d’intercultures n’étaient pas éligibles pour la fabrication de SAF. « À l’été 2024, l’Union européenne a validé l’éligibilité des intercultures pour ce débouché. Chaque État membre doit retranscrire, et cela n’a pas encore été fait en France. C’est prévu pour le troisième trimestre 2025 », explique Loïc Godnair. « C’est pour cette raison que nous sommes encore patients sur le déploiement des surfaces », précise-t-il.

Cela, dans un contexte où les huiles de cuisson usagées importées d’Asie sont décriées pour leur caractère souvent frauduleux. « Aujourd’hui, ces fraudes pénalisent le secteur, mais ne nous empêchent tout de même pas de travailler au déploiement de l’interculture », s’exclame Loïc Godnair.

Lire aussi : Le bioéthanol pourrait représenter 1 % de la SAU française en 2035

La traçabilité de la cameline comme interculture devra être assurée

Seules les huiles végétales issues d’interculture pourront être valorisées dans les carburants d’aviation durables, d’après la réglementation. Cela implique donc pour les triturateurs d’être capables de garantir que la cameline a bien été produite en interculture et non en culture principale. « On a pensé à des outils d’imagerie satellite pour valider l’interculture. Dans tous les cas, la traçabilité est un pilier majeur de l’offre et permettra de justifier son sérieux et le prix à payer pour les raffineurs », déclare le représentant de Saipol.

« La traçabilité est un pilier majeur de l’offre et permettra de justifier son sérieux et le prix à payer pour les raffineurs », selon Loïc Godnair (Saipol).

Quel prix payé aux agriculteurs ?

« Saipol réalise un travail de fond pour embarquer l’ensemble de la filière dans cette production », se félicite Loïc Godnair. La signature du partenariat avec TotalEnergies s’inscrit donc tout à fait dans cette stratégie. « On espère que le prix de la graine sera suffisamment attractif sur le marché », avance-t-il. Pour l’instant, les prix sont difficiles à définir pour Saipol car la production n’est pas encore confrontée au marché.

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La culture et le stockage de la cameline supposent des volumes et une technicité spécifiques

Les graines de cameline ont un diamètre de l’ordre du dixième de millimètre, ce qui est très petit. Les installations dans la moissonneuse-batteuse doivent être adaptées car le moindre trou engendre une fuite. « Toutes les moissonneuses-batteuses sont capables de récolter la cameline, mais des réglages spécifiques doivent être effectués », explique Loïc Godnair. Du côté du stockage, la taille de la graine nécessite aussi des volumes importants pour remplir les silos qui y sont destinés chez les coopératives et les négociants. « À l’étape de la trituration, des adaptations sont aussi requises dans nos ateliers et les points industriels seront validés en 2025 », précise Loïc Godnair.

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