Aménagements fleuris : refuges ou pièges pour les insectes pollinisateurs ?
Les couverts fleuris sont reconnus pour pouvoir héberger de nombreux insectes auxiliaires de l’agriculture. Ils sont également envisagés comme un moyen d’atténuer les effets des pesticides sur les pollinisateurs, mais cela fait débat.

La thèse d’Estelle Bridoux à l’Itsap apportera de nouvelles connaissances en arboriculture.
Pièges ou refuges ?
Une étude récente a montré que la présence de pesticides dans le pollen récolté par les bourdons affecte la descendance. De plus, d’autres études ont souligné la contamination de la flore naturelle présente dans les parcelles et leurs bordures. Les bénéfices apportés par les bleuets, coquelicots, vipérines et autres fleurs des paysages agricoles pourraient ainsi être contrecarrés par la contamination du nectar et du pollen. Alors que les couverts fleuris implantés en dehors des parcelles peuvent être considérés comme un refuge par rapport aux cultures traitées, ils peuvent au contraire être vus comme des pièges quand ils attirent, et donc contaminent, des pollinisateurs sauvages habituellement peu présents dans la zone.
Quelle conséquence sur la pollinisation ?
Lors de l’implantation d’un couvert fleuri, les insectes pollinisateurs vont pouvoir se disperser entre les fleurs des cultures et celles du couvert. Cela entraînerait une réduction de la pollinisation sur les parcelles agricoles. À l’inverse, ce couvert pourrait attirer dans les parcelles une plus grande diversité d’insectes pollinisateurs, notamment des abeilles sauvages favorables à la pollinisation. À ce jour, la majorité des études sur le sujet ont trouvé un faible effet positif de tels couverts, voire pas d’effet, sur la pollinisation des cultures adjacentes. Toutefois, dans un cas, un effet positif plus marqué a été observé après plusieurs années d’implantation des couverts.
Adoption des couverts fleuris par les agriculteurs
Si les travaux scientifiques doivent se poursuivre pour valider ou non la pertinence de ces couverts pour les insectes pollinisateurs et la pollinisation, les modalités de mise en œuvre dans les exploitations agricoles ne doivent pas être oubliées. Trop de solutions agroécologiques ne sont pas adoptées par le monde agricole par manque d’anticipation de leur faisabilité et des contraintes technico-économiques associées.
Le contrecoup des pesticides sur les bourdons varie selon le paysage
Les résultats du projet européen PoshBee publiés dans la prestigieuse revue Nature rapportent une nouvelle fois l’incidence des pesticides sur les abeilles. La quantité de résidus de pesticides dans le pollen récolté par les bourdons dans les zones agricoles à dominance de pommiers est corrélée négativement à la production de cocons, de reines et au gain de poids des colonies. Mais cet effet négatif diminue quand la proportion de terres cultivées est plus faible (moins de 34 %) et quand la ressource alimentaire disponible est nutritionnellement intéressante (colza). Ainsi, l’implantation de couverts fleuris non traités pourrait atténuer les effets des pesticides sur les bourdons.