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Bien choisir son semoir à engrais verts

Entre griffes et dents, le cœur des vignerons balance. Voici les critères à prendre en compte pour ne pas se tromper.

Faut-il opter pour un semoir à dents ou à griffes ? Telle est la question que nombre de viticulteurs se posent. Et sur laquelle il ne semble pas y avoir de consensus. « Il y a deux écoles, plante Matthieu Archambaud, agronome spécialiste de l’agriculture de conservation : les partisans des disques et les adeptes des semoirs à dents. Mais il n’y a pas de technique meilleure qu’une autre. » L’avantage des disques est de pouvoir passer partout, même s’il y a des débris végétaux ou un chevelu racinaire dense. En revanche, l’outil est lourd et complexe à manier, notamment en vignes étroites ou en dévers. À l’inverse, les outils à dents sont légers et simples à employer. Mais ils bourrent facilement.

Les dents pour semer après du travail du sol

Par conséquent, pour Christophe Gaviglio, de l’IFV Sud-Ouest, le choix de l’outil doit se faire selon le type d’itinéraire technique. « Si, après destruction du couvert, la gestion des interrangs est de la tonte, mieux vaut opter pour des disques, recommande-t-il. De même, en cas de re-semis de couvert sur couvert, la meilleure solution sera d’opter pour des disques. À l’inverse, si le vigneron travail le sol, mieux vaut privilégier des dents seules. »

C’est la raison pour laquelle Éric Maille, conseiller viticole à l’AgroBio Périgord, préconise l’usage des griffes, et plus précisément celui d’un vibrorépartiteur à griffes. « Les disques sont à réserver au semis direct, afin d’ouvrir un sol non travaillé, confirme-t-il. Or je ne recommande pas ce mode de semis. » Il argue qu’il s’agit d’un semis en ligne, ce qui fait que les zones entre les sillons ne reçoivent aucune graine. Le sol ne bénéficie alors pas partout de l’effet agronomique des engrais verts. Par ailleurs, il estime que les graines sont plus concentrées sur les lignes, créant une concurrence trop importante entre les différentes semences et donc une moins bonne réussite du semis.

Des disques à privilégier sur terrain argileux

Ne pas partir sur du semis direct ; c’est un avis partiellement partagé par Loïc Pasdois, conseiller en machinisme à la chambre d’agriculture de la Gironde. « Je ne le recommande pas les premières années sur nos terres bordelaises, nuance-t-il. Les sols sont compactés avec beaucoup de vivaces. Les taux de levées ne seront donc pas terribles. » Mais de manière générale, et notamment sur les sols argileux, il est plutôt favorable à l’usage de disques, quel que soit le mode de semis. « Il n’y a qu’à regarder les outils présents sur le marché, expose-t-il. La plupart sont dotés de disques ouvreurs. Et selon le type de sol, le disque ne sera pas forcément suffisant. C’est la raison pour laquelle on trouve parfois en plus, des dents en T inversé à l’arrière, émiettant la terre pour optimiser le contact avec la graine. »

Mais si le choix de l’outil est important, il n’est pas déterminant. « Le semis peut être réussi même avec un semoir basique, pour peu que le moment de semis soit bien choisi, et que le sol soit bien préparé », confie Loïc Pasdois. Il expérimente d’ailleurs en ce moment du semis simplifié, avec un déchaumeur à disques muni d’une ou deux trémies et d’un rouleau arrière. « Un outil intéressant qui permet de s’affranchir du travail du sol », avance-t-il. À suivre.

Penser à l’autoconstruction

Éric Maille recommande chaudement d’autoconstruire son semoir, pour des raisons de coût. Il estime qu’il est possible de s’en sortir pour 1 500 à 3 500 €, contre parfois 45 000 € dans le commerce. C’est d’ailleurs l’option qui a été choisie par le GIEE couverts et les engrais verts, situé en Dordogne. Si vous êtes tenté par cette solution, l’Atelier Paysan propose des plans et stages sur le sujet.

N'hésitez pas sinon à découvrir celui de Christophe Lardière ici, ou celui de Yohan Eynard.

Pour connaître les astuces pour s’affranchir des problèmes de ségrégation des graines lors de mélanges : https://bit.ly/2Nsrvjw

c’est nouveau

I-Cubed sème à l’eau

I-Cubed, et plus exactement sa branche A-Cubed dédiée à l’agriculture, planche sur un prototype de semoir direct, avec ouverture d’un sillon non pas au disque, mais à l’eau à haute pression. Une idée séduisante sur le papier, mais peut-être moins dans la réalité. « Nous avons envisagé cette technologie de semis à l’eau pour implanter du couvert végétal sous le rang, indique Loïc Pasdois. Mais un frein important est le volume d’eau nécessaire. Cela reste pour l’instant au stade R & D. »

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