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L’exposition des animaux d’élevage aux antibiotiques continue de diminuer

Le rapport 2022 de l’Anses-ANMV sur le suivi des ventes de médicaments vétérinaires contenant des antibiotiques en France en 2021 vient d’être publié. Il montre que l’exposition globale des animaux aux antibiotiques a diminué en un an.

rapport anses
Le recours aux antibiotiques a considérablement diminué pour les animaux d’élevage.
© Françoise Fourn

Le premier plan Ecoantibio qui couvrait la période 2012-2016 visait une réduction de 25 % de l’usage des antibiotiques en cinq ans, en portant une attention particulière à l'utilisation des antibiotiques d'importance critique en médecine vétérinaire et humaine. L’objectif global du premier plan a été atteint avec une diminution de l’exposition animale aux antibiotiques de 36,5 % en cinq ans. En attendant les résultats du deuxième plan qui va s’achever fin 2022, soit un an plus tard qu’initialement prévu, l’Anses-ANV vient de dévoiler les résultats pour l’année 2021.

Des ventes d'antibiotiques administrés par voie orale en baisse

En 2021, le volume total des ventes d’antibiotiques s’est élevé à 371 tonnes et a affiché une baisse de 10,7 % par rapport à l’année 2020. Ce tonnage correspond à moins d’un tiers de celui enregistré au début du suivi en 1999 (1311 tonnes). Une diminution de 59,5 % est observée par rapport à 2011, année de référence pour le premier plan Ecoantibio. Cette évolution est en grande partie imputable à une diminution des ventes d’antibiotiques administrés par voie orale.

anses

 

L’exposition aux antibiotiques a diminué pour toutes les espèces

Les données de ventes permettent d’estimer le niveau d’exposition des animaux aux antibiotiques : l’indicateur ALEA (Animal Level of Exposure to Antimicrobials) correspond au rapport entre le poids vif traité estimé et la biomasse de la population animale en France.

Par rapport à 2011, l’exposition globale des animaux a diminué de 47 % : l’exposition a baissé de 79 % pour les prémélanges médicamenteux, de 54,9 % pour les poudres et solutions orales et de 12,3 % pour les injectables.

Au cours des dix dernières années, l’exposition aux antibiotiques a diminué pour toutes les espèces productrices de denrées alimentaires : - 23 % pour les bovins, - 58,5 % pour les porcs, - 67,9 % pour les volailles. Le nombre de traitements intra mammaires par vache laitière a chuté de 33,9 % par rapport à 2011 (- 12,6 % pour les traitements administrés au tarissement et - 49,4 % pour les traitements en période de lactation).

 

Des différences selon les formes pharmaceutiques

Après une forte baisse entre 2011 et 2016, l’exposition globale des animaux en France continue de diminuer sur la période 2017-2021. L’ALEA a baissé de 3,2 % entre 2020 et 2021.

Toutes espèces animales confondues, l’évolution de l’exposition sur un an varie selon les formes pharmaceutiques : - 18,2 % pour les prémélanges médicamenteux, - 1,6 % pour les poudres et solutions orales et - 2,2 % pour les injectables. Sur la dernière année, l’évolution de l’exposition varie selon les espèces : - 0,9 % pour les bovins, - 7,2 % pour les porcs, - 8,6 % pour les volailles. En 2021, l’exposition des animaux aux antibiotiques a atteint son plus bas niveau depuis 1999.

Des différences selon les antibiotiques

Après une forte baisse de l’ALEA entre 2011 et 2016, l’exposition animale a continué de diminuer sur les cinq dernières années. Cette diminution est néanmoins relativement moins importante que pendant le premier plan Ecoantibio (- 16,5 % par rapport à 2016). Une relative stabilisation de l’exposition animale est observée sur les cinq dernières années pour la majorité des familles d’antibiotiques, excepté pour les familles Tétracyclines et Polypeptides pour lesquelles l’exposition continue de diminuer.

La baisse se ralentit

« Il reste du travail à faire pour progresser car la baisse se ralentit. Il faudra sûrement passer par des changements de système de production comme l’agroécologie ou le plein air. Quand on va vers des élevages de plein air, on utilise des espèces plus robustes avec une croissance plus lente. On peut penser que ces animaux seront moins malades mais ils seront plus exposés aux parasites car ils seront à l’extérieur. On va donc augmenter l’exposition aux antiparasitaires dont la résistance peut aussi être un problème » explique Gilles Salvat, directeur général délégué au pôle recherche et référence de l’Anses.

La fréquence des traitements avec les antibiotiques d’importance critique est devenue très faible

La loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt de 2014 avait fixé un objectif de réduction de 25 % en trois ans de l’utilisation des antibiotiques appartenant aux familles des Fluoroquinolones et des Céphalosporines de 3e et 4e générations, l’année 2013 étant l’année de référence. Cet objectif particulier pour les antibiotiques d’importance critique en médecine humaine a été atteint et largement dépassé en 2016. Toutes espèces animales confondues, l’exposition aux Fluoroquinolones et aux Céphalosporines de dernières générations est relativement stable depuis 2017. Par rapport à 2013, l’exposition aux Fluoroquinolones a diminué de 87,7 % et l’exposition aux Céphalosporines a baissé de 93,8 %. Le nombre de traitements intra mammaires par vache laitière à base de Céphalosporines de dernières générations a chuté de 99,1 % entre 2013 et 2021. Depuis 2017, la fréquence des traitements avec les antibiotiques d’importance critique est devenue très faible.

Lire aussi : tous nos articles sur les antibiotioques

Quid de l’antibiorésistance ?

Dans un autre rapport sur l’antibiorésistance en santé animale en 2021 que vient aussi de publier l’Anses, il est mentionné que si le taux de bactéries résistantes continue globalement de diminuer pour la plupart des antibiotiques, l'amoxicilline et l'amoxicilline-acide clavulanique font exception. Depuis cinq ans, le taux d’Escherichia coli résistantes à ces antibiotiques augmente chez toutes les espèces suivies par le Résapath, sauf pour les dindes. Moins de 6 à 8 % des bactéries prélevées en 2021 sont résistantes aux fluoroquinolones et aux céphalosporines. Par ailleurs, les souches multirésistantes sont plus fréquentes chez les bovins et les porcs (17-20 %) que chez les volailles. « L’étude de l’antibiorésistance est importante car elle intéresse la santé animale et la santé humaine surtout lorsque l’on sait que la plupart des gènes de résistance préexistait à la découverte des antibiotiques » rappelle Gilles Salvat.

« Maintenir une utilisation prudente et responsable des antibiotiques »

Le second plan Ecoantibio a fixé l’objectif d’une réduction de 50 % en cinq ans de l’exposition à la colistine en filières bovine, porcine et avicole, en prenant comme référence l’ALEA moyen 2014-2015. Cet objectif a été atteint en 2020, avec une baisse de 66,6 % de l’exposition cumulée à la colistine pour ces trois filières. En 2021, l’exposition a diminué pour les porcs (- 76 %), les volailles (- 68,4 %) et les bovins (- 47,2 %) par rapport à l’ALEA moyen 2014-2015. L’exposition cumulée pour les trois filières a baissé de 68,7 % en 2021, par rapport à l’ALEA moyen 2014-2015.

La collecte de données de ventes et d’utilisation des antimicrobiens prévue par la règlementation européenne permettra de disposer de données plus précises afin de mieux cibler les actions menées dans le cadre de la lutte contre la résistance aux antimicrobiens.  « La dynamique pour l’utilisation prudente et responsable des antibiotiques en médecine vétérinaire doit être maintenue » conclut l’Anses.

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