Chine : pourquoi le pays ne parvient pas à réduire sa dépendance alimentaire au reste du monde ?
La Chine ne parvient pas à réduire sa dépendance agroalimentaire et énergétique du reste du monde. En même temps, une indépendance pourrait mettre en péril le marché mondial.
La Chine ne parvient pas à réduire sa dépendance agroalimentaire et énergétique du reste du monde. En même temps, une indépendance pourrait mettre en péril le marché mondial.
« Malgré une volonté affichée de s’affranchir de toute dépendance commerciale et économique, la Chine n’est pas encore autosuffisante dans tous les secteurs », selon les résultats d’une recherche de l’école de guerre économique (EGE) parue en juin. Le pays a importé 107,1 milliards d’euros de produits agroalimentaires en 2018 et du charbon, sa première source d’énergie, à hauteur de 19 milliards de dollars.
- Les importations de bœuf constituaient 5% de la consommation nationale chinoise (2010)
- Celles de produits laitiers, 20% de la consommation chinoise. Les importations étaient originaires de Nouvelle-Zélande et d’Australie (2010)
- La Chine importait 80% de sa consommation totale de soja en provenance des États-Unis et du Brésil (2013)
De faibles moyens de production
La productivité agricole de la seconde puissance mondiale est très faible. La Chine dispose de 8,5% des terres arables mondiales. La majorité des exploitations agricoles s’étendent, en moyenne, sur 0,6 hectare. La Chine ne parvient pas à nourrir 1,4 milliard d’habitants, malgré une modernisation du secteur depuis les années 1970. Les coûts de production sont également élevés. La production locale est donc fragilisée face aux importations.
Croissance démographique et nouveaux régimes alimentaires
Dans dix ans, la population chinoise sera chiffrée à 1,5 milliard d’habitants. Déjà, des changements démographiques sont observés. L’émergence d’une classe moyenne conduit à de nouveaux comportements alimentaires, en particulier chez les citadins. Avec la hausse des revenus, la part du budget alimentaire des ménages chinoise s’est décuplée. Elle est d’environ de 28%. Par conséquent, la consommation de viande a triplé depuis 1990. Elle atteignait 49,2 kg/habitant en 2018. Sur la même période, la consommation d’œufs et de produits laitiers a été multipliée par 26. Par ailleurs, l’alimentation urbaine peut s’apparenter à celle de l’Occident. Les importations de vins en provenance de France se sont accentuées dans les grandes villes chinoises.
Risque d’une dépendance agro-alimentaire et énergétique
Les importations chinoises dépendent principalement des États-Unis (23%), du Brésil (19%) et de l’Australie (7%). A eux trois, ces pays totalisent presque la moitié des importations agroalimentaires et énergétiques chinoises. Une variation sur l’un de ces marchés pourrait entraîner des répercussions sur les places chinoises.
La Chine tente de réduire cette dépendance
Pékin achète de nombreuses entreprises et terres agricoles, notamment sur le continent africain, afin d’assurer sa souveraineté et sa sécurité alimentaire.
Risques pour le reste du monde
La Chine dispose d’un stock d’environ 300 millions de tonnes de grains. En les vendant sur le marché international, le pays « aurait le potentiel de faire effondrer les cours des marchés agricoles […]. Il s’agit donc d’une arme commerciale redoutable pour dissuader ses adversaires économiques », souligne la recherche.