Aller au contenu principal

Colère des agriculteurs : « J’aimerais pouvoir faucher quand je manque de fourrage pour mes vaches »

Les agriculteurs maintiennent leurs points de blocage en France. Ils manifestent leur ras-le-bol administratif et demandent la reconnaissance de leur métier. Florian Denorme, éleveur laitier dans le Calvados, aimerait davantage de bon sens dans l’application de la PAC.

Florian Denorme, éleveur dans le Calvados
© Florian Denorme

Quelle mesure concrète faciliterait votre travail d’éleveur ?

La PAC durcit le verdissement et nous impose 4 % de jachères. Je me suis fait contrôler par satellite en 2022. J’avais fauché une parcelle en jachère avant le 15 juillet, car j’allais manquer de fourrage pour mes animaux l’hiver et je voulais qu’il soit de qualité. J’ai reçu des photos des anomalies détectées. Je ne vais pas renier ce que j’ai fait, mais je regrette le manque de bon sens. J’ai perdu 3 % de mes aides. Les années de sécheresse, j’aimerais que l’administration nous autorise à faucher en période d’interdiction. Quand les dérogations sont accordées, c’est trop tard. L’entretien des haies nous impose de ne pas les tailler entre le 15 mars et le 15 août, ce qui nous laisse peu de temps notamment avant l’implantation de colza ou de couverts.

Qu’est-ce qui améliorerait votre quotidien ?

La baisse des prix d’électricité. Je suis en système robot de traite, le poste est passé de 800 €/mois en 2021 à 1 600 €/mois en 2023, à consommation constante. Une aide de l’État serait la bienvenue. Nous avons installé des panneaux photovoltaïques pour revendre de l’électricité à Enedis. Tout est prêt depuis le mois d’août mais nous attendons d’être raccordés. Ça traîne et pendant ce temps, on paie l’installation.

Qu’est-ce qui vous semble paradoxal dans la réglementation actuelle ?

La laiterie nous a fait faire, il y a quatre ou cinq ans, un diagnostic bien-être animal. Ce n’est pas nouveau mais nous devons recommencer l’état des lieux pour mettre la note de Danone à jour. Pour améliorer la note, on nous demande d’élever les petits veaux par lots de deux ou trois et non en niches individuelles. Alors que quand le veau est seul, il y a moins de problèmes sanitaires. C’est contradictoire.

Estimez-vous vivre correctement de votre métier ?

Pour l’instant oui, mon EBE n’a pas baissé. Je suis en Gaec avec mon père, on dégage 2 800 €/mois chacun. On rémunère un salarié et une apprentie. Le gros poste aujourd’hui, c’est l’alimentation. Les coûts de concentrés baissent moins vite que ceux des céréales. En décembre 2021, nous avions un coût alimentaire de 170 €/1 000 l. En décembre 2023, il a grimpé à 183 €/1 000 l.

L’OP des 3 Vallées (regroupe les producteurs livrant chez Danone au Molay-Littry, N.D.L.R.) a renégocié le prix du lait en 2023. La formule de calcul de prix du lait est actualisée tous les six mois mais nous avions subi une forte hausse des charges. La laiterie s’est rattrapée dans l’année, mais en janvier 2024 nous perdons la prime exceptionnelle de 25 € accordée les trois derniers mois. Il ne faudrait pas que le prix baisse trop.

Fiche élevage

Gaec du Pont Uve à Neuilly-le-Malherbe dans la Calvados

2 associés

1 salarié (sur le départ)

1 apprentie

1 250 000 l de lait livrés chez Danone

250 ha de SAU

Les plus lus

éleveurs  avec leur troupeau au pâturage
« Nous dégageons 74 000 € de revenu disponible à deux en bio avec 36 vaches laitières »
Au Gaec du Bourguet, dans l’Aveyron, Camille et Lénaïc Vabre ont fait le pari osé de s’installer à deux sur une petite structure…
Anne et Jean-Marc Le Vourc’h, éleveurs
« En produisant moins de lait, nous avons amélioré notre marge brute de 100 €/1 000 l en un an »
Dans le Finistère, depuis qu’ils ont désintensifié leur système, Anne et Jean-Marc le Vourc’h ont amélioré tous les indicateurs…
Sylvain Tola, éleveur dans la Loire, et ses vaches montbéliardes au pâturage en mars
Prairie : « Dans la Loire, mes 65 vaches pâturent tout l’été sur 22 hectares »

Le dactyle, la luzerne, le lotier et six autres espèces composent les prairies des vaches laitières de Sylvain Tola, dans la…

Guillaume Dousset, éleveur à Frossay en Loire-Atlantique
« Nos bœufs prim’Holstein croisés hereford sont finis un an avant nos autres bœufs »

En Loire-Atlantique, les parcelles de marais de Guillaume et Maxime Dousset sont valorisées avec des bœufs croisés prim’…

Soins vétérinaires : « Nous avons opté pour un forfait de 37 euros par vêlage pour le suivi de nos vaches »

Certains éleveurs contractualisent les soins de leur troupeau avec leur vétérinaire. Le forfait permet un suivi régulier des…

Franck Bonraisin, associé du Gaec La Morice
« Nous avons gagné 10 €/1 000 l grâce à une vraie stratégie de renouvellement »

Depuis deux ans, le Gaec La Morice utilise le génotypage et la semence sexée pour limiter le nombre de génisses de…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière