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Alliances locales : pas un coup de com’

Le magasin Leclerc Aurillac est celui de l’enseigne à générer le plus gros chiffre d’affaires dans le cadre de contrats signés en direct avec des producteurs locaux.
 

Boucher découpe de la viande sur l'étal du rayon traditionnel.
Nicolas Amat, responsable des rayons boucherie et charcuterie traiteur du Leclerc Aurillac
© Patricia Olivieri

Il n’y a rien qui agace plus Joseph Chauvet que les publicités de ses confrères et néanmoins concurrents de la grande distribution se targuant de travailler avec des producteurs locaux, élevant des poulets... du Gers ou des Landes(1). Pour la proximité, on repassera. Propriétaire avec son épouse Anne-Sophie du magasin Leclerc Aurillac depuis 2007, lui n’a pas attendu la vague du local post-Covid pour promouvoir les saveurs issues du terroir cantalien en nouant des partenariats bilatéraux avec des producteurs installés dans un rayon de 80 kilomètres (à vol d’oiseau) au plus de son supermarché. “On n’a pas succombé à ce phénomène de mode qui a suivi la crise sanitaire et récemment la crise agricole, l’achat local, c’est génétique chez nous, toutes les équipes en sont imprégnées”, argue le chef d’entreprise qui a adhéré dès son lancement en 2009 au concept des Alliances locales de l’enseigne E.Leclerc. 

“C’est dans notre ADN”

Preuve de ce volontarisme : 15 ans plus tard, avec plus de 4,5 millions d’euros de chiffre d’affaires généré au travers de ces alliances locales(2) (soit 8 % de son CA total, drives compris), le magasin aurillacois est le premier des 620 Leclerc de France engagés dans la démarche. “On a un terroir qui s’y prête, reconnaît Joseph Chauvet. Mais c’est aussi le résultat d’une activité forte dans les Alliances locales. On est d’ailleurs reconnu par nos clients pour cette offre comme par les 140 producteurs et productrices avec lesquels on travaille au quotidien.” Plus de 50 % des œufs vendus au Leclerc Aurillac proviennent ainsi d’élevages implantés à moins de 25 km, 100 % de la viande du rayon traditionnel, une grande partie des fromages à la coupe,... Glaces, miels, biscuits, truites, etc., et même depuis peu de l’huile de colza viennent ainsi compléter l’offre des productions fermières de proximité, ou, à défaut, d’artisans du cru. Seul rayon orphelin, celui des fruits et légumes, faute d’une offre locale stable et suffisante tout au long de l’année. “On est en recherche de producteurs”, lance le distributeur indépendant, mettant en avant les trois intérêts à cette politique 
d’approvisionnement en direct au plus près du terroir.

Contrats Egalim pur jus

En premier lieu, il s’agit de répondre à une attente forte (a fortiori dans le Cantal) et croissante des consommateurs : “76 % des consommateurs essaient d’acheter le plus souvent possible des produits locaux”, selon de récentes publications de l’Insee. Second argument, écologique cette fois, avec un bilan carbone bien plus favorable. “C’est quelque chose qu’on a toujours eu à cœur de défendre”, plaide Joseph Chauvet, qui vante également les vertus environnementales des systèmes d’élevage cantaliens. La dernière raison est plus prosaïque : “En tant qu’entreprise de 240 salariés, on a tout intérêt à ce que nos voisins et donc les agriculteurs, se portent bien”, affiche le commerçant, qui a adopté les préceptes de la loi Egalim dès ses débuts. 
Exemple au rayon boucherie : les contrats triennaux signés avec les sept éleveurs qui fournissent la centaine de vaches et génisses (salers et salers croisées charolais) définissent un prévisionnel de volumes et les modalités de prix : 80 % sur le coût de production (basé sur l’indice Ipampa viande bovine(3)), 20 % sur les cotations, avec comme référence des animaux R+. “On a préféré abaisser cette référence à la classe R= pour que les éleveurs soient rémunérés 10 centimes de plus”, expose Nicolas Amat, responsable du rayon boucherie et charcuterie traiteur. 

100 % de local au rayon boucherie trad’

Son équipe de douze bouchers réceptionne, découpe et travaille chaque semaine 2 à 2,5 carcasses abattues en prestation par l’abattoir Covial d’Aurillac. Des animaux d’un poids carcasse moyen de 460 kg carcasse, classé majoritairement R+ et U-. “On travaille les avants la première semaine pour optimiser au maximum les pièces en steak haché, pot au feu ou encore merguez de bœuf selon la saison, tandis que les arrières sont maturés entre 15 jours et 3 semaines”, détaille ce fils et frère d’agriculteurs aveyronnais, qui se rend chez chaque éleveur sous contrat pour sélectionner les bêtes avant leur mise à l’engraissement puis avant abattage. 
En plus des volumes contractualisés, “on se fait plaisir sur les foires, en essayant de récompenser les éleveurs qui travaillent avec nous, comme récemment à la vente aux enchères de Lafeuillade”, complète le responsable d’un rayon bien loin de connaître une crise de consommation. “On a déjà plus de 30 bêtes abattues sur ce début d’année et on a de nouveaux clients qui arrivent régulièrement, grâce à cet approvisionnement 
100 % local. En plus d’avoir une viande de qualité, on a une histoire à raconter en mettant en avant les éleveurs via des vidéos sur les réseaux sociaux”, poursuit Nicolas Amat, qui joue la transparence sur le prix payé aux producteurs : 6,70 €/kg en moyenne sur l’ensemble des achats de vaches et génisses depuis janvier 2024.
Sur ces étals traditionnels, il écoule par ailleurs quatre à six veaux chaque semaine (via Covial), 
250 kilos de porcs (de Yolet), des volailles de la Ferme de Vabres (Lacapelle-Viescamp) et des agneaux du Quercy. Et en libre service, “c’est de la viande 100 % française”, complète Joseph Chauvet.

(1) Sauf peut-être d’entendre l’opprobre jetée indifféremment lors des mobilisations agricoles sur tous les acteurs de la grande distribution...
(2) En excluant les ventes de produits 
locaux transitant par des intermédiaires (par exemple LFO pour le cantal AOP) ou commercialisés en MDD ou sous pavillon Nos régions ont du talent.
(3) Avec une révision à chaque actualisation des indicateurs de coût de production. 

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