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« Notre robot d’alimentation travaille 10 heures par jour depuis 8 ans »

Au Gaec des Chênes Verts à Plorec-sur-Arguenon, dans les Côtes-d’Armor, le robot d’alimentation fait ses preuves depuis 2013. Ludovic et Mickaël Fenice ont pu optimiser l’alimentation des 270 bovins, tout en économisant de nombreuses heures à la distribution.

« Huit ans après son installation, le robot affiche déjà 29 000 heures, ce qui représente en moyenne près de 10 heures d’activité journalière », observent Ludovic et Mickaël Fenice, deux frères en Gaec à Plorec-sur-Arguenon, dans les Côtes-d’Armor. Le robot GEA MixFeeder installé depuis octobre 2013 alimente un troupeau de 110 Prim’Holstein. En hiver, il assure la distribution à 270 animaux hébergés sous le même bâtiment, répartis de part et d’autre d’un couloir d’alimentation de 120 mètres de long. « À l’époque nous avons préféré opter pour un wagon suspendu à un rail, une solution qui était déjà bien connue, contrairement aux robots sur roues pour lesquels on manquait de recul », justifient les deux associés. La réflexion sur le robot d’alimentation s’intégrait dans un projet d’agrandissement du bâtiment, permettant de prévoir un espace en bout de stabulation pour accueillir la cuisine.

Une demi-heure d’astreinte par jour

« Avec l’augmentation du cheptel, la désileuse-distributrice nous imposait un temps de travail qui n’était plus raisonnable. Cela représentait jusqu’à 6 heures par jour lorsque le bâtiment était plein, pour distribuer le maïs et l’enrubannage en deux repas. Tout en sachant que la ration n’était pas optimisée… » Dorénavant, Ludovic et Mickaël Fenice ne passent au total qu’une demi-heure par jour pour alimenter la cuisine du robot, repousser les refus et distribuer des betteraves au godet. « Les deux stockeurs en vrac de maïs ensilage sont remplis tous les jours en un quart d’heure. Le stockeur de paille contient une balle pour une autonomie de 4-5 jours. Quant à la mélangeuse double vis de 16 m3, elle est remplie tous les deux jours avec deux balles d’enrubannage et une balle de paille. » Outre le gain de temps, les deux frères ont très nettement amélioré l’efficacité de leur ration, qui est désormais mélangée, ciblée selon l’âge des animaux et distribuée en plusieurs repas. « On programme toutes les rations depuis l’écran tactile du wagon, en indiquant les quantités d’ingrédients par animal, le nombre d’animaux et les heures de repas pour chaque lot. »

Cinq repas pour les 90 vaches laitières

En hiver, l’automate distribue la ration des 90 VL en production sur cinq repas. « Le wagon de 2,5 m3 accueille environ 800 kg de ration en un voyage. Pour se charger, mélanger et distribuer un repas, il lui faut environ 45 minutes », estiment Ludovic et Mickaël Fenice. La vingtaine de vaches taries dispose d’une ration riche en paille distribuée en trois fois. Les 120 génisses sont séparées en trois lots, en fonction de leur âge (4-6 mois, 6-9 mois, plus de 9 mois) avec des rations spécifiques apportées en deux ou trois fois. Les quatre cases de taurillons bénéficient de la même ration distribuée en deux fois. Le dernier lot accueille des vaches de réforme ou des charolaises à l’engraissement, le Gaec disposant d’un atelier naisseur/engraisseur avec 70 mères charolaises sous un autre bâtiment non desservi par le robot. « Ce serait possible de le raccorder au robot avec un rail entre les deux bâtiments, indique Mickaël Fenice. Mais pour l’instant, on n’y voit pas d’intérêt, car les vaches à viande sont au pâturage une grande partie de l’année et on leur distribue essentiellement du foin et de l’enrubanné l’hiver. »

Prendre le temps d’ajuster les rations

Le gain le plus visible après l’arrivée du robot a été observé sur les taurillons. « La ration mélangée a eu un impact très rapide sur leur croissance avec des poids finaux plus élevés. » Les effets sur le troupeau laitier ont été plus longs à se dessiner. « On a progressivement obtenu un gain de production et une amélioration de la santé des vaches. Mais la période d’adaptation a été assez longue pour bien ajuster la ration mélangée et le nombre de repas, suivant les lots d’animaux. La limitation des refus permise par le robot n’est pas une fin en soi. Au début, en ajustant au kilo près, on avait tendance à trop réduire les quantités, avertissent les éleveurs. Ces progrès ne sont pas liés uniquement au robot, mais aussi à l’intégration de luzerne dans les rations. En parallèle, nous avons donc nettement amélioré l’autonomie alimentaire en réduisant la consommation d’aliment, notamment pour les génisses et les taurillons. »

Chiffres clés

Surfaces

230 ha de SAU

60 ha de maïs

80 ha de cultures (céréales et colza)

12 à 15 ha de luzerne

75 ha de prairies

Effectif moyen alimenté au robot

110 VL (1 003 000 l de lait de référence)

120 génisses

30 taurillons

10 vaches à l’engrais

Ration hivernale des VL

43 kg de maïs

4 kg de luzerne enrubannée

1 kg de paille

1 kg de soja

Minéraux

9 kg de betteraves sucrières (au godet)

Complémentation au Dac

Prix du robot (actualisé au 10/2021)

230 000 euros HT sans les rails

 

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Une cuisine et un wagon entretenus par les éleveurs

Suspendu à un rail, le wagon mélangeur-distributeur est alimenté par trois stockeurs et un bol mélangeur. La relative simplicité de l’installation permet aux deux associés d’assurer l’essentiel de l’entretien.

Implantée en bout de bâtiment, la cuisine de 12 x 16 mètres accueille côte à côte les trois stockeurs et la mélangeuse à poste fixe. En position inclinée, les stockeurs disposent d’un fond mouvant et de démêleurs assurant un déchargement directement dans le wagon, ce dernier intégrant un système de pesée pilotant la mise en route et l’arrêt des stockeurs en fonction de la quantité programmée. En sortie de mélangeuse, un tapis convoyeur incliné achemine la matière dans le wagon. Ce dernier se positionne également sous l’arrivée des vis acheminant les concentrés et minéraux. Il vient ensuite se raccorder à un moteur électrique à poste fixe entraînant sa vis horizontale qui mélange la ration. Il effectue la distribution en parcourant l’un des deux rails positionnés de chaque côté du couloir d’alimentation, grâce à un aiguillage en sortie de cuisine. « Notre couloir de 5 mètres de large nous a contraints d’installer de larges portiques pour accueillir les deux rails qui sont perchés à 3,60 mètres de haut, de manière à pouvoir passer avec des machines. C’est d’ailleurs bien utile en cas de panne du robot. »

Des batteries pour la distribution

Le déplacement sur le rail et le déchargement du wagon sont assurés à l’aide de batteries embarquées dans le wagon, qui se rechargent dans la cuisine en dehors des périodes de distribution. « Les batteries sont celles d’origine, on n’a pas observé de perte d’autonomie en huit ans. » La consommation électrique du robot se concentre surtout pendant les phases de préparation de la ration, notamment lors de la première mise en route du bol mélangeur qui est entraîné par un moteur de 40 kW. « La dépense d’électricité est de toute façon largement inférieure à celle de gazole que l’on avait auparavant. »

Les tapis des stockeurs mis à rude épreuve

Avec l’expérience, les deux éleveurs assurent l’essentiel de la maintenance sur leur installation. « Nous étions l’une des premières installations en France, ce qui a conduit à pas mal de tâtonnements dans la mise en route les premières semaines. Ensuite, tout est rapidement rentré dans l’ordre et le robot est très rarement immobilisé », assurent les frères Fenice. L’entretien annuel se résume au changement d’un jeu de courroies et d’un motoréducteur. « Les couteaux des vis du bol et de celle du wagon sont à changer tous les deux ans. Mais l’intervention la plus coûteuse (environ 4 000 euros par stockeur) reste le renouvellement des tapis des deux stockeurs à maïs qui ne durent que trois ans. En plus de la corrosion liée à l’acidité de l’ensilage, la forte inclinaison des stockeurs leur impose beaucoup de contraintes mécaniques. Nous avons également changé la vis de mélange du wagon au bout de 6 ans. »

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