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Tracteurs vignerons : "Un point de vue incomparable avec une cabine frontale"

Deux viticulteurs en appellation saint-joseph se sont équipés d’un tracteur à cabine frontale, en complément des autres tracteurs de l’exploitation.

« C’est probablement le seul Multihog en viticulture », s’avancent Luc et Marc Duclaux, deux frères associés au sein du Gaec de Blacieux, à Talencieux, dans le nord de l’Ardèche. L’exploitation en polyculture-élevage est à la tête d’un troupeau de 25 vaches allaitantes et cultive des prairies, des céréales, 4 hectares d’abricotiers et 18 hectares de vigne, majoritairement en côtes-du-rhône saint-joseph, le reste étant en IGP. L’exploitation complète son activité avec de la prestation d’entreprise (pulvérisation, prétaillage, etc.). Le domaine possède donc cinq tracteurs vignerons interlignes classiques, mais qui ne donnent pas entière satisfaction pour tous les travaux. « Une grande partie des vignobles travaillés sont des parcelles dans des pentes, explique Luc Duclaux. Il y a des différences de hauteur entre deux rangs consécutifs. Et quand il s’agit de vieilles vignes, les ceps ne sont pas parfaitement alignés et surtout ils sont biscornus. Avec les tracteurs interlignes classiques, travailler le sol sous le rang s’effectuait à faible allure, puisque nous ne pouvions contrôler qu’un demi-rang à chaque passage. Les casses sur le palissage ou les ceps n’étaient pas rares. Nous souhaitions autre chose. »

Au plus près de l’outil frontal

La prospection et l’essai de différentes solutions existantes sur le marché les amènent à considérer les tracteurs Holder, ces engins articulés avec une cabine frontale. Les deux frères sautent le pas, en dénichant en 2016 une occasion au Luxembourg. L’essai est concluant. « La position avancée de la cabine nous donne un point de vue incomparable sur les outils frontaux, apprécie Marc Duclaux. Même les tracteurs articulés à poste de conduite réversible de type Antonio Carraro n’offrent pas une position aussi avancée. » « En poste inversé, le siège se retrouve quasiment au-dessus de l’articulation », explicite son frère.

Les associés ont confirmé leur choix sur ce type de tracteurs en début d’année avec un Multihog CX75, acheté 60 000 euros à un concessionnaire savoyard, après une saison de déneigement dans une station de ski et une centaine d’heures au compteur. « C’est certainement le seul Multihog utilisé en viticulture, voire en agriculture, avance Marc Duclaux. Nous avons fait installer une monte de pneumatiques agraires, jusque-là non proposée au catalogue du constructeur irlandais. » Limité par l’espace pour les roues, les viticulteurs ont dû trouver un compromis entre diamètre et largeur d’un côté et une empreinte la plus grande possible de l’autre. « Il ne fallait pas monter trop large, pour passer aisément dans les vignes, explique Luc Duclaux. Nous avions cependant plus de latitude en termes de monte de pneumatiques que le modèle supérieur dans la gamme Multihog que nous avons eu à l’essai et dont le gabarit hors pneumatique passait tout juste. » Les deux frères ont fait monter une pompe hydraulique de 100 l/min en lieu et place de la 50 l/min existante.

Un relevage avant double effet

Ils ont acheté un porte-outil interceps Boisselet spécialement adapté à ce porteur. L’outil dispose de réglages de l’écartement, de la profondeur de travail et de l’inclinaison de l’intercep, ceci de manière indépendante à droite et à gauche. Double effet, le relevage frontal propose une position libre, mais pas de contrôle de position, ce qui impose des roues de jauges sur l’outil.

La conduite d’un articulé demande une certaine habitude, mais est vite appréciée. « Les roues arrière passent dans le sillage des roues avant ", explique Marc Duclaux. Dans les tournières, l’articulation permet d’aligner plus rapidement l’outil frontal. En revanche, quand l’engin glisse vers la pente, se sortir de cette situation est un peu plus délicat. « Cela arrive notamment lorsque le sol est ameubli par les interceps frontaux, explique Luc Duclaux. De plus, le travail du sol avant tend à soulever le nez du tracteur. Et le patinage lié à la transmission hydrostatique accentue cet effet. »

Un tracteur complémentaire

Malgré des moteurs hydrauliques Poclain dans les roues, la garde au sol reste limitée. Néanmoins, les quatre roues sont freinées, ce qui lui permet d’être homologué à 40 km/h. La suspension indépendante de chaque roue permet d’absorber en partie les irrégularités du terrain (une pierre par exemple) et de gagner en stabilité, à l’effeuillage, au rognage et au prétaillage entre autres. Sur route, la suspension est également un vecteur de confort. Ce dernier vaut également au niveau de l’ambiance sonore, le moteur étant logé à l’arrière, derrière l’articulation.

Les deux frères s’accordent à dire que ce tracteur est un outil complémentaire aux tracteurs interlignes de l’exploitation. Livré début avril, il a réalisé 75 heures de travail, essentiellement de l’intercep et de l’effeuillage. Les associés prennent tranquillement leurs marques et entendent multiplier les usages, comme la prétailleuse, la rogneuse, le rolofaca ou une benne à vendange spécifiquement conçue pour l’appareil. " L’une de ses limites, c’est qu’il faut parfois des outils spécifiques, regrette Marc Duclaux. On pourrait notamment installer un pulvé sur la partie arrière. Mais cela pose la question des prix d’achat et de revente de tels outils. "

A savoir

Multihog CX75

Surface : 18 ha de vigne

Type de sol : sable

Topographie : coteaux

Distance interrang : 2,10 et 2,30 m

Prix en 2017 : 60 000 euros HT d’occasion

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