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« Semer vite me permet d’intervenir dans de meilleures conditions »

Semis de précision. Jean-Luc Billault a adopté la technique du semis rapide pour ses cultures en ligne. Il nous confie les raisons qui l’ont poussé à adopter cette méthode et nous en explique les conséquences.

Il y a maintenant trois ans, Jean-Luc Billault, agriculteur dans la Vienne, à La Ferrière Airoux, a fait le choix de s’équiper d’un semoir monograine aux performances accrues. Il a en effet troqué son semoir traditionnel huit rangs porté repliable contre un traîné de six rangs Väderstad Tempo F. « C’est le jour et la nuit entre ces deux matériels, explique l’agriculteur, je ne connaissais que très peu la marque avant d’investir dans le Tempo, mais la conception du semoir, innovante à l’époque, m’a tout de suite séduit. » Le tempo se différencie par son entraînement électrique des éléments, abolissant les systèmes à chaînes, pignons et cardans. « Il y a moins d’usure et par conséquent moins de jeu, donc toujours la même précision », apprécie l’exploitant. La conception du châssis a elle aussi joué en la faveur du semoir suédois : « auparavant, avec mon semoir porté repliable les éléments extérieurs venaient se superposer à ceux fixes, une fois repliés. Et au travail, je constatais une différence de pression avec des éléments qui avaient tendance à se relever de chaque côté comparativement à la poutre principale et une augmentation du taux de patinage. Nous étions obligés d’augmenter la densité de semis de ces éléments. La poutre fixe du Tempo et le système de repliage des éléments vers l’avant, du fait du châssis traîné, corrige ce problème en maintenant une pression constante et uniformément répartie, constate Jean-Luc Billault. De plus, le poids conséquent de chacun des éléments limite les effets de pianotage, dans des sols très pierreux notamment, ou à vitesse élevée. » Le système de distribution de la graine par surpression a fait ses preuves sur l’exploitation : « même en conditions limites de semis, la graine est 'injectée' dans le sol, donc toujours au contact de la terre, même lorsque le sillon est mal refermé par les roues plombeuses. »

Un semis compris entre 12 et 15 km/h

Une telle conception permet au semoir d’atteindre des vitesses de semis non négligeables, voire même inédites. « Suivant les cultures et le type de terre, nous semons entre 12 et 15 km/h. Nous avançons plus vite que le rouleau plombeur qui suit", sourit Jean-Luc Billault. L’amputation de deux éléments par rapport au modèle précédent est donc loin d’être un handicap pour le débit de chantier. Les 90 hectares de maïs sont semés sans difficulté en moins de quatre jours, sans faire de grosses journées. « L’objectif n’est pas de se libérer au plus vite de cette tâche qu’est le semis, mais d’optimiser au maximum la fenêtre de tir en intervenant dans des terres réchauffées, chose que l’on ne pouvait pas se permettre auparavant. Si la période n’est pas propice au semis, nous préférons dans ce cas nous concentrer sur la préparation du lit de semence ou tout simplement patienter. »

Les doublons sont un indicateur de vitesse

Le pourcentage de doublons détermine la vitesse d’avancement. Même si pour chaque culture sont fournis deux types de plateaux (en fonction de la taille des graines), le pourcentage de doublons varie suivant la variété. « En changeant de variété, nous avons vu le pourcentage de doublons passer de 1 à 15 %, en maintenant la même vitesse de semis. En diminuant la vitesse, le pourcentage de doubles a baissé proportionnellement. Après, il ne faut pas trop réduire non plus. Contrairement aux habitudes, plus la vitesse de semis est élevée, plus le semis est régulier, tant au niveau de la densité que de l’espacement entre graines, ce qui est déroutant au départ », se souvient l’exploitant. La profondeur de semis est elle aussi respectée, voire même mieux qu’auparavant, malgré la vitesse, grâce à une pression plus forte exercée par chaque élément. Même constat pour l’engrais, déposé à quelques centimètres de la ligne de semis.

Les autres facteurs limitants influant sur la vitesse sont "la forte présence de pierres et bien évidemment le confort ", sourit l’agriculteur. "Jusqu’à présent, nous n’utilisions pas de guidage RTK, ce qui va changer cette année et qui sera un réel avantage, surtout à de telles vitesses de semis". Mais le gain de temps se fait également au remplissage, avec une trémie unique de 1 275 litres pour l’engrais, réduisant le temps d’immobilisation.

Un investissement de 11 000 euros par rang

Plein, le semoir dépasse les trois tonnes. Le constructeur préconise alors une puissance de seulement 70 chevaux. « Mon tracteur fait 145 chevaux, ce qui est surdimensionné, mais le châssis traîné dispense de masse. Dans les bouts de parcelles, le semoir campe sur ses deux roues de transport, ce qui est juste lorsque les conditions sont un peu fraîches, car le semoir a tendance à trop marquer. Quatre roues, comme sur le modèle de huit rangs seraient préférables pour mieux répartir la pression au sol. Seulement, je n’étais pas prêt à mettre 15 000 euros de plus pour deux rangs supplémentaires », souligne Jean-Luc Billault. L’investissement de 67 000 euros était déjà conséquent, il fallait tout de même compter plus de 6 000 euros de surcoût par rapport à un modèle de six rangs Monosem. Mais l’avance technologique de l’époque a largement compensé ce surcoût. "Et je sais aussi que ce semoir a une bonne valeur de revente ».

L’économie est aussi réalisée pendant le semis en pratiquant la modulation de doses de semis et d’engrais. "En modulant, on gagne environ 10 % du coût par hectare qui avoisine les 200 euros".

5 cultures à 80 centimètres d’interrangs

Maïs de consommation, maïs semence, tournesol et colza sont implantés au semoir monograine sur l’exploitation, soit près de 140 hectares. « Toutes les cultures sont semées à 80 centimètres d’intervalle entre rang. À la base ce n’est pas un choix car l’interrang de ce semoir est fixe, mais c’est un inconvénient auquel je me suis vite accommodé, même pour le colza. Au début, je me suis amusé à repasser entre les rangs pour réaliser un semis à 40 centimètres d’intervalle, mais je dois reconnaître que le travail n’était pas de qualité. Et puis une fois à 80 centimètres, je n’ai pas trouvé de répercussion sur le rendement. Cette année, je vais même essayer de semer 5 hectares de haricots verts porte-graine."

« Je fertilise et je désherbe au semis »

"J'utilise mon semoir Tempo F, de huit rangs, pour réaliser semis, fertilisation et désherbage sur le rang, en un seul passage, pour emblaver mes 200 hectares de tournesol chaque année en coteaux. Une fois le sol préparé, lorsque le semoir est passé, je sais que je n’ai plus à retourner dans la parcelle. En un passage, j’apporte la semence, l’engrais solide via la trémie et les disques incorporateurs, mais aussi l’engrais liquide, mélangée au désherbant, grâce à une cuve frontale et des buses en bout de chaque élément, que j’ai adapté moi-même. Comparé à mon précédent semoir de même largeur, je gagne en débit de chantier. Déjà je pars avec 18 hectares d’autonomie. Le remplissage complet me prend 20 bonnes minutes. Mais le gain de temps s’effectue au semis avec des vitesses de 8,5 km/h de moyenne, soit 2,5 km/h de plus. On est loin des records de la plaine mais le contexte topographique et la pulvérisation sur le rang (débit limité) sont des freins non négligeables."

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