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Location : Vers l’ubérisation du matériel agricole

Deux sites internet de location de machines agricoles entre agriculteurs ont fait récemment leur apparition. Premier bilan par les utilisateurs.

L’automne dernier, deux sites web de location de matériels agricoles entre utilisateurs (agriculteurs, ETA, Cuma) ont fait leur apparition. Il s'agit de www.votremachine.com et wefarmup.com. A l'image d'Uber pour les taxis, ils visent l'économie du partage, l'innovation numérique et la recherche de compétitivité. Ces plateformes numériques mettent en relation des propriétaires de matériels qui cherchent le meilleur amortissement de leur investissement et des locataires qui ont un besoin ponctuel de ces matériels. Les propriétaires saisissent sur le site internet un certain nombre d'informations sur leur matériel et définissent les plages d'utilisation ainsi qu'un prix, une fourchette étant bien souvent proposée. Pour rassurer et aider les agriculteurs, ces sites facilitent les démarches administratives clés en main en réalisant une facture de location toute faite et se chargent systématiquement de l'assurance du matériel loué. Qui plus est, wefarmup.com propose de noter les différents loueurs et locataires dans le but de rassurer davantage.

Bruno Plaino, responsable de la Cuma départementale des Landes

Un moyen de réduire les charges de mécanisation

"Nous sommes des habitués de la location puisque avant votremachine.com, nous louions auprès de sociétés spécialisées comme la SLO et nous échangeons des Terra Gator avec des entreprises de travaux agricoles de Normandie et de Bourgogne. Avec votremachine.com, nous avons loué à plusieurs reprises des tracteurs de 300 chevaux avec une tonne à lisier pour assurer le ravitaillement de l’automoteur d’enfouissage de lisier, mais également un tracteur de 100 chevaux pour tracter un retourneur d’andain de compost ou encore une remorque trois essieux. Les prix sont très compétitifs, se situant entre un crédit-bail et une location pure en concession. Le système est rapide puisqu’on a un retour à notre demande dans la journée. Nos interlocuteurs sont des hommes de terrain et connaissent les matériels spécifiques. Les matériels présentés sont souvent récents et propres. On sait que l’on ne va pas être en panne. Et à notre tour, nous avons mis du matériel à disposition, notamment des machines spécifiques comme un déboucheur de drains ou une tarière.

C’est une solution dans l’air du temps qui permet de réduire les charges liées au matériel, jusque-là incompressibles et toujours en hausse : au niveau de la Cuma, les charges de mécanisation ont augmenté de 20 % en 10 ans. De plus, plus on fait travailler le matériel, plus vite on le change pour du matériel plus récent, bien souvent plus confortable et plus technologique.

Pour ce qui est de l’assurance du matériel emprunté, même si le site internet assure systématiquement le matériel, nous souscrivons également une assurance supplémentaire de notre côté : c’est une habitude que nous avons prise avec l’ensemble des matériels qui viennent de l’extérieur. "

Thierry de Puymaurin, agriculteur à Lavernose-Lacasse, en Haute-Garonne

Des mentalités à faire évoluer

"Je suis à la tête de ma propre exploitation, mais aussi d’une exploitation commune avec d’autres agriculteurs de la commune, au sein de la SCEA Terradoc, qui réalise une activité de vente d’asperges vertes et de cueillettes de fraises à la ferme. Dans cette organisation, chacun a son propre matériel, la SCEA possède également son matériel. Nous sommes coutumiers de la location puisque nous louons du matériel à la SCEA et inversement. Et nous nous louons du matériel entre nous. Pour ma part, j’ai proposé sur wefarmup.com un tracteur de 240 ch et une herse rotative de 6 m. J’entends ainsi mieux amortir mon matériel, qui ne tourne pas suffisamment.

C’est un nouveau mode d’utilisation du matériel agricole. Pour les propriétaires, il faut se faire un peu violence au début. Beaucoup d’agriculteurs ont encore peur quand le matériel quitte la ferme : ils préfèrent se saigner plutôt que de louer. Même si je trouve cette solution tout à fait adaptée aux besoins d’aujourd’hui, il reste beaucoup de mentalités à faire évoluer. Mais si quelques agriculteurs référents s’y mettent par-ci par-là, d’autres s’y intéresseront. D’autant plus que les assurances associées à la location devraient rassurer. Et à plus long terme, le système de notation de chacun également.

Wefarmup permet également d’avoir accès à du matériel dont on se sert qu’un jour par an, mais aussi d’essayer du matériel dans les conditions locales, pour valider ou non un potentiel achat ultérieur."

Pierre Prim, directeur général de la concession Agricat 32, dans le Gers. (((Uniquement pour Lait et Bovins)))

Ouvrir la location à ceux qui ne sont pas clients chez nous

"Nous pratiquons déjà la location de matériels d’occasion. Mais ces locations ont pour optique de servir nos clients lorsque leur matériel tombe en panne. Avec wefarmup.com, on s’ouvre aux 80 % d’agriculteurs de notre secteur qui ne sont pas clients chez nous. Les matériels que nous avons jusque-là présentés à la location sur ce site sont essentiellement des outils très faiblement utilisés et dont la revente n’est pas aisée. Et si je le loue 5 ou 6 fois, je rentre dans mes frais. En s’ouvrant à un plus large public via wefarmup.com, j’augmente mes chances. Ce genre de sites ouvre une variété de possibilités que nous ne connaissons pas encore. Ça peut être un moyen de tester un matériel dans ses conditions, avant de l’acheter. C’est un nouveau moyen d’utilisation du matériel agricole, alternatif aux Cuma et ETA. Certes, cela peut impacter un peu nos ventes de machines, un agriculteur pouvant préférer louer pour une utilisation ponctuelle plutôt qu’acheter. Mais les fenêtres météorologiques idéales pour une bonne utilisation ne sont pas extensibles. Et il vaut mieux des clients qui gèrent bien leurs charges de mécanisation : c’est mieux pour la pérennité de la concession."

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