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L’ETA rend accessible l’innovation

L’entreprise de travaux agricoles normande Le Bœuf mise sur la technologie pour apporter un service différencié à ses clients. Elle s’est plus particulièrement spécialisée dans l’alimentation animale et la modulation de doses.

L’entreprise de travaux agricoles (ETA) familiale Le Bœuf, basée à La Caine, dans le Calvados, avec à sa tête Cyrille Lebœuf et ses parents, est reconnue pour ses prestations autour de l’alimentation animale depuis trois générations. L’entreprise propose également des services de travaux à façon, d’ensilage, de battage, de semis ou d’épandage de précision de matière organique et minérale. « Nous avons toujours essayé de nous différencier par le service et la technique », relate le jeune entrepreneur. Dans les années 90, l’ETA se diversifie dans l’inertage des céréales en boudin. Un joli succès, avec un parc atteignant jusqu’à quatre machines. « Côté cultures, on s’est essayé au semis direct, explique Cyrille Lebœuf. La réussite n’était pas au rendez-vous, non pas par manque de résultats, mais plutôt pour des questions d’époque, de mode ou de génération. Les clients n’étaient encore pas prêts. » Les déconvenues du passé n’ont pas pour autant empêché de continuer d’investir dans la technologie. Ainsi, l’entreprise dispose aujourd’hui d’un semoir monograine à entraînement électrique, équipé de coupure de rang, et de réaliser de la modulation de dose de semis. Le semoir peut même être couplé ou non à un strip-till. « Apporter la juste dose a toujours été notre préoccupation. C’est pourquoi, nous proposons depuis quelques années l’épandage d’engrais avec un matériel équipé du capteur N-Sensor pour les apports d’azote. Avec l’évolution des techniques, nous avons anticipé l’arrivée des cartes de préconisation pour compléter tout récemment notre offre avec de la modulation d’azote liquide, permise par notre nouveau pulvérisateur automoteur. Nous réfléchissons même déjà de proposer des solutions pour le phosphore et la potasse de manière décomposée », indique l’entrepreneur. La fertilisation organique n’est pas en reste avec trois épandeurs à fumier équipés de capteurs de pesée et d’une régulation DPAE. Tout est optimisé, jusqu’au débit de chantier, suite à l’investissement dans une chargeuse TP de 16 tonnes, pour remplir efficacement chaque épandeur en à peine plus d’une minute. Cette dernière est également rentabilisée à l’ensilage, pour tasser les silos. Une demande en constante croissance depuis l’investissement.

Un groupement structuré d’entrepreneurs

L’ETA s’est également diversifié par le passé dans l’ensilage de maïs épi puis dans la récolte de l’herbe avec une coupe directe. Des risques plus modérés, puisque la majeure partie du matériel était déjà présente dans l’entreprise. Mais encore fallait-il prouver à leur clientèle les intérêts de la technique. « Une ETA se doit d’être avant-gardiste et de proposer d’autres services dans l’intérêt des agriculteurs, sans forcément attendre que la demande vienne de ces derniers. C’est aussi un moyen de diversifier ses activités et d’assurer la pérennité de sa structure, confie le jeune entrepreneur. Le souci, c’est que c’est à nous de prendre tous les risques : malgré le fait que l’on se lance dans des techniques innovantes, on manque cruellement de soutien des organismes professionnels agricoles. On n’a d’ailleurs pas le droit à l’erreur. Un investissement mal appréhendé et la société peut ne pas se relever financièrement. » L’ETA Le Bœuf peut dorénavant compter sur Cléo : un groupement d’entrepreneurs de travaux agricoles de l’Ouest de la France, pointus en l’agriculture de précision et qui ont les mêmes problématiques.

Le pari osé d’un matériel peu connu

Autre grand tournant dans la société, en 2014, l’ETA a investi dans une presse enrubanneuse de vrac à poste fixe. « Un investissement de 260 000 euros pour une machine peu connue qui ne sert que trois mois dans l’année et pour laquelle nous n’avions pas de demande. La communication a été essentielle pour faire découvrir une nouvelle prestation, assure Cyrille Lebœuf. Cet outil complémentaire est venu naturellement apporter des solutions de conservation à plusieurs de nos prestations. » Après une rapide mise en route dans le méteil au printemps, l’ETA a multiplié les journées découvertes au cours de ses chantiers.

Lors de la dernière saison, l’entreprise a réalisé des balles de maïs épi et plante entière, miscanthus, pulpe de betterave, luzerne et même des essais de compost. « Cette machine nous a obligés à nous réorganiser et à agrandir notre zone de chalandise habituelle de quelques kilomètres à plusieurs centaines. Ce matériel nous a même ouvert de nouveaux horizons en travaillant pour le secteur industriel, comme l’an passé en répondant à l’appel d’une sucrerie hors secteur. »

 

 

 

Un service de modulation accessible

Opticultures, société indépendante sous l’égide de Soyl, a été créée pour démocratiser la modulation intraparcellaire à partir de cartes de préconisation. Cyrille Lebœuf fait partie de l’un des dix fondateurs. Soucieux de proposer toujours ce qu’il y a de plus performant pour ses clients, il est aussi lui-même utilisateur.

Opticultures propose deux types d’analyse : chimique (N, P, K, pH, CEC…) et physique (conductivité, granulométrie…). Pour un budget de 60 à 140 euros par hectare, selon le niveau d’analyse choisi, l’exploitant bénéficie d’une cartographie précise de ses parcelles. Les relevés bruts cartographiés sont retranscrits en carte de préconisation sur un iPad. Une fois en cabine, la tablette reliée au terminal de l’outil, rend ce dernier capable de moduler la dose.

C’est d’ailleurs comme ça que Cyrille Lebœuf a rendu compatible son semoir vieux de sept campagnes. Il prévoit même d’adapter ce concept à l’épandage d’engrais en dissociant les apports de P et le K par exemple, jusqu’à la pulvérisation en modulant les fongicides.

Gaëtan Coisel

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