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Les tractoristes accélèrent sur la variation continue

Faisant appel à leur propre technologie ou au spécialiste ZF, les constructeurs étendent leur offre en tracteurs équipés de transmissions à variation continue.

En vingt ans d’existence commerciale, la transmission à variation continue (couramment nommé CVT, de l’anglais Continuously variable transmission) a su s’imposer sur le marché des tracteurs. Ce succès n’était pourtant pas assuré lorsqu’à la fin des années 90, Fendt, suivi de Steyr, ZF et Claas se sont lancés dans l’aventure. Mais l’évolution des gestions électroniques faisant la liaison entre moteur et transmission, a mis en évidence tout l’intérêt de ces transmissions hydromécaniques qui permettent d’ajuster indépendamment régime moteur et vitesse d’avancement. La facilité et le confort de conduite ont fait le reste pour convaincre de plus en plus d’utilisateurs. Au fil des années, la plupart des tractoristes ont lancé des modèles de tracteur équipés d’une transmission CVT, soit en faisant appel à ZF, soit en développant leur propre technologie. Si Fendt fait encore figure d’exception avec sa gamme 100 % Vario, certains segments sont dorénavant largement dominés par la CVT.

Près de 80 % des plus de 300 chevaux sont en CVT

Dans la catégorie des plus de 300 chevaux, les tractoristes estiment que la transmission CVT représente entre 70 et 80 % des ventes. Répartition peu étonnante au regard de l’offre, John Deere, Case IH et New Holland étant les seules marques à encore proposer une alternative à la CVT. À titre d’exemple, New Holland annonce que seulement 20 % des T8 sont vendus avec une transmission powershift. John Deere, qui a réinvesti dans sa transmission powershift, avance une répartition de 50/50 pour ses séries 7R et 8R.

Même si elle est moins marquée en termes d’offre, la tendance est similaire sur les puissances intermédiaires de 200 à 300 chevaux, où plus d’un tracteur sur deux vendu est équipé d’une CVT. Les différences sont plus marquées entre marques. Pour leurs nouvelles gammes de tracteurs de 270 à 300 chevaux, Case IH et New Holland ne proposent que la CVT. Toujours chez Case IH, 80 % des Puma à empattemment long reçoivent une variation continue. Autre promoteur de la variation continue, Deutz-Fahr ne décline sa série 7 qu’en version TTV. À l’opposé, seuls 35 % des Massey Ferguson 7700 à gros châssis sont équipés d’une CVT.

Une développement plus récent sur les 4 cylindres

Pour les puissances inférieures à 200 chevaux, on observe une grande hétérogénéité. Les modèles de plus de 150 chevaux, majoritairement 6 cylindres, ont eu rapidement accès à la variation continue chez la plupart des tractoristes. Selon les estimations pas toujours concordantes de ces derniers, la CVT représenterait un quart à un tiers des ventes sur ce segment. Une marque comme John Deere, qui propose pourtant une offre conséquente en transmissions semi-powershift, réalise deux tiers de ses ventes en gros 6R et la moitié de celles des petits 6R en version Autopowr. Chez New Holland, 35 % des petits T7 sont vendus en version AutoCommand.

En descendant sur les tracteurs 4 cylindres inférieurs à 150 chevaux, l’offre récente en modèles CVT rend leur développement plus limité. Mais leur croissance est rapide. Case IH réalise déjà la moitié de ses ventes de Maxxum avec les modèles CVX. La contrainte pour les tracteurs de plus faible puissance est l’impact du prix des transmissions CVT. Le surcoût est plus difficilement justifiable pour des tracteurs polyvalents qui sont plutôt utilisés sur des exploitations de polyculture élevage.

Un positonnement haut de gamme plus nuancé

Le positionnement haut de gamme des versions CVT, qui est la norme pour les tracteurs de forte puissance, ne permet pas de démocratiser cette technologie sur les moins de 150 chevaux. C’est pourquoi les tractoristes déclinent des modèles CVT à l’équipement moins élitiste. Le récent Fendt 300 Vario est vendu pour moitié dans la finition Profi qui fait l’impasse sur les distributeurs électrohydrauliques et le terminal Vario. De même, Massey Ferguson propose sa transmission Dyna-VT avec deux niveaux de finition, dont la première, milieu de gamme, représente 40 % des ventes. La récente gamme T6 AutoCommand de New Holland peut désormais recevoir des distributeurs à commande mécanique.

Enfin, pour répondre à des utilisations ciblées sur les exploitations d’élevage ou spécialisées, Fendt mais aussi Same-Deutz Fahr, Argo et Lindner étendent la variation continue à des petits tracteurs avec des transmissions spécialement conçues. Quant à la prometteuse transmission à variateur à chaîne que New Holland prévoyait de monter sur des tracteurs jusqu’à 100 chevaux, elle reste pour l’instant cantonnée aux modèles de 40-50 chevaux dédiés aux espaces verts.

Fendt reprend une longueur d’avance avec la VarioDrive

Équipant les tracteurs 1000 Vario, la nouvelle transmission VarioDrive permet une gestion indépendante du transfert de la puissance aux ponts avant et arrière. Comme toutes les transmissions Vario, elle utilise un train épicycloïdal recevant la puissance du moteur (par le porte-satellite) pour entraîner une pompe hydraulique (par le planétaire) et le pont arrière (par la couronne). La pompe alimente deux moteurs hydrauliques dont le premier entraîne le pont arrière. La grande différence par rapport à une Vario standard vient du fait que le second moteur hydraulique entraîne directement le pont avant jusqu’à une vitesse de 25 km/h. Sur route, le pont avant n’est ainsi pas du tout entraîné, grâce à l’embrayage qui le sépare du moteur hydraulique. Les deux ponts sont également reliés mécaniquement par l’intermédiaire d’un embrayage intelligent. Cette gestion indépendante des deux ponts permet d’optimiser la traction en équilibrant la répartition du couple sur l’avant et l’arrière en fonction du taux de patinage des roues avant et arrière. Elle améliore également la maniabilité en donnant la possibilité d’accélérer les roues avant dans les courbes. Fendt annonce un gain de 10 % sur le diamètre de braquage.

La semi-powershift singe la CVT

Face au succès de la CVT, certains tractoristes ont fait évoluer leurs transmissions semi-powershift et powershift, afin de faire progresser leur niveau d’agrément. Les gestions électroniques affinées permettent un meilleur ajustement des changements automatiques de rapport et une personnalisation des réglages, afin d’obtenir un comportement se rapprochant des transmissions CVT. John Deere va encore plus loin avec sa semi-poweshift à double embrayage DirectDrive. Sur les transmissions semi-powershift robotisées, le passage des gammes reste toutefois un point limitant.

L’électronique et les commandes pour se différencier

Les transmissions CVT ZF équipent de nombreuses marques de tracteurs. Chez Agco, Fendt partage sa transmission avec Massey Ferguson et Valtra. Case IH et New Holland profitent des mêmes transmissions. La différenciation mécanique n’est donc pas toujours évidente dans le secteur des transmissions à variation continue. Celle-ci se fait au niveau de la gestion électronique qui est propre à chaque marque. Les tractoristes ont également réalisé un gros travail d’identification dans la logique des commandes et des réglages de leurs modèles CVT.

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