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La débardeuse rentabilise l’intégrale

Afin de maximiser le temps de l’intégrale consacré à l’arrachage, les débardeuses traînées et automotrices remplacent petit à petit les bennes.

La gestion des betteraves au moment de la récolte connaît une mutation. La quasi-disparition d’une offre de remplacement des automotrices vieillissantes laisse le champ libre aux intégrales. La logique agronomique, notamment en termes de tassement des sols, veut que l’intégrale soit la seule machine à circuler dans la parcelle : sa caisse offre une bonne autonomie lui permettant d’assurer l’arrachage, le nettoyage, le transport au sein de la parcelle et la mise en tas, avec un stockage homogène et régulier. Mais la logique économique est tout autre. Le coût élevé des intégrales justifie leur utilisation exclusivement à l’arrachage et au nettoyage. En outre, les parcellaires grandissants, les rendements croissants et les bâtis d’arrachage de grande largeur (8, 9 voire 12 rangs) mettent à défaut l’autonomie des intégrales, y compris sur les modèles à trois essieux.

L’optimisation de l’investissement dans une intégrale passe donc par une réduction du temps au transport dans la parcelle, pour continuer à arracher pendant le déchargement. C’est la raison pour laquelle les véhicules de transport refont leur apparition dans la parcelle. La classique benne n’est pas l’unique solution adoptée pour réaliser cette tâche. En effet, les déterreurs avaleurs remplacent progressivement les modèles à trémie et le stockage s’effectue directement à la parcelle plutôt que sur les plateformes. L’objectif est donc de former des tas les plus réguliers et les plus hauts possible sans dépasser la largeur que l’avaleur et son outil frontal pourront prendre en un passage. La benne standard ne permet pas de gérer facilement la largeur du tas et de maximiser sa hauteur. En version semi-élévatrice, elle peut éventuellement augmenter sensiblement la hauteur du tas. Bien pilotées, les remorques à fond poussant ou à tapis permettent d’obtenir des tas plus réguliers par un déchargement continu. Avec ces solutions, il reste un problème lié au déchargement arrière. Dès que les conditions sont moins favorables, des ornières se forment et des betteraves y sont déposées. Au moment de la reprise par l’avaleur, le chauffeur de ce dernier a deux choix : laisser les betteraves coincées dans les ornières ou piocher son outil frontal pour les ramasser, ingérant alors beaucoup plus de terre et réduisant les performances de l’avaleur.

Faire l’impasse sur le déterreur

La solution consiste donc à vider sur le côté du tas. Pour y parvenir, deux solutions : la remorque débardeuse avec tapis de déchargement latéral et l’automoteur. Ces dernières années, plusieurs constructeurs de remorques ont dévoilé des remorques de débardage, aussi appelées transbordeurs à betteraves. Dotées d’un fond à chaînes et barrettes, elles se vidangent en une à deux minutes via un tapis élévateur permettant une grande amplitude de hauteurs de déchargement, limitant la hauteur de chute aussi bien en début de confection de tas au sol que pour remplir un camion. « Cette dernière pratique pourrait bien se développer à l’avenir, explique Philippe Barron, de Brochard. Nous avons participé à des tests la saison dernière, pilotés par la sucrerie de Bazancourt. L’idée était de charger directement les betteraves à la récolte, un transbordeur à betteraves faisant la navette entre l’intégrale et le camion pour livrer à la sucrerie. Résultat : une différence non négligeable de la teneur en sucre à la faveur des betteraves fraîches. Dans cette configuration, l’avaleur est squeezé : c’est le transbordeur qui assure alors le rôle de "second nettoyage", au niveau de l’élévateur. »

Affichant des capacités de 30 à 50 m3 selon les marques et les modèles, ces débardeuses traînées sont annoncées à des tarifs débutant à 70 000 à 80 000 euros et pouvant dépasser les 120 000 euros. « Si l’on remplace le train de pneus par des chenilles, pour réduire drastiquement la compaction des sols, la facture augmente tout de suite de 20 000 euros, explique Philippe Barron. Certains clients ont aussi opté pour la polyvalence avec la pesée et un châssis Twist Lock (système de verrouillage pour containers), ce qui permet d’utiliser le train roulant le reste de l’année à d’autres usages, par exemple, une caisse d’épandeur à fumier à la place du caisson transbordeur. » Attention toutefois à l’usage que l’on en fait. Même si généralement ils ne sont pas appelés à sortir de la parcelle, tous les transbordeurs à betteraves ne sont pas homologués à pleine charge sur la route : un critère à prendre en compte même si les trajets routiers sont brefs.

La marche en crabe avec les automotrices

D’autres constructeurs surfent sur la vague de la polyvalence en proposant des caisses sur les automoteurs porte-outils (Holmer Terra Variant, Agrifac Hydro Trike, etc.). La caisse de transbordement devient alors un moyen d’amortir l’automoteur. Par une marche en crabe ou par des voies à écartement hydraulique, ces automoteurs largement chaussés, présentent l’intérêt d’avoir des trains de roues qui ne passent pas tous au même endroit.

Dans le même esprit, des constructeurs (Ropa, Holmer, etc.) proposent des intégrales reconditionnées. L’idée ici n’est pas d’en faire des engins polyvalents, mais de donner une seconde vie aux intégrales arrivées en fin de carrière. « Cela concerne généralement les intégrales produites au début des années 2000 », explique Sébastien Dillies de Ropa France. Elles affichent en moyenne 6 000 à plus de 8 000 heures au compteur. Leur système d’arrachage, usé par les hectares avalés, nécessite de profonds travaux de remise en état, alors que d’autres organes vitaux tels que le moteur, la transmission ou les ponts sortent de rodage. Ainsi, Ropa propose de reconditionner ces machines vieillissantes. Sont démontés tous les équipements d’arrachage et de nettoyage, de l’effeuilleuse à la chaîne élévatrice et aux vis de remplissage. L’automoteur est ensuite équipé de parois supplémentaires et de rehausses côté droit, hydrauliques en option. Affichant moins de 23 tonnes sur la bascule, le nouvel engin dispose d’une autonomie de plus de 40 m3, d’un train roulant évoluant en crabe et chaussés de six pneus de 800 à 1000 mm de large et d’un moteur de 480 à 520 ch pour travailler dans les conditions les plus difficiles. En option, un réservoir à carburant de 1 200 litres, monté à la place du bâti arracheur sert au ravitaillement des engins du chantier. Côté tarif, « les débardeurs automoteurs Ropa commercialisés cette année ont été vendus à un prix variant entre 80 000 et 100 000 euros, selon le nombre d’heures initial de la machine et le niveau de révision souhaité (peinture, remplacement des pneumatiques…), explique Sébastien Dillies. Ropa propose par ailleurs de garantir, durant une campagne, l’ensemble moteur/transmission/ponts. »

 

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