[Essai Tracteur] Lindner Lintrac 110 – « Une maniabilité record »
Denis Lucas, éleveur à Muzillac dans le Morbihan, a testé le Lindner Lintrac 110 de 113 chevaux, doté de 4 roues directrices et d’un chargeur Hauer POM-LX.
Denis Lucas, éleveur à Muzillac dans le Morbihan, a testé le Lindner Lintrac 110 de 113 chevaux, doté de 4 roues directrices et d’un chargeur Hauer POM-LX.
La gamme de tracteurs Lintrac regroupe trois modèles de 102 à 136 ch depuis le lancement à Agritechnica du plus gros Lintrac 130. En termes de motorisation, le Lintrac 110 conserve le 4 cylindres Perkins 3,4 l (Stage IIIB ?) de son petit frère, alors que le 130 se dote d’un nouveau 3,6 l conforme à la norme Stage V. Les Lintrac reçoivent une transmission à variation continue ZF, la TMT 9 sur le plus petit et la TMT 11 pour le 110 et 11.2 pour le 130. Ces derniers disposent également d’un pont arrière renforcé avec de plus grandes roues, portant le PTAC à 8 t et la capacité de relevage arrière à respectivement 4,9 t et 5,5 t. L’essieu arrière directionnel est proposé en option sur les trois modèles. Le Lintrac 110 a inauguré un nouveau toit de cabine améliorant l’espace et la visibilité, ainsi qu’un plancher plat facilitant l’accès. Cette nouvelle cabine est aussi disponible sur le Lintrac 90.
Un nouveau terminal pour le Lintrac 130
La gamme Lintrac accède à la télématique avec le pack TracLink Pilot Ready qui comprend également la prédisposition à l’autoguidage. Le niveau supérieur TracLink Pilot GPS y ajoute le dispositif d’autoguidage incluant une antenne DGPS et un terminal 10 pouces Trimble. Autres nouveautés apparues avec le lancement du Lintrac 130 (plus d’infos p. ??), le terminal du tableau de bord évolue avec un écran tactile et un affichage modernisé. En complément du TracLink Pilot Ready, le TracLink Smart utilise une balise sur chaque outil avec lequel le boîtier du tracteur communique via une liaison bluetooth.
Les conditions du test
Réalisé sur une dizaine de jours fin juin-début juillet, l’essai a permis de mettre à l’épreuve le Lintrac à la fenaison avec une faucheuse portée, à l’entretien des bords de champ avec une épareuse, à l’épandage de carbonate avec un appareil traîné de 8 t. Il a aussi tracté un plateau fourrager et manipulé des balles au chargeur.
Les plus
Maniabilité
Gestion moteur/transmission
Réglages très complets
Débit hydraulique
Les moins
Terminal vieillissant
Bruit en cabine
Position du piton
Au travail « On apprécie sa précision de conduite »
Les travaux à la prise de force sont le domaine de prédilection du Lintrac, grâce à sa transmission à variation continue, qui permet d’ajuster très précisément la vitesse, indépendamment du régime moteur. Avec les quatre roues directrices et l’ajustement de la vitesse à la pédale, le confort de conduite est vraiment appréciable avec la débroussailleuse. En bout de champ avec la faucheuse ou l’épandeur, le rayon de braquage ultracourt et la progressivité de la transmission nous rendent très efficace pour manœuvrer. On utilise dans ce cas, le mode de direction qui enclenche les roues arrière à partir d’un certain angle de braquage, limitant l’effet de zig-zag lorsque l’on corrige la trajectoire en ligne droite.
Sur route, on a du mal à évaluer la puissance du moteur, la régulation moteur/transmission étant tellement efficace qu’elle gomme toutes les variations de régime. La chute de vitesse dans les fortes côtes trahit toutefois les limites du petit 4 cylindres lorsqu’il faut tracter l’épandeur chargé. Une fois l’habitude prise, on délaisse la conduite à la pédale pour utiliser la commande rotative en bout d’accoudoir, qui permet d’ajuster précisément la vitesse. La gestion de l’effet de frein moteur me paraît remarquable pour une variation continue. Si le pont avant suspendu fait bien son travail, j’ai trouvé la suspension mécanique de cabine un peu sèche.
Sa maniabilité au chargeur est digne de celle d’un télescopique. Le bon débit hydraulique autorise des mouvements rapides du bras, sans trop de régime moteur. L’attelage du chargeur est facilité par un multicoupleur bien placé, mais il se complique avec les contraignantes broches de verrouillage.
Le relevage arrière est peu commun avec ses stabilisateurs fixés par le dessous des bras de relevage pour laisser de l’espace aux roues directrices. Ce n’est pas gênant et le débattement des stabilisateurs s’avère suffisant. En revanche, il manque une seconde position sur les chandelles pour relever d’avantage les bras. Le support de retenue du troisième point n’est pas facile à déverrouiller. Je m’étonne du choix du système de freinage double ligne pneumatique. Sur cette catégorie de tracteur, le double ligne hydraulique me semble plus adapté (NDLR : également disponible). La position du piton d’attelage imposée par le passage du cardan de prise de force est un peu basse lorsque j’attelle l’épandeur.
En cabine « Un espace bien valorisé »
Cette cabine compacte ne donne pas le sentiment d’être à l’étroit, même avec un passager. La visibilité est assez bonne, grâce notamment au grand toit vitré. Dommage que la console du tableau de bord soit plus large que le capot, cela gâche un peu la vue sur les roues avant. Avec la faucheuse et l’épareuse, j’ai pu apprécier la bonne visibilité de trois quarts arrière. On ne dispose que d’un seul rangement, qui est heureusement fermé et ventilé. La climatisation est efficace, lorsque l’ouverture du pare-brise n’est plus suffisante pour ventiler l’habitacle. La finition est assez bonne dans l’ensemble, malgré quelques choix de plastiques discutables. Seul véritable reproche, l’insonorisation est perfectible.
L’ergonomie des commandes m’a satisfait, notamment celle de l’accoudoir multifonction qui accueille l’original bouton rotatif pour le pilotage de la transmission. Sa prise en main surprend au début, mais c’est finalement très pratique et intuitif. Un point à revoir, la désactivation du pont avant demande un appui long. On peut mémoriser deux vitesses et un régime moteur. Le joystick hydraulique est parfait au chargeur, car il dispose d’une commande de l’inverseur. Sur la console de droite, les commandes sont simples et rapidement identifiées. Dommage qu’il reste des leviers mécaniques pour les régimes de prise de force. Le petit boîtier sur le montant dédié à la sélection des modes de direction (2 ou 4 roues directrices, marche crabe, hybride et manuel) est très pratique. Deux bargraphes nous indiquent la position des roues, le réalignement étant automatique.
Le terminal est intégré au tableau de bord ce qui ne facilite pas sa lecture à cause de certains caractères trop petits et d’un volant à l’amplitude de réglage limitée. Il a l’avantage d’afficher tous les paramètres du tracteur de manière très complète avec même la notice d’utilisation intégrée. Les menus sont assez intuitifs et donnent accès à de nombreux réglages : temps et débit des distributeurs, automatisme de prise de force et surtout la transmission. En mode Pro, on ajuste la chute de régime, la progressivité de l’accélération, les régimes mini et maxi… Il ne manque que les séquences de bout de champ. L’écran non tactile impose l’utilisation de la petite molette et de la rangée de boutons. On dispose d’une seconde molette sur l’accoudoir, mais elle n’est pas assez réactive. Une rangée de cinq interrupteurs est implantée de chaque côté de la colonne de direction. On y trouve notamment les commandes de l’éclairage qui comprend des feux de route et de travail à leds, ainsi que des barres de leds orange sur le toit de cabine, en plus du gyrophare.
Entretien « Satisfaisant vu la compacité »
Le capot monobloc, au style remarquablement travaillé, dégage suffisamment l’accès au compartiment moteur. À l’avant des radiateurs, le filtre à air est bien placé, mais on doit retirer une vis pour le pivoter vers l’avant avant de le démonter. Le nettoyage des radiateurs se fait sans encombre, grâce au condenseur de clim qui coulisse. Il est toutefois maintenu par des fixations à ressort peu pratiques. Les filtres à huile et à carburant sont regroupés à gauche du moteur. Leur accès n’est pas trop encombré par l’adaptation du chargeur. Du côté droit, on retrouve la jauge à huile moteur et la batterie, facilement accessible sous le marchepied. Le filtre de cabine se situe à l’arrière du toit. À noter, la séparation des huiles hydraulique et de transmission.
Fiche Technique
Lindner Lintrac 110
• Puissance maxi (ISO 14396) : 113 ch à 2 200 tr/min
• Couple maxi : 450 Nm à 1 400 tr/min
• Cylindrée : 3 400 cm3
• Norme et système de dépollution : Stage IIIB avec EGR + DOC + FAP
• Capacité d’huile du moteur : 6 l
• Intervalle de vidange : 500 h
Transmission
• Type : Variation continue
• Régime moteur à 40 km/h : 1 790 tr/min
• Régimes de prise de force et régimes moteur correspondants : 430/540/540Eco/1000 à 2 132/2 045/1 506/2 130 tr/min
Circuit hydraulique
• Type : load sensing, pompe à cylindrée variable
• Débit et pression : 88 l/min (100 en option) à 200 bars
• Volume d’huile hydraulique exportable : 30 l
• Nbre de distributeurs : 3 à commande électrique (jusqu’à 5 en option)
Relevage
• Capacité aux rotules sur toute la course (av/ar) : 2 500/4 900 kg
Dimensions
• Capacité du réservoir de GNR : 120 l
• Hauteur hors tout : 2,68 m
• Empattement : 2,34 m
• Rayon de braquage (2RD/4RD) : 4,75/4 m
• Poids à vide : 4 750 kg
• PTAC : 8 000 kg
• Monte pneumatique du modèle essayé : 540/65R34 et 44/65R24
Budget
• Prix catalogue au 01/02/20 (sans option ni chargeur) : 90 990 euros HT