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Pneumatiques
Des outils pour aider le réglage de la pression

Les applications, les outils d’aide au réglage et le télégonflage permettent de gagner en ergonomie et en précision, mais impose souvent certaines contraintes.

La pression des pneumatiques est un enjeu majeur en agriculture. Elle doit être la plus faible possible au champ pour maximiser la surface de portance, donc la traction, tout en réduisant la compaction. Au contraire, elle doit être le plus élevée sur route pour limiter la résistance au roulement, donc la consommation et l’usure des pneumatiques. Aussi, pour optimiser la pression des pneumatiques, il est nécessaire de connaître la charge par essieu et de consulter les abaques des manufacturiers pour savoir les pressions recommandées selon la vitesse.

Une équation à plusieurs inconnues

Mais ces abaques ne sont pas toujours faciles à lire. Firestone a été le premier, fin 2011, à proposer une application permettant de visualiser rapidement la pression à appliquer en fonction de la vitesse de travail, après avoir sélectionné la dimension du pneumatique et sa charge. Mitas propose depuis une application similaire.

Il reste que la charge par essieu n’est pas facile à mesurer. En effet, dès que l’on attelle un outil, l’équilibre du tracteur, et par conséquent la charge par essieu, est modifié. Michelin et Trelleborg ont depuis lancé des applications plus complètes et par conséquent plus complexes. Dans un premier temps, l’agriculteur renseigne des caractéristiques du tracteur à vide, à savoir le poids sur l’avant, le poids sur l’arrière (deux masses à mesurer une fois pour toutes), l’empattement, le type d’outil attelé (porté, semi-porté ou traîné), son poids à vide (et/ou à charge), les dimensions des pneumatiques (complétées si jumelage ou triplage), ainsi que la distance de l’outil (son centre de gravité) avec l’essieu. Trelleborg va encore plus loin en renseignant la puissance du tracteur, les lestages à l’avant et à l’arrière, ainsi que les variations de poids de l’outil (outil à trémie notamment). De ces informations, en ressort une consigne de pression en fonction de la vitesse.

Cependant, ces applications ne fonctionnent que pour une seule marque de pneu et supposent donc que la même marque soit montée à l’avant comme à l’arrière pour qu’elles soient pleinement exploitées. Qui plus est, il existe plusieurs limites à ces applications. La première concerne le renseignement de la distance de l’essieu du tracteur à l’outil, plus précisément du centre de gravité de l’outil. Cette distance ne peut être qu’approximative. Pour Simon Payen, chef produits télégonflage chez Sodijantes, « rien ne vaut la mesure réelle du poids réel par essieu. Tous les agriculteurs ont une bascule chez eux ou à proximité (coopérative). Il suffit d’atteler les outils et de faire deux mesures ». Une petite contrainte pour la première saison, qui ne sera à renouveler qu’en cas de changement de tracteurs, de pneumatiques, d’outils ou de combinaison d’outils. « En revanche, on sera d’autant plus précis dans les mesures et dans les conseils de gonflage selon la vitesse de travail », poursuit Simon Payen.

 

Le télégonflage gagne en ergonomie

Quoi qu’il en soit, l’optimisation de la pression au champ n’est pas celle sur route. Pour ce faire, rien de mieux que le télégonflage. Longtemps une affaire de spécialistes, le télégonflage est devenue un sujet d’intérêt majeur chez certains constructeurs et équipementiers. Fendt figure parmi les premiers tractoristes à s’y intéresser avec le Vario Grip, un système de télégonflage dont le circuit d’air passe par le centre de l’essieu, évitant ainsi les conduits extérieurs susceptibles d’être arrachés. En novembre dernier, Claas annonçait avoir racheté la technologie du spécialiste allemand R & M Landtechniksysteme, tandis que Michelin indiquait une semaine plus tard avoir acheté deux sociétés, l’une française, Téléflow, l’autre allemande, PTG. Ceci, afin de compléter l’offre du pneumatique EvoBib, présenté huit mois auparavant au Sima et conçu spécifiquement pour le télégonflage.

Si la technologie est bien connue – Téléflow commercialise des solutions de télégonflage depuis 1993 – les produits évoluent et, avec eux, leur ergonomie et les fonctionnalités. Les deux principaux acteurs français proposent aujourd’hui des interfaces avec écran couleur tactile. Avec l’Agriwin, Sodijantes permet d’enregistrer 30 réglages (3 utilisateurs ou familles d’utilisation et 10 réglages par famille) chacun intégrant les pressions pour les pneus avant et arrière, au champ et sur route. « Une fois le réglage sélectionné, le conducteur n’a plus qu’à appuyer sur les touches « champ » ou « route » pour s’adapter au support », résume Simon Payen.

Sur son GRP (gonflage en roulant programmable), Téléflow permet d’enregistrer plusieurs configurations d’outils et de pneumatiques. Une fois la configuration choisie, le chauffeur accède à quatre paramétrages de pression (route, chemin, champ et urgence), qu’il rappelle à l’aide de quatre raccourcis sur l’écran.

Une interface pour plusieurs matériels

Téléflow propose également le GRC, pour gonflage en roulant connecté. « Il s’agit d’une application sur smartphone qui remplace l’écran du GRP, précise Nathalie Cruzille, de Téléflow. L’avantage est que l’on peut piloter plusieurs tracteurs (ou autres engins) avec une même interface. » Cette application se décline en plusieurs versions : la déclinaison Lite propose d’ajuster manuellement la pression des pneus avec les touches +/-. Intermédiaire, la version Premium propose le rappel de plusieurs réglages, correspondant à plusieurs configurations de matériels préalablement enregistrés, tandis que la déclinaison Plus offre le choix entre des réglages manuels et Premium.

De son côté, Sodijantes teste en ce moment même une version Isobus de l’Agriwin, afin de réduire le nombre de boîtiers en cabine. La société normande entend bientôt proposer à l’agriculteur une interface pour avoir, à partir des poids mesurés sur les deux essieux et des dimensions de pneumatiques, les pressions selon la vitesse (route/champ).

Le GPS se combine au télégonflage

L’Agriwin dispose par ailleurs d’un GPS intégré, utilisé comme indicateur de vitesse. Celui-ci a une double utilisation. D’une part, il permet le calcul du taux de patinage : le chauffeur est informé quand il atteint un certain seuil et peut modifier les réglages de pression pour réduire le patinage. D’autre part, il avertit le chauffeur lorsqu’il dépasse largement la vitesse champ, au cas où le chauffeur aurait oublié de monter la pression des pneus en sortant du champ.

Ludovic Vimond

 

 

Piloter le télégonflage directement sur le terminal du tracteur

En complément du système de télégonflage intégré Vario Grip, Fendt propose sur les 1000 Vario le Vario Grip Assistant. Directement disponible sur le terminal Vario du tracteur, cette interface permet de proposer rapidement des propositions de réglages de pression que le chauffeur choisit de valider ou non. "Cette application a été conçue sur la base de données d’experts et de modèles de simulations dynamiques", explique Antoine Brissart de Fendt. Le chauffeur n’a à renseigner que quelques informations simples, à savoir le type d’attelage (relevage, barre oscillante), le type d’outil (déchaumeur, charrue, etc.), si ce dernier est porté, semi-porté ou traîné, ainsi que les conditions d’utilisation : l’application proposera deux modes de réglage, le Speed Select ou le Ballast Select. "Le premier donne des conseils de réglage de pression des pneumatiques et de lestage du tracteur, à partir d’une vitesse de travail souhaitée, détaille Antoine Brissart. Le second donne les pressions et la vitesse de travail optimales, à partir d’un jeu de masses installé sur le tracteur. Dans la grande majorité des cas, c’est ce second mode qui est privilégié, les agriculteurs n’ayant pas toujours le temps ni l’envie de démonter les masses dans les roues." Aussi surprenant que cela puisse paraître, le Vario Grip Assistant ne demande pas d’informations concernant la largeur de l’outil, ni sur son poids. "Mais la plupart du temps, les réglages sont justes, proches de ce qu’on l’on obtient en prenant le temps de peser les charges par essieu et d’appliquer les abaques, s’étonne Antoine Brissart. Après, le chauffeur peut refuser les réglages proposés et appliquer ses propres réglages de pression."

L.V.

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