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Petits vs gros robots : faut-il les opposer ?

Le monde de la robotique agricole se sépare en deux catégories : les petits et les gros.

La robotique connaît un véritable essor dans le monde agricole. La difficulté de trouver de la main-d’œuvre qualifiée ou non constitue la motivation première vers ces solutions automatisées. Après s’être largement démocratisées dans l’élevage avec les robots de traite et plus récemment les robots d’alimentation, le maraîchage et les cultures pérennes (vignes et vergers) sont les domaines les plus avancés, avec des solutions devenues des réalités commerciales. Animés par des batteries électriques ou des motorisations hybrides, ces robots ne travaillent qu’un rang ou une planche à chaque passage et affichent des dimensions modestes. Les faibles besoins de puissance leur procurent une bonne autonomie, approchant généralement une journée.

Suite au rachat de Raven, CNH a adapté la technologie des robots Dot Technology sur ses tracteurs et moissonneuses-batteuses.

Du côté des grandes cultures, les robots peuvent être classés en plusieurs familles. La première regroupe les robots conçus sur la base de tracteurs. John Deere et CNH (Case IH/New Holland) commercialisent d’ailleurs depuis quelques mois leurs premiers modèles de l’autre côté de l’Atlantique, principalement des modèles de forte puissance. Des constructeurs nippons, comme Yanmar ou Kubota, distribuent toute une gamme de tracteurs et autres automoteurs robotisés au pays du Soleil Levant. Ces engins disposent d’une motorisation thermique et d’une cabine et ne diffèrent des versions non automatisées que par l’ajout de capteurs de sécurité les rendant autonomes. Ils peuvent être pilotés par un opérateur en cabine, notamment pour les déplacements routiers. Ils prétendent à une autonomie et une performance de traction comparables aux versions avec chauffeurs et peuvent donc réaliser des travaux de traction lourde.

Avec ou sans cabine

Certains constructeurs ont fait le choix de supprimer la cabine, à l’image du premier tracteur à quatre roues motrices autonome dévoilé par Case IH au Sima 2017 ou plus récemment par Krone et Lemken qui ont décidé de s’associer pour développer un robot de 230 ch. Le concept de robot dévoilé par Kubota en 2020 se démarque par l’adoption de quatre chenilles. Pour les manœuvres d’entrée ou de sortie de champ, ces engins à quatre roues motrices sont pilotés à distance depuis une radiocommande ou une tablette.

100 % électrique, le concept Sesam fait de la cabine un accessoire que l’on peut atteler.

Le prototype à quatre roues Sesam 2 de John Deere reprend le même esprit, à ceci près qu’il se distingue par une motorisation électrique : la cabine devient un accessoire que l’on attelle et dételle sur le relevage avant.

Le concept Joker de John Deere présenté à Agritechnica 2019, mais aussi le premier robot dévoilé par Horsch reprend une interface motrice diesel puissante, dotée de deux chenilles, sur laquelle on vient atteler différents outils traînés. Sur le concept de Horsch, l’unité motrice est simplement tractée par un camion ou un tracteur lors des déplacements entre parcelles.

Des petits robots autonomes en énergie

Ce constructeur allemand a également dévoilé un autre prototype plus radical, où le robot est dédié au semis et affiche des dimensions peu compatibles avec les déplacements routiers, une solution qu’on aura peu de chances de voir dans nos contrées ouest-européennes. Avec son robot d’affouragement Exos, Lely fait également le pari de l’appareil spécialisé.

Le robot AVA d’Ecorobotix désherbe chimiquement en toute autonomie énergétique.

L’idée de spécialiser le robot à une, voire deux tâches n’est pourtant pas loin d’être unique et constitue le point commun de la majorité des constructeurs de petits robots. L’appareil autonome Avo du Suisse Ecorobotix est électrique, autonome en énergie, grâce à ses panneaux solaires, mais bénéficiant de batteries interchangeables pour allonger la journée de travail. Il est dédié au désherbage chimique, réalisé de façon ultra localisé à l’aide de caméras et d’une intelligence artificielle qui pilote les applications uniquement sur les adventices : il peut traiter jusqu’à 10 hectares par jour. Doté également de panneaux solaires, le robot FD20 de Farmdroid pulvérise aussi, mais réalise également du semis de précision. Chaque graine implantée est géolocalisée ce qui facilite la distinction des adventices et des cultures. Il est prévu pour travailler sur 20 hectares. Transportés sur une remorque ou un plateau, ces petits robots présentent l’avantage d’être peu gourmands en énergie et de ne pas générer de tassement important des sols. En intervenant plus fréquemment et de manière ultralocalisée, ces engins limitent les besoins en phytosanitaires en ne traitant qu’une faible surface et à des stades de croissance plus précoces des adventices.

Avec son prototype BlueBob, Naïo dédie le robot au désherbage mécanique. Il n’est en revanche pas autonome en énergie, nécessitant une recharge quotidienne.

Des petits robots qui travaillent en groupe

De son côté, Fendt a également fait le choix de petits robots compacts et légers dédiés au semis. Le constructeur allemand pousse jusqu’à faire travailler toute une flotte de robots en essaim, chacun ayant sa mission sur une surface prédéterminée. Mais si l’un d’entre eux tombe en panne, la répartition des tâches est modifiée : les surfaces à réaliser par chaque robot sont revues à la hausse et la surface dédiée initialement au robot défectueux partagée avec les autres robots.

Entre les deux écoles (petits et gros robots), il n’y a pas forcément d’opposition. Les petits présentent l’avantage de ne pas compacter les sols et se montrent peu énergivores. Si leur débit de chantier n’est pas élevé, la possibilité de travailler sans discontinuer, voire en groupe, leur permet de réaliser leur mission avec succès. En revanche, leur utilisation se limite à des applications au-dessus du sol ou en travail superficiel (binage, semis). Pour du travail du sol plus profond ou nécessitant des débits de chantier élevés (récolte), les engins puissants restent aujourd’hui nécessaires. Finalement, les petits et gros robots se montrent plutôt complémentaires, proposant un bon compromis entre respect des sols et tâches à effectuer.

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