Des robots repousse-fourrage plus nombreux et plus connectés
Le marché croissant des automates repoussant la ration des vaches laitières est convoité par neuf marques, dont certaines innovent par l’intégration de nouveaux capteurs.

Moins de pénibilité pour l’éleveur, une ingestion optimisée des fourrages, une production laitière qui s’en trouve bonifiée, et une réduction notable des refus : le robot repousse-fourrage répond à de nombreux enjeux. Automate le plus abordable dans une exploitation laitière (tarifs compris entre 13 000 et 25 000 euros), cet équipement s’est largement démocratisé ces dix dernières années. Preuve du dynamisme de ce marché, neuf fournisseurs sont désormais actifs dans l’Hexagone. Leader du secteur, Lely annonçait en 2023 avoir vendu 15 000 robots Juno dans le monde depuis sa première commercialisation en 2008.

La jupe rotative plus répandue
La majorité des automates partagent une conception basée sur une jupe (ou tambour) rotative. Cet élément, dont le rôle est de pousser le fourrage, peut prendre différentes formes : verticale ou inclinée, et le plus souvent lisse. Seuls Rovibec et CRD (modèle Alim’Slim) se singularisent avec un tambour à facettes. Le cylindre peut être en rotation libre ou motorisé. Pour les exploitations présentant des dénivelés ou de petites marches, certains modèles sont dotés d’un tambour relevable, une fonctionnalité qui préserve également la bande d’usure en contact avec le sol.

Vis sans fin ou courroie rotative
Seuls trois robots repousse-fourrage ne disposent pas de tambour rotatif. DeLaval et Boumatic – cette dernière marque commercialisant sous ses couleurs le robot de l’autrichien Wasserbauer – optent pour un dispositif à vis horizontale.

Principal argument avancé en faveur de cette conception : sa capacité à aérer et à mélanger le fourrage à chaque repousse. Ces modèles sont toutefois plus sensibles à l’usure et consomment davantage d’énergie pour des fourrages lourds. De plus, ils ne permettent la repousse que d’un seul côté, à l’inverse de la plupart des modèles à tambour qui opèrent indifféremment à gauche et à droite. Quant à GEA, il se démarque avec son récent DairyFeed F4450, caractérisé par une courroie rotative.

Guidage au sol, lidar et caméras
Les technologies de guidage sont variées. Certains robots se déplacent en suivant une ligne matérialisée par un fil aimanté incrusté dans le sol ou une bande magnétique posée en surface. D’autres se repèrent grâce à des aimants ou des transpondeurs implantés dans le sol, complétés par un gyroscope et un odomètre sur les roues pour une navigation précise.

Certains se passent de dispositifs au sol lorsqu’ils évoluent sur la table d’alimentation. Le Juno de Lely utilise des capteurs à ultrasons pour se repérer par rapport aux cornadis, tandis que le Nimbo de Sveaverken les complète par une caméra. Les développements les plus récents, comme le Nimbo + et les deux robots de CRD, intègrent un Lidar associé à une cartographie préalable du bâtiment pour une navigation optimisée, sans aucun accessoire au sol, y compris pour passer d’un bâtiment à un autre. Le Nimbo + va plus loin en exploitant la vision de sa caméra et de son Lidar via l’intelligence artificielle pour analyser la quantité de fourrage restante à l’auge. Cette fonctionnalité sera également proposée sur le futur Juno Max de Lely, dont la caméra 3D sert aussi à observer son environnement pour adapter sa trajectoire en cas d’obstacle.

Plus ou moins aptes à gravir les pentes
La plupart des robots sont équipés de deux roues motorisées électriquement, complétées par une roue folle. Le Juno Max de Lely fait exception en recevant trois roues motrices, dont une directrice. Cet appareil, destiné aux élevages de grande taille, partage les mêmes composants que le robot d’alimentation Lely Vector, ce qui lui confère un gabarit plus imposant et la capacité de gravir des pentes allant jusqu’à 20 %. L’aptitude à franchir les côtes, ainsi que la vitesse d’avancement, diffèrent selon les marques. Ces deux critères peuvent s’avérer déterminants lorsque le robot est amené à circuler entre plusieurs bâtiments.

L’autonomie des batteries varie d’un modèle à l’autre selon leur capacité et leur technologie (plomb AGM ou lithium). Une majorité d’appareils offre environ une heure de fonctionnement pour une heure de charge. Il est essentiel pour l’éleveur de prendre en compte la configuration de ses bâtiments et la distance à parcourir afin d’évaluer précisément le nombre de repousses que l’automate pourra assurer.


Applications mobiles et pilotage à distance
Le paramétrage du circuit, des horaires de passage ou de la distance au cornadis, s’effectue désormais majoritairement par l’intermédiaire d’une application mobile, via une connexion Bluetooth ou Wi-Fi. Bien que certains appareils conservent une télécommande ou un écran tactile, la tendance est au pilotage déporté. Dans de nombreux cas, si la stabulation dispose d’une couverture Wi-Fi, l’éleveur peut se connecter à distance au robot. Cette connectivité permet également au constructeur de réaliser des diagnostics de panne ou des mises à jour des logiciels à distance, optimisant ainsi la maintenance. Enfin, certains modèles offrent la possibilité d’embarquer un distributeur de concentrés, ajoutant une fonctionnalité complémentaire.



