Comparatif Massey Ferguson MF 8S.305 vs MF 9S.310 – La polyvalence face à la traction pure
Mathieu Ondet, agriculteur en Indre-et-Loire, et son salarié Quentin Moreau ont testé pendant près de deux semaines les tracteurs MF 8S.305 et MF 9S.310. Deux tracteurs de puissance comparable, mais aux caractéristiques et aux usages bien distincts.
Mathieu Ondet, agriculteur en Indre-et-Loire, et son salarié Quentin Moreau ont testé pendant près de deux semaines les tracteurs MF 8S.305 et MF 9S.310. Deux tracteurs de puissance comparable, mais aux caractéristiques et aux usages bien distincts.

Construits à Beauvais, les deux tracteurs Massey Ferguson testés affichent une puissance légèrement au-dessus de 300 ch. Le MF 8S.305 est le plus puissant de sa gamme, tandis que le MF 9S.310 est le second modèle d’une série culminant à 425 ch. Disposant de la même cabine, les deux modèles partagent également le concept Protect-U, caractérisé par un espace entre le bloc-moteur et la cabine, de 24 cm sur les MF 8S et de 18 cm sur les MF 9S. Cet isolement physique participe à la très bonne insonorisation, dont font preuve les deux tracteurs.
Trois choix de transmission sur les MF 8S
Les MF 9S accèdent uniquement à la Dyna-VT, alors que les MF 8S, aussi éligibles à cette transmission à variation continue, sont également déclinés (excepté les MF 8S.285 et MF 8S.305) avec une semi-powershift à quatre gammes et sept rapports sous charge Dyna-7 ou avec la solution à double embrayage Dyna e-Power. Les MF 8S sont par ailleurs proposés en deux finitions : Efficient et Exclusive, cette dernière accompagnant d’office la Dyna-VT.
Depuis juillet, Massey Ferguson a fait évoluer la gamme MF 8S, désormais appelée MF 8S Xtra et caractérisée par quelques évolutions stylistiques et l’adoption en option d’un ventilateur à pales réversibles.
Les deux tracteurs sont intervenus fin juillet après les moissons. Ils ont réalisé essentiellement du travail du sol de décompactage et de déchaumage, le MF 8S.305 avec un déchaumeur à dents Pöttinger Terria de 4 m le MF 9S.310 avec un décompacteur Multi Seem de 3 m. La météo instable a permis de tester les deux tracteurs dans des conditions très sèches au début pour terminer dans des terres plus fraîches.
Les plus
Espace et insonorisation de la cabine
Performances de traction
Ergonomie
Visibilité panoramique
Les moins
Compacité et accessibilité des organes d’entretien
Quelques sécurités rébarbatives
Manque de rangements

Les tracteurs Massey Ferguson MF 8S et MF 9S partagent la même cabine inaugurée en 2020. Celle-ci se distingue par son volume important, ses quatre montants et son pare-brise incliné vers l’avant. Cette inclinaison limite l’accumulation de poussière sur la vitre. En outre, le balai d’essuie-glace couvre 85 à 90 % de la surface totale, ce qui est un de ses atouts. Mais il s’arrête à 7-8 cm des montants de chaque côté. En optimisant sa course, on pourrait encore mieux faire.
L’accès au poste de conduite s’effectue facilement à l’aide d’un marchepied incliné (à cinq marches sur le MF 8S, six sur le MF 9S) jouxté de multiples poignées.
La position haute et reculée offre une très bonne visibilité panoramique, grâce à des montants très fins. Vers l’arrière, la vue plongeante est très dégagée, même avec des gros pneumatiques. Vers l’avant, le profil très effilé du capot du MF 8S dégage une visibilité qui devient rare aujourd’hui. Le capot du MF 9S est un peu plus large, mais reste de taille contenue pour cette plage de puissance. Logé en bas à droite de la cabine, le bloc de dépollution n’entrave aucunement le champ de vision sur les deux tracteurs.
L’espace en cabine autorise un angle de rotation du siège important. Seul le support de téléphone positionné à droite du terminal sur le 9S tend à toucher un peu la garniture sur l’aile droite lorsque le siège est pivoté au maximum et qu’il y a beaucoup de secousses.
Sur ces tracteurs, Massey Ferguson a fait le choix d’un design audacieux, « à la française », qui peut être clivant. Pour ma part, j’aime bien. Tout l’univers en cabine propose une finition poussée, à l’image des icônes de tracteurs, fidèles à l’allure générale du tracteur. Même les plastiques durs qui peuvent faire cheap au premier abord sont bien assemblés et ne vibrent pas à l’usage.
Il manque peut-être d’un peu de rangements : on recense un vide-poche à l’avant, un compartiment pouvant recevoir deux bouteilles et dans lequel on peut faire souffler la clim, deux porte-bouteilles, ainsi qu’un petit compartiment un peu léger derrière le siège passager.

L’ergonomie proposée est très bonne. Toutes les commandes tombent bien sous la main : c’est intuitif, on ne cherche pas trop. Peut-être a-t-on tendance à parfois accrocher le second joystick quand on agrippe le joystick principal. C’est une question d’habitude. Les deux tracteurs proposent une quantité raisonnable de commandes personnalisables. Pour l’hydraulique, on peut affecter deux commandes au joystick, deux au microjoystick et trois aux fingertips. L’accoudoir regroupe bon nombre de commandes, notamment celles du réglage de la température de la climatisation : on regretterait presque de ne pas avoir aussi celles de la ventilation. Je suis moins fan des commandes de feux en bas au pied de la colonne de direction.
Le tableau de bord est délocalisé sur un écran couleur vertical sur le montant droit.

La personnalisation s’effectue depuis le terminal Datatronic 5, très intuitif. En une heure, sans formation, on prend en main 95 % des fonctionnalités, grâce aux pictogrammes et aux logos, en créant des profils utilisateurs/outils. Les affichages sont facilement personnalisables : on peut aller jusqu’à cinq pages. Jusqu’à quatre caméras peuvent notamment y être affichées. Il faut cependant faire attention quand on fait glisser les pages, car on a vite fait de dérégler certains paramètres si on place le doigt au mauvais endroit.
Les séquences de bout de champ sont faciles à mettre en place. Un appui court enclenche une fonction, un appui long, la séquence complète. Quand on change de parcelle et qu’on arrive dans le champ suivant, il faut remettre la temporisation sur l’hydraulique et réactiver la séquence : c’est un peu fastidieux. Même chose si on descend du tracteur au champ. Cela fait partie des éléments de sécurité un peu pénibles, comme le déverrouillage du relevage sur les commandes extérieures : il faut enchaîner un appui sur le bouton du bas, puis celui du haut et enfin celui du bas pour pouvoir agir sur la hauteur de relevage.

L’accès au capot s’effectue via une clé à six pans. Les panneaux latéraux sont juste clipsés. Massey Ferguson a fait le choix de radiateurs fixes et de conduites rigides, plus robustes. Des accès permettent de souffler les différents refroidisseurs.
Si les différents filtres hydrauliques et à carburant sont accessibles sans ôter les panneaux latéraux sur le MF 8S, ce n’est pas le cas pour le plus MF 9S.
Sur les deux tracteurs, le filtre à air cyclonique est logé sous le capot à gauche en position haute, trop haute à notre goût. Le MF 9S se démarque cependant par son réservoir à GNR chapeauté d’une plateforme à revêtement agrippant, devant la cabine, sur laquelle on peut grimper pour atteindre plus facilement le filtre en question.

Le filtre à air de l’habitacle est placé un peu trop haut, sous la cabine à l’arrière.
La prise d’air d’admission s’effectue via une grille juste devant la cabine sur le MF 8S, sur le dessus du capot sur le MF 9S. Malgré cela, les filtres à air d’admission étaient assez encrassés à l’issue des essais (120 h avec les deux tracteurs).

Le MF 9S dispose d’une prise d’air au sommet du marchepied gauche pour souffler si besoin au champ. Au même endroit, deux cosses dédoublées de celles de la batterie permettent d’y brancher facilement des câbles.

La batterie des deux tracteurs prend place dans un compartiment (s’ouvrant avec une clé) à droite sous la cabine, dans lequel figure le plan de graissage. Sur le MF 9S, le compartiment est en deux parties, avec un grand espace de rangement logeant une véritable boîte à outils Facom.

Sur la route, le MF 9S.310, les pneus encore gonflés à bloc pour le transport, se montre très confortable : la suspension de cabine est vraiment efficace. À 50 km/h, il affiche une bonne tenue de route : il est très stable. Le MF 8S.305 est tout aussi confortable.
Les deux tracteurs se démarquent aussi par une insonorisation efficace, notamment du fait de l’isolement physique du moteur et de la cabine. Le plus gros modèle se montre légèrement plus bruyant, mais le son plus grave de son six cylindres de 8,4 litres n’est pas désagréable à l’oreille.
Du fait de la bonne insonorisation, on entend un peu plus la ventilation. Il faut dire qu’il y a un grand volume à refroidir. Pour se sentir bien avec 35 °C dehors, la climatisation était réglée à 17 °C et fonctionnait à 80 %, aidée de nombreuses bouches d’air et d’un siège ventilé de série.
En revanche, le rideau pare-soleil est assez loin en avant. Il est trop loin pour le baisser en roulant. Sur les 8S Xtra, les rideaux souples à cordelette ont été remplacés par des modèles à pantographes, plus rigides et plus faciles à manipuler. Il n’y a plus de cordelette qui cogne contre la vitre.

Je suis bluffé par la capacité de traction du MF 8S.305. Avec les dents du Terria piochant à 20 cm, ce tracteur, réglé à un bar dans chaque pneu, emmène bien le déchaumeur de 4 m dans une terre dure et sèche. Il évolue au régime de 1 500 tr/min à une vitesse de 7,4 km/h et un taux de patinage oscillant autour de 7 %. Quant à la charge moteur, elle affiche 60 à 70 %. Quand on est dans des zones de terre plus dures, on monte à 13 % de patinage et à 90 % de charge moteur. Mais le reste du temps, il affiche un régime moteur très constant. Il a une excellente régulation moteur-transmission.
Pourtant, le MF 8S n’est pas lesté. Il ne fait pas 12 t et réalise un bon travail. S’il était correctement massé, avec un peu de lests dans les roues arrière et un contrepoids à l’avant, ça serait encore mieux.
Après une première pluie de 35 mm, le tracteur de 305 ch est encore plus à l’aise : le régime reste à 1 500 tr/min, mais la charge moteur baisse et ne dépasse plus 60 %. Il se montre encore plus silencieux. La consommation d’AdBlue quant à elle correspond à 7-8 % de celle du GNR.

Attelé sur le décompacteur Multi Seem piochant à 25 cm, le MF 9S.310 est lesté de 500 kg dans chaque roue arrière et d’une masse frontale de 850 kg. Ses pneus sont gonflés à leur optimal : 1,2 bar à l’arrière et 1,1 bar à l’avant. Le tracteur fait preuve d’une bonne capacité de traction et évolue à 80 % de sa charge moteur, un peu plus dans les bouts de parcelle, où le sol est plus compacté. Il est ici monté dans sa configuration transport, avec une voie étroite. En le réglant dans une voie plus large, il serait plus stable et encore plus performant en termes de traction.
Cette dernière est aussi améliorée après une première grosse pluie, le MF 9S se montre plus à l’aise. Il affiche une consommation raisonnable de 42 l/h, soit 20,20 l/ha.
Lors des demi-tours, le tracteur impressionne par sa maniabilité, aussi bonne que celle du MF 8S, malgré son empattement plus important.
Nous avons comparé les deux tracteurs dans le même champ, avec le même déchaumeur Pöttinger Terria de 4 m réglé de la même façon.

Dans une parcelle de 30 ha, nous avons réalisé plusieurs séries de 15 passages : 15 avec le MF 8S.305, puis 15 avec le MF 9S.310 et ainsi de suite, de façon à limiter les biais liés à l’hétérogénéité des sols dans la parcelle. Les deux tracteurs avaient tous les deux comme consigne d’avancer à 7,4 km/h.
Le MF 8S.305 a travaillé à une vitesse moyenne de 7,4 km/h, consommé 38 l/h et affiché un taux de patinage à 10 % et un débit de chantier moyen de 2,8 ha/h. Le taux de charge oscille principalement entre 85 et 90 %.
Malgré la même consigne de 7,4 km/h, le MF 9S.310 s’est retrouvé à plusieurs reprises à une allure supérieure, pouvant atteindre 8 km/h pendant une certaine durée. Il affiche donc une vitesse moyenne de 7,6 km/h. Concernant la consommation, son poids plus élevé se fait ressentir, le MF9S.310 absorbant autour de 42 l/h. Son équilibre taillé pour la traction pure et son lestage l’avantage en termes de patinage qui reste très réduit (2 %). Cela se ressent sur le débit de chantier qui monte à 3 ha/h. Ce tracteur est marqué par un taux de charge à 90-95 %.

Finalement, le MF9S.310 consomme à l’hectare à peine plus (14 l/ha) que le MF 8S.305 (13,6 l/ha).
En conclusion, je dirai que le MF 8S est le meilleur des deux mondes. Si on le leste correctement à l’avant et à l’arrière, on arrive à l’exploiter à 100 % à la traction pure. Et pour les autres opérations, son rapport poids-puissance est un atout.
Pour des travaux de traction pure, avec des outils plus gros que le Terria de 4 m, le MF 9S est à son avantage. Il est taillé pour la traction : 4 à 5 % de patinage maxi, c’est exceptionnel.
Moteur
Puissance maxi : 305 ch à 1 850 tr/min
Couple maxi : 1 280 Nm à 1 000 tr/min
Cylindrée : 7 400 cm3
Norme et système de dépollution : Stage V avec DOC, SCR et catalyseur de suie
Capacité d’huile du moteur : 25 l
Espace entre chaque vidange : 600 h
Transmission
Type : Variation continue Dyna-VT (ML260 Light)
Régime moteur à 40/50 km/h : 1 400/1 550 tr/min
Régimes de prise de force et régime moteur correspondant : 1000/1000E à
1 882/1 605 tr/min (Av. : 1000 à 1920 tr/min)
Circuit hydraulique
Type : Load sensing
Débit : 205 (Eco) l/min à 1 650 tr/min
Volume d’huile hydraulique exportable : 66 l
Nombre de distributeurs de série : 4 (5 en option, comme le modèle essayé)
Relevage
Capacité aux rotules sur toute la course (ar./av.) : 10/4,8 t
Dimensions
Capacité du réservoir de carburant/AdBlue : 500/43 l
Hauteur hors tout : 3,41 m
Empattement : 3,05 m
Poids à vide : 10,3 t
PTAC : 16 t à 40 et 50 km/h
Monte pneumatique du modèle essayé : VF710/70 R42 et VF600/70 R30
Budget
Prix catalogue au 01/10/2025 : 293 320 euros HT
Moteur
Puissance maxi : 310 ch à 1 850 tr/min
Couple maxi : 1 300 Nm à 1 500 tr/min
Cylindrée : 8 400 cm3
Norme et système de dépollution : Stage V avec DOC, SCR et catalyseur de suie
Capacité d’huile du moteur : 29 l
Espace entre chaque vidange : 500 h
Transmission
Type : Variation continue Dyna-VT (ML260 HD)
Régime moteur à 40/50 km/h : 1 400/1 550 tr/min
Régimes de prise de force et régime moteur correspondant : À l’arrière, 1000/1000E à
1 882/1 605 tr/min (540 éco et 1 000 tr/min en option). À l’avant : 1 000 à 1 920 tr/min
Circuit hydraulique
Type : Load sensing
Débit : 205 (Eco) l/min à 1 650 tr/min (340 l/min éco en option)
Volume d’huile hydraulique exportable : 101 l
Nombre de distributeurs de série : 4 (6 en option, comme le modèle à l’essai)
Relevage
Capacité aux rotules sur toute la course (ar./av.) : 12/5 t
Dimensions
Capacité du réservoir de carburant/AdBlue : 660/68 l
Hauteur hors tout : 3,41 m
Empattement : 3,10 m
Poids à vide : 11,67 t
PTAC : 18 t à 40 km/h (16 à 50 km/h)
Monte pneumatique du modèle essayé : VF710/75 R42 et VF650/60 R34
Budget
Prix catalogue au 01/10/2025 : 320 205 euros HT







