Bien entretenir sa mélangeuse à vis verticale en neuf points

« La mélangeuse est l’outil le plus utilisé sur une exploitation d’élevage, mais bien souvent le moins bien entretenu », résume Emmanuel Rouillé. Le responsable technique Jeulin, Elho et Anderson, nous fait un état des lieux des différents points de contrôle à effectuer et de leur fréquence.

Dans l’idéal, le graissage des cardans doit être réalisé toutes les 50 heures, afin de préserver la durée de vie. Le technicien préconise de lubrifier peu, mais plus régulièrement, plutôt qu’à intervalles espacés en surabondance. « En mettre trop, c’est perdre de la graisse inutilement, explique Emmanuel Rouillé. De plus, la mélangeuse évolue dans la poussière, qui va venir se poser sur la graisse en excès et produire de la "pâte à roder". Ajoutons que le surgraissage met en péril l’étanchéité des joints. »

Une fois par an, la sécurité de cardan à friction doit être démontée, nettoyée et tarée : les cotes s’obtiennent auprès du concessionnaire. Au besoin, il faudra changer les disques de friction si ceux-ci sont complètement usés. Cette révision annuelle a son importance, car si la sécurité ne se déclenche pas, ce sont tous les organes qu’elle protège (turbine, boîtiers de vis et vis) qui risquent d’être endommagés.

Emmanuel Rouillé préconise une première vidange des boîtes de vitesses (principale et turbine) au bout des 50 premières heures d’utilisation, puis toutes les 350 heures. Veiller à bien utiliser l’huile préconisée, notamment les indices de viscosité. Ces intervalles de vidange valent pour les mélangeuses Jeulin et peuvent être différents pour d’autres marques. Se référer au manuel d’entretien livré avec la machine. De plus, ne pas hésiter à surveiller quotidiennement la présence d’éventuelles fuites sous la machine ou en contrôlant le niveau sur la jauge visuelle.

La vidange des boîtiers de vis est à réaliser au bout de 50 heures, puis toutes les 1 000 heures. Il est important de respecter de manière précise le protocole de vidange et de remplissage d’huile sous pression, que l’éleveur peut obtenir auprès de son concessionnaire ou du constructeur. « Respecter scrupuleusement cette opération est nécessaire si on ne veut pas subir de pannes par la suite », insiste Emmanuel Rouillé, qui conseille la délégation de cette tâche au concessionnaire lorsque l’éleveur n’est pas équipé d’un système de remplissage d’huile sous pression. Côté volume, compter chez Jeulin, 36 litres dans chaque boîtier de vis et 4 litres dans le réservoir sous charge avec niveau, auquel la ou les vis sont connectées.

Les glissières des différentes trappes peuvent accumuler des impuretés. Il est important de les nettoyer régulièrement, pour que les trappes s’ouvrent et se ferment facilement. Même si cela se pratique de manière courante sur le terrain, l’emploi de graisse sur les glissières est à proscrire. Celle-ci va se mélanger à la poussière et former une pâte abrasive, préjudiciable sur le long terme.

Les éléments mobiles de la turbine de paillage, notamment la goulotte orientable, sont très sollicités. Un graissage régulier, toutes les 100 heures environ, est donc à prévoir.

Les couteaux sont à remplacer lorsque leur tranchant devient trop émoussé. Cela se constate facilement sur la ration, qui tend à se défibrer au lieu d’être coupée de manière franche. Certains éleveurs les remplacent par moitié, pour avoir une qualité de coupe relativement constante tout au long de l’année. La fréquence de changement dépend plus de la nature des fourrages mélangés que d’un nombre d’heures. Emmanuel Rouillé précise qu’il est « inutile d’affûter les lames, dont le renforcement au carbure va sauter, ce qui va accélérer l’usure. Lorsqu’on retarde trop le remplacement, la mélangeuse devient plus tirante, ce qui augmente la consommation de carburant, mais aussi le temps passé au mélange, tout en accroissant les risques d’acidose liés à la ration moins bien préparée. »

Sur les tapis à chaînes et barrettes, il est préconisé d’huiler toutes les 100 heures, de vérifier la tension, et lorsqu’on arrive en bout de course pour la tension, de raccourcir la chaîne. Sur les tapis PVC, il faut contrôler régulièrement les tensions (ni trop, ni pas assez) et vérifier l’efficacité des décrotteurs des rouleaux d’entraînement. Si besoin, il conviendra de réajuster, afin d’éviter l’accumulation de produit entre les rouleaux et le tapis.

Dernier point d’entretien : le train roulant. Pensez à graisser régulièrement les moyeux du balancier et les points de pivot de l’essieu suiveur. La pression des pneumatiques est aussi à vérifier.

Pour monter et/ou démonter les couteaux, l’éleveur peut être amené à intervenir dans la cuve. Pensez à sécuriser la montée et la descente de la cuve, afin d’éviter toute mauvaise chute. Avec ses couteaux tranchants, l’intérieur de la cuve constitue un univers potentiellement dangereux. Il est important de prendre soin de bien vider la cuve avant d’intervenir, en employant un balai par exemple, de façon à éviter tout risque de glissade. Prenez soin de déconnecter le cardan de la prise de force du tracteur et vous équiper de chaussures ou de bottes de sécurité, ainsi que de gants épais et/ou solides.