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Limiter le tassement des sols en viticulture

Le compactage induit par la mécanisation du vignoble est une problématique récurrente. Voici nos conseils pour garder vos sols en bon état.

Les pneumatiques radiaux basse pression permettent de mieux répartir la charge, et de diminuer le tassement des sols.
© X. Delbecque

Asphyxie, érosion, diminution de la réserve hydrique… Les conséquences du tassement des sols sont lourdes. Pour éviter d’en arriver là, il est possible de jouer sur certains leviers, tels que les pneumatiques ou les itinéraires techniques. « La règle d’or, c’est de ne jamais passer avec un engin lourd lorsqu’un sol est humide », débute Perrine Dubois, conseillère viticole dans le Maine-et-Loire. Pour elle, il est impératif d’attendre un bon ressuyage avant d’entrer dans une parcelle. Repérer le bon moment nécessite un rapide test d’observation. « Lorsqu’elle s’émiette sans se lisser, une terre est bien ressuyée » explique la technicienne. Afin de vérifier cela, un simple coup de pioche fait l’affaire : si la motte éclate en tombant, vous pouvez entrer sereinement dans la parcelle. Dans le cas contraire, il faut encore attendre. Un autre petit test consiste à former un boudin de terre entre ses mains. Si vous y arrivez, c’est que la terre est trop humide pour accueillir un tracteur. La technicienne conseille également de hiérarchiser le travail en fonction du type de sol : commencer par les parcelles sableuses ou bien drainées, et faire celles les plus argileuses en dernier. « Cependant, pour la pulvérisation, il peut être compliqué d’attendre que le sol soit bien ressuyé, avoue Perrine Dubois. Il est donc pertinent de garder au minimum un rang sur trois ou quatre enherbé pour atténuer l’effet de tassement. »

Les pneumatiques jouent un rôle important

L’autre point majeur pour éviter de compacter le sol est d’avoir des pneumatiques adaptés et bien réglés. « Le pneu, c’est la base de la réflexion », lance Loïc Doussat, conseiller à la chambre d’agriculture de l’Aude. Le technicien regrette que la plupart des agriculteurs ne fassent pas varier la pression des pneus en fonction du travail, alors qu’il en découle des effets bénéfiques sur le tassement, la consommation de gasoil et même la vitesse. D’autant plus que c’est un réglage simple et pas cher. « Pour un travail du sol qui demande peu de traction, la pression doit être plus basse, détaille-t-il. On peut descendre jusqu’à 600 grammes. Si la force de traction est importante, comme pour un cultivateur, on ira vers des pressions intermédiaires, de l’ordre de 900 grammes. Et dans le cas d’outils de transport, comme des bennes, je recommande de monter jusqu’à 1,8 kilogramme. » De même, attention à ne pas dépasser la capacité de charge des pneus d’un pulvérisateur traîné, ce qui entraîne un tassement plus important. « Il existe des abaques pour la pression des pneumatiques. Je conseille aux viticulteurs de les consulter », insiste le technicien. Loïc Doussat préconise également, pour ceux qui ne l’auraient pas encore fait, de se doter de pneus radiaux, qui répartissent bien mieux la charge que les diagonaux. Et surtout, d’opter pour des pneumatiques basse pression. « Ils sont vraiment très efficaces pour limiter le tassement », indique-t-il. En effet, ils sont étudiés pour se déformer sous le poids du tracteur, et augmenter ainsi la surface de contact au sol. Lors de ses essais, le conseiller a obtenu, avec des pneus basse pression, des ornières 30 % moins épaisses, un gain de vitesse de 10 % et de bons résultats face aux tassements qui se sont observés jusque dans les horizons profonds. En outre, la réduction du patinage entraîne également une économie de gasoil pouvant atteindre 20 %, et une réduction de l’usure. « Ces pneus sont aussi très intéressants pour ceux qui font beaucoup de route », complète-t-il. Les seuls inconvénients sont le prix plus élevé (compter environ 15 % par rapport à un modèle classique), et la nécessité de jantes spéciales sur certains modèles.

Une réflexion à mener dès l’achat du tracteur

Le technicien déconseille par ailleurs le gonflage à l’eau, qui augmente le poids du tracteur, et lors de ses sorties sur le terrain, il pointe que les professionnels sont souvent mal équipés. « Les concessionnaires sont très peu sensibilisés à la question des pneumatiques, ajoute-t-il. C’est donc au viticulteur de faire la démarche et de réfléchir au sujet. » Et la réflexion commence dès l’achat. Car les montes d’origine sont globalement identiques partout, alors que les régions viticoles peuvent être très différentes. Il est également possible d’acheter en option un système de télé-gonflage, pour régler la pression depuis le poste de conduite du tracteur.

En plus du ressuyage et des pneumatiques, de petites actions supplémentaires peuvent être mises en place pour limiter le tassement. Comme le fait de choisir du matériel plus respectueux du sol. « Évitez les outils rotatifs, qui font de la terre fine, ainsi que ceux qui lissent », illustre Perrine Dubois. Au lycée viticole d’Amboise, dans l’Indre-et-Loire, le chef de culture s’est quant à lui équipé d’un petit enjambeur de 60 chevaux à deux roues motrices pesant 1,8 tonne. Il l’utilise dans la saison pour le travail du sol, en lieu et place d’un tracteur vigneron plus lourd. « On peut aussi diminuer le nombre de passages, en combinant les travaux, ajoute la technicienne. C’est assez facile pour la tonte et l’écimage par exemple. »

Si malgré toutes ces précautions vous faites face à un sol tassé, Perrine Dubois déconseille l’usage d’une sous-soleuse, qui casse la charpente racinaire. Privilégiez plutôt les bêches roulantes, outils à dents ou encore les engrais verts.

Des ornières 30 % moins épaisses et un gain de vitesse de 10 % grâce à des pneus basse pression
 

Comment évaluer le compactage d’un sol

Pour observer l’état de tassement d’un sol, il suffit de faire un large profil à l’aide d’une bêche, voire d’une petite pelle mécanique. L’idéal étant de creuser entre le passage de roue et le rang. Dégager les racines permet d’observer leur orientation : une pousse à l’horizontale est un premier indicateur de mauvais état. Dans un deuxième temps, il s’agit de récupérer un peu de sol à l’aide d’un tournevis ou d’un couteau. La structure des fragments de sol donne de précieuses indications. Si elle est anguleuse, et se présente en feuillets, on est en présence d’un sol tassé. Si, au contraire, elle montre de petits agrégats ronds, le compactage est limité. « Lorsque la vigne présente un mauvais développement et qu’il n’y a pas de carence visible, une telle opération devrait être un réflexe. Car dans 90 % des cas, la réponse se trouve sous le sol », assure Perrine Dubois, conseillère viticole à l’ATV 49.

 

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