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Des recommandations éprouvées pour limiter Wohlfahrtia

Les myiases à Wohlfahrtia magnifica peuvent être combattues avec des antiparasitaires externes, à condition de bien respecter le protocole. Retour d’expériences avec le président du GDS de la Vienne.

Les myiases à Wohlfahrtia Magnificasont provoqués par les larves carnassières de cette mouche.  © CDAAS de la Haute-Vienne
Les myiases à Wohlfahrtia Magnificasont provoqués par les larves carnassières de cette mouche.
© CDAAS de la Haute-Vienne

Éleveur de 200 brebis et 135 vaches allaitantes, Pascal Robichon, président du Groupements de défense sanitaire (GDS) de la Vienne s’est beaucoup impliqué dans la lutte contre les myiases à Wohlfahrtia magnifica qui peuvent toucher les éleveurs de Vienne, Haute-Vienne, Charente, Indre, Creuse et Deux-Sèvres. Président du Copil wohlfahrtia de Nouvelle-Aquitaine, il revient sur les recommandations proposées suite aux essais réalisés en Vienne et Haute-Vienne. Ces recommandations sont détaillées dans une plaquette envoyée aux éleveurs des zones touchées (à retrouver sur gds-poitou-charentes.fr). Des SMS sont aussi envoyés régulièrement aux éleveurs et le président compte aussi sur le bouche-à-oreille pour faire connaître les moyens de lutte.

« L’idée est de travailler tous ensemble et suffisamment tôt pour détruire les premières générations », explique Pascal Robichon. Les premières attaques ont lieu début mai et il faut traiter tôt avec un antiparasitaire externe à base de pyréthrines en pour-on (Ectofly, Deltanil, Spotinor, Dectospot) ou de pyréthrines ou organophosphorés en pulvérisation (Butox, Sebacil). Les produits en pour-on s’appliquent sur la peau de l’animal, pas sur la laine. Il faut donc avoir anticipé la tonte suffisamment en avance. « Nous avons testé ces insecticides qui sont efficaces quatre semaines. »

La bonne dose au bon moment, au bon endroit

Sachant qu’une mouche peut pondre de 60 à 120 larves toutes les trois semaines, un traitement insecticide limite déjà considérablement les dégâts. Ensuite, à partir de la mi-juin, on cherche à protéger et limiter les attaques. On peut alors soit utiliser une solution naturelle insectifuge à base d’extraits végétaux (Oxylis, Stopmyasis) soit un produit à base de dicyclanil (Clik).

« Le dyciclanyl est efficace mais nous nous sommes rendu compte que nos pratiques n’étaient pas forcément bonnes. » D’abord, il y a la question de la dose. « Les 35 ml par brebis sont prévus pour des brebis grecques de 45 kg. Chez nous, c’est plutôt 80 à 90 kg… » Il faut alors se baser sur 0,6 ml par kilo de poids vif, soit environ 50 ml par animal.

L’application du produit doit aussi être bien réalisée. « On a tendance à pulvériser trop près de l’animal », observe Pascal Robichon qui recommande de bien se tenir à 40 cm de la peau pour que le spectre d’application reste suffisamment large. Ensuite, il faut diviser la dose en cinq : une partie du dos vers la patte avant droite puis du dos vers la patte avant gauche, une partie de la vulve vers le gigot droit puis vers le gigot gauche et enfin un coup sur le dos.

Tuer les asticots et les laisser tomber

Le moment du traitement a aussi son importance afin que la toison soit bien sèche. « Il faut traiter plutôt l’après-midi quand la rosée du matin est partie et s’assurer d’avoir quatre jours de beau temps après l’application ».

« Avec ce traitement, on protège pour environ trois mois s’il n’y a pas d’intervention comme la pose d’éponge ou la mise au bélier. Car des écoulements apportent de l’humidité autour de la vulve et peuvent attirer les mouches. » Si ces interventions ont lieu, l’application d’un répulsif ou d’un insecticide autour de la vulve peut limiter les soucis. Il faut aussi que les pieds soient sains car le mal blanc ou le piétin sont des facteurs aggravants. Les pédiluves ou la vaccination contre le piétin sont ainsi préconisés pour ceux qui ont beaucoup de problèmes. La supplémentation en libre-service avec des extraits végétaux d’ail est également recommandée.

Bien sûr, il faut traiter les animaux infectés. « Si on tire dessus quand les asticots sont vivants, on arrache la chaire et cela risque de s’infecter davantage." Le président du GDS préconise donc plutôt de traiter avec un insecticide à base deltaméthrine (Spotinor, Deltanil), de cyperméthrine (Ectofly) ou de phoxime (Sébacil). On vérifie le lendemain que les asticots morts sont bien tombés. La plaie est normalement très propre. Un deuxième passage peut parfois être nécessaire. « Il faut bien surveiller les animaux car le pied peut être explosé en trois jours. »

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