Aller au contenu principal

Recherche
La viande, un truc d’hommes ?

Les clichés sur les goûts alimentaires des hommes et des femmes sont bien présents. Aux uns les côtes de bœuf au barbecue et le saucisson, aux autres les salades et le poisson. Mais dans les assiettes, les différences sont en réalité limitées.

© Réussir

L’assiette a-t-elle un genre ?, c’est la question que se sont posée les participants de la table ronde Meat Lab organisé par Charal en janvier dernier. Les préjugés sont nombreux quand on touche aux questions de genre. Mais pour Catherine Vidal, neurobiologiste, les recherches en neurosciences indiquent que « nous avons tous des cerveaux différents indépendamment du sexe ». Le genre ne prédispose pas à aimer le dos de cabillaud plutôt que l’andouillette. La scientifique explique que « les goûts alimentaires des femmes et des hommes ne sont pas fixés dans le cerveau dès la naissance, ils évoluent au cours de la vie ». Ils se constituent en lien avec la culture, les normes sociales et les médias. Les femmes, davantage soumises à des injonctions à la minceur, se tourneraient alors vers les viandes blanches ou les produits de la mer. Les hommes, poussés par les canons de beauté à développer des muscles, mangeraient alors davantage de viande rouge.

Jean-Pierre Poulain, sociologue, estime que les femmes affichent un modèle plus nutritionnel et les hommes un modèle plus énergétique. Ainsi au premier rang des aliments essentiels cités par les femmes on retrouve les fruits et les légumes, devant la viande et les produits laitiers. Chez les hommes, la viande est en tête, suivie des fruits et légumes et des féculents.

Autant de femmes que d’hommes (94 %) consomment des protéines animales chaque semaine

Dans les faits, selon Kantar Worldpanel qui prend en compte la consommation à domicile ou emportée du domicile, autant de femmes que d’hommes (94 %) consomment des protéines animales chaque semaine. La fréquence de consommation est légèrement plus élevée chez les hommes (6,5 fois par semaine contre 6,4 fois pour les femmes). Quelques clichés sont confirmés par les données de Kantar. Quand on considère l’indice de consommation, 100 représentant la moyenne nationale, les femmes sont plus consommatrices de légumes frais (indice 106) et les hommes de fromage (111), de pain (121), de viande fraîche (109) et de charcuterie (115). Quant au vin, la consommation est clairement genrée avec un indice 169 pour les hommes !

Des différences… chez les célibataires

La composition du foyer influence aussi la consommation. En effet, en famille, on mange ensemble, on partage le même plat et les compromis sont de mise. Les différences sont donc minimes entre hommes et femmes. Ces dernières consomment un peu plus de jambon blanc (porc ou volaille, indice 102) tandis que leurs conjoints consomment un peu plus de charcuterie (hors jambon, indice 105) et de viande fraîche (105). Chez les célibataires, quand chacun compose son menu à sa guise, les différences s’accentuent. Les femmes se tournent massivement vers le jambon blanc (indice 137) mais aussi le fromage (140) et surtout les légumes frais (144) tandis que les hommes consomment beaucoup plus de pain frais (190), de charcuterie (118) et un peu plus de viande fraîche (107). Les écarts se creusent aussi selon les âges et sont plus marqués chez les jeunes générations.

Le bœuf un peu plus masculin

Les hommes sont un peu plus nombreux (72,3 %) que les femmes (69,8 %) à consommer chaque semaine des viandes de boucherie. L’écart est plus prononcé encore sur le bœuf (52,4 % des hommes contre 49,5 % des femmes). La majorité du bœuf est consommé le midi avec encore une différence : 63 % des occasions de consommation pour mes femmes, 59 % pour les hommes. La façon de consommer le bœuf se montre aussi genrée et confirme certains clichés. Dans les assiettes des femmes, toujours selon Kantar, on trouve ainsi plus souvent des préparations considérées comme tendres et élaborées tandis que dans celles des hommes on trouve davantage des offres brutes, à plus gros grammage. 60 % des tartares et 54 % des entrecôtes sont ainsi consommés par des hommes, tandis que 53 % des brochettes et 51 % des carpaccios le sont par les femmes.

Article initialement paru dans le Viande Magazine de mars 2019

Les plus lus

salle de traite en élevage laitier
Prix du lait : des tendances négatives venues d'Europe du Nord

Les prix du lait au producteur sont sous pression dans le nord de l’Europe, car les cotations des produits laitiers…

 Emmanuel Bernard, président de la section bovine d’interbev
Sommet de l’élevage 2025 : « La première chose à faire, c’est de faire naître les veaux ! » pour Emmanuel Bernard, Interbev bovins

Alors que le Sommet de l’élevage commence, Emmanuel Bernard, éleveur bovin et président d’Interbev bovin revient pour Les…

Porc : « le choix de la Chine de cibler l’agriculture européenne n’est pas anodin »

Les Marchés ont échangé avec Simon Lacoume, économiste sectoriel chez Coface, expert mondial en assurance-crédit, pour…

graphique de la cotation entrée abattoir du JB R
Le prix des taurillons R dépasse les 7 €/kg

Les prix des jeunes bovins français grimpent nettement depuis le mois d’août et dépassent un nouveau record historique, même s…

Dépalettiseur
Œufs : « Il manque 3 millions de poules », comment la filière s’adapte à la tension

La transition vers l’œuf alternatif est bien amorcée par l’amont de la filière œuf. Mais il faut plus de poules en code 2 ou 1…

Poules standard dans un poulailler automatisé
Le Sud-Ouest se tourne vers le poulet standard pour concurrencer les importations

La France reste confrontée à la hausse des importations de poulets standards, qui représentent désormais un poulet sur deux.…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Les Marchés
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez vos publications numériques Les Marchés hebdo, le quotidien Les Marchés, Laiteries Mag’ et Viande Mag’
Recevez toutes les informations du Bio avec la newsletter Les Marchés Bio