La quête du juste emballage en six points
Chassez le superflu, il revient au galop. Les rayons des magasins regorgent de produits alimentaires aux emballages complexes. Ces derniers ne font pas que protéger. Passage en revue des fonctionnalités en rapport avec l’objectif de réduction.
Chassez le superflu, il revient au galop. Les rayons des magasins regorgent de produits alimentaires aux emballages complexes. Ces derniers ne font pas que protéger. Passage en revue des fonctionnalités en rapport avec l’objectif de réduction.
Pas simple de renoncer aux parties superflues de l’emballage, ainsi que le recommande la loi Agec (Anti-gaspillage pour une économie circulaire). En principe, les produits alimentaires devraient se résumer aux éléments indispensables à leur protection et leur utilisation. Certaines gammes, en réduisant la part du plastique ou en supprimant celui-ci, en vertu de la stratégie 3R (réduction, recyclage et réemploi) découlant de la même loi, vont en sens inverse de la sobriété et de l’allègement du conditionnement. Les stratégies marketing confèrent différentes fonctions au packaging. Ces aspects fonctionnels rendront celui-ci compatible ou non avec la loi Anti-gaspillage et la stratégie 3R.
Découvrir les exemples :
- Yabon milite pour la longue conservation
- Carré Léon : l’art d’emballer une tablette de légume
- Pourquoi les paupiettes Bigard passent sous skin
- Bocaux en verre : pourquoi et comment Maison Gaborit relance la consigne
Laisser voir
le produit s’avère indispensable au consommateur d’aujourd’hui. La marque Les Crudettes l’a constaté à ses dépens quand elle a testé des sachets en papier kraft (plastifié intérieurement) complètement aveugles. Elle a dû ajouter une fenêtre laissant voir la salade, et l’on peut se demander si le sachet plastique transparent d’origine n’est pas préférable sur le plan du poids de l’emballage et de la sobriété de l’emballage. Pour l’éco-organisme Citeo, c’est une question. Les fruits secs de la marque Biothentic sont rendus visibles : la couche de papier recouvrant le plastique, qui représente plus de 50 % du sachet, ne recouvre pas toute la surface. Bien d’autres conditionnements de produits d’épicerie ou du rayon traiteur sont en partie transparents.
Communiquer
est une fonction très importante de l’emballage. Supprimer des espaces imprimés demande à reléguer des informations dans un QR Code à flasher. Ou bien les informations sont imprimées sur un élément nouveau. Par exemple, les boîtes de surimi Fleury Michon ont un couvercle imprimé. À noter que ce couvercle est solidaire de la barquette recyclable ; l’ensemble est recyclable. Le remplacement du plastique rigide par de la pulpe de papier ou de fibre peut poser un problème d’impression aux fabricants de pots et barquettes. Une réponse est apportée par un équipementier, Pagès Group, qui affirme avoir mis au point une technique d’impression qualitative et compétitive pour toutes formes de contenants en pulpe, et sur toutes faces.
Être visible en rayon
est l’avantage des cavaliers de carton sur les pots de yaourts à séparer. La marque toulousaine YOgourmand a quand même osé retirer la cartonnette de yaourts par 4, pouvant ainsi vanter l’évitement de 500 000 cartonnettes. Elle appose une étiquette sur les pots (qui ne pénalise pas leur recyclage). Mais celle-ci n’est pas aussi visible dans le rayon. L’œil du chaland s’habituera d’autant mieux que d’autres marques de produits laitiers frais supprimeront aussi la cartonnette.
Lire aussi : Nouvelles réglementations : À quoi s’en tenir pour l’emballage plastique
Suggérer
la qualité supérieure d’une référence est une des missions du verre, de la terre cuite, du grès ou du bois. C’est aussi la vertu des films plastique mats. Valentin Fournel, directeur éco-conception et réemploi à Citeo, confirme que le verre est lourd, donc coûteux au transport, et gourmand en énergie à la fabrication de nouveaux pots – il annonce à ce titre une prochaine étude de l’Ademe sur le verre. Pour autant, il renvoie à la mesure d’impact d’une analyse de cycle de vie (ACV) du couple produit/emballage. Le verre abonde dans les magasins spécialisés ou rayons du bio. « Consommation responsable », argumente la crème dessert Yabon sur le pot en verre format familial, en rapport avec l’argument « longue conservation ». La réutilisation du verre, via la consigne, est en perspective. Des verriers s’engagent, comme Verallia, dans l’émergence de boucles de réemploi de bocaux et bouteilles standardisés. Les matériaux nobles que sont la céramique et le grès n’auront pas de filière de recyclage ni de consigne, car leur gisement est très réduit, mais ils pourront, en revanche, s’offrir à leur réutilisation par le consommateur. Les emballages ménagers en bois ne seront pas non plus recyclés, comme le confirme Valentin Fournel. Mais ils sont légers et peuvent provenir de peupleraies cultivées durablement, et ce sont des déchets organiques combustibles. Raisons pour lesquelles «ils méritent d’être perpétués», pense-t-on à Citeo.
Aider le consommateur
par la praticité du conditionnement, lui éviter de gaspiller du produit sont des fonctions qui peuvent passer à la trappe d’innovations malheureuses. Les consommateurs peuvent, par exemple, trouver désagréable de laisser tomber des pots de dessert insuffisamment maintenus par leur manchon en carton ; de peiner à séparer des pots de yaourt ou de ne pouvoir vider complètement un flacon de sauce en plastique semi-rigide. Des problèmes de « sécabilité » des pots de yaourt en PET sont signalés chez des industriels qui ont essayé de remplacer le polystyrène avant qu’une filière de recyclage de ce dernier soit promise. Les pots rendus trop fins en vertu de la réduction du plastique peuvent se déchirer. Concevoir un étui de biscuits à la fois vertueux et pratique est l’objet d’un projet de Biscuits Bouvard, lauréat d’un appel des éco-organismes Citeo et Adelphe. Le biscuitier projette de remplacer la barquette de biscuits en plastique et son étui par deux films recyclables. Ce qui demandera de revoir le format de l’étui en carton. Plusieurs vertus sont réunies dans la poche tenant debout du fromage blanc de la laiterie Les Fayes (coopérative Terra Lacta) en « format familial » : un dosage facile sans entrée d’air, jusqu’à la consommation totale par écrasement de la poche, la visibilité du niveau, un poids de plastique réduit par rapport à un pot et la praticité.
Verdir
le conditionnement flatte et encourage les aspirations écologiques des consommateurs. Mais attention aux fausses allégations et au « greenwashing ». « Démêlons le vrai du faux », propose Citeo dans une publication de novembre 2022. En résumé : le papier carton n’est biodégradable que sous conditions ; le plastique biosourcé n’est pas forcément meilleur pour la planète, toute matière n’est pas forcément préférable au plastique pour le bien de la planète, il faut privilégier l’intégration de matières recyclées. Enfin, il est expliqué pourquoi un emballage ne peut être 100 % recyclable. « Mieux vaut dire entièrement recyclable », nuance Valentin Fournel.
Éduquer le consommateur fera qu’il reconnaîtra les efforts réalisés pour des emballages plus vertueux. Citeo conseille les communicants par un tout récent Guide de la communication responsable. Dans l’esprit de porter les enfants à l’écologie, Innocent Kids leur montre comment « fabriquer un jardin de poche » dans les briques et le carton de suremballage. La marque recommande aussi de laisser la paille plantée dans la brique consommée pour la déposer dans la poubelle de tri.
Les technologies à la rescousse
Des avancées technologiques viennent assouplir les possibilités de conditionnement. Catherine Klein, directrice générale de Valorplast (membre du GIE technique pour le recyclage Cotrep) donne deux exemples : la détection dans les centres de tri des colorants foncés remplaçant le noir de carbone dans les barquettes alimentaires, et le développement de films plastique multicouches, mais monomatériau dans certains emballages de type Doypack, etc. Savoir aussi que le consortium superPE a démontré à l’échelle pré-industrielle la possibilité de décontaminer (au CO2 supercritique) des polyéthylènes (PE) et polypropylènes (PP) recyclés mécaniquement afin de leur permettre de retourner au contact alimentaire. Des systèmes de captage des barquettes en polystyrène expansé (XPS) dans les centres de tri sont en test, selon Valentin Fournel, directeur éco-conception et réemploi à Citeo. Enfin, «des recycleurs du PET alimentaire ont été choisis par Citeo», indique-t-il.
Trois options de « plans de prévention et d’écoconception » sont offertes aux entreprises sur le portail clients de Citeo : plan individuel, plan commun ou de secteur, plan tout secteur. Un accompagnement pratique succède à la remise de ce plan.