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Variabilité génétique, la Normande tire son épingle du jeu !

L’évolution de la consanguinité varie selon les races. Elle reste globalement préoccupante, en particulier en Holstein.

« Après plusieurs décennies axées principalement sur le progrès génétique, les programmes de sélection mettent peu à peu en place des actions pour conserver suffisamment de variabilité génétique », indique Coralie Danchin-Burge, du département génétique de l’Institut de l’élevage. Cette tendance cache cependant une situation contrastée selon les races. « La Normande conforte son leadership dans la maîtrise de la variabilité génétique permise, entre autres, par la sélection génomique. » La consanguinité n’a augmenté que de +2,3 % en 2018 par rapport à 2017 et de +1,3 % entre 2018 et 2019. Le turn-over des taureaux est plus important qu’en Prim’Holstein et Montbéliarde. « Les taureaux majeurs changent chaque année depuis cinq ans », constate Coralie Danchin-Burge.

La Montbéliarde a limité drastiquement l'accroissement de sa consanguinité entre 2018 et 2019 (+1,3 % contre +4,0 % entre 2017 et 2018). En revanche, les nouvelles sont moins bonnes en Prim'Holstein. « La pente de consanguinité continue d'augmenter (+3,5 % entre 2018 et 2019) et on constate l'imprégnation de plus en plus forte de taureaux récents tels que Shottle et O'Man Just (taureaux nés en 1998 et 1999). »

De son côté, la Pie Rouge est de moins en moins une race composite. En 2007, trois courants de gènes pouvaient être retrouvés en Pie Rouge : la Deutsches Rotbunte d’Allemagne, la MRY des Pays-Bas et la Red Holstein. « La Pie Rouge partage maintenant, et ce pour la première fois, ses trois ancêtres majeurs (Elevation, Chief et Bell) - qui représentent l'équivalent de 19 % des gènes des vaches nées entre 2016 et 2019 - avec la Prim'Holstein. Elle prend le train d’une Holstein rouge. »

Des évolutions en dents de scie en Brune et Simmental

La Simmental et la Brune enregistrent des évolutions en dents de scie. En Jersiaise, la progression de +8 % constatée en 2019 est avant tout liée à une meilleure connaissance des généalogies. « La Jersiaise est encore une race à petit effectif en France, mais c’est la seconde race au monde. Sa variabilité génétique est un peu meilleure que celle de la Holstein mais pas très bonne pour autant. »

L'Abondance et la Tarentaise sont-elles engagées sur une bonne pente ? La consanguinité a évolué moins rapidement en 2019 (respectivement +4,29 % et +8,44 %) par rapport à 2018 (+2,78 % et +6,33 %). « Cette tendance est peut-être liée à la sélection génomique. L’impact de ce mode de sélection reste cependant à confirmer. »

Coralie Danchin-Burge termine son analyse sur une note positive. « Les races laitières maîtrisent bien la consanguinité proche, la majorité des animaux n'ayant pas plus de 0,20 % de consanguinité quand on arrête les généalogies aux arrière-grands-parents. »

« La maîtrise de la consanguinité est mon cheval de bataille »

Dans l’Eure, l’éleveur sélectionneur Christian Leroy a décidé de mettre l’accent sur l’originalité des pedigrees depuis trois ans.

Christian Leroy est installé en SCEA à Guitry dans l’Eure. Les deux associés exploitent 335 hectares. « Nous avons une vingtaine d’hectares de prairies non labourables. C’est pour cela que nous avons des vaches laitières », souligne-t-il sur le ton de la plaisanterie. L'éleveur est en effet un passionné de génétique Holstein. Bien connu dans le monde de la sélection, il n’a pas peur de naviguer à contre-courant. « J’ai commencé à me lancer dans l’utilisation de taureaux sans corne il y a douze ans, à une époque où cela intéressait peu les entreprises de sélection françaises. »

Douze ans plus tard, près des trois quarts des femelles du troupeau (70 Holstein à 10 000 kg) sont sans corne. Mais la surutilisation du taureau sans corne Lawn Boy P Red dans les schémas de sélection a contribué à diminuer la variabilité génétique. « Lutter contre l’excès de consanguinité est un vrai combat. On voit des choses ahurissantes notamment aux États-Unis. La concurrence mondiale fait du tort à la variabilité génétique en race Holstein. Le top de la génétique française et mondiale est issu des mêmes familles », regrette-t-il.

Des choses ahurissantes aux États-Unis

Conscient des risques, Christian Leroy a décidé il y a trois ans de changer son fusil d’épaule. « Je réaccouple certaines femelles avec des taureaux cornus pour diminuer la consanguinité dans mon troupeau en espérant que le gène sans corne passe. Il y a deux-trois ans j’ai utilisé Montrealer, un taureau complet proposé par Gènes diffusion. C’est un des rares taureaux Holstein ayant un taux de parenté femelle de 5,3 alors que beaucoup sont à plus de 6. »

Christian prône avec force l’intégration de la consanguinité dans le nouvel ISU Holstein prévu pour sortir en 2021. « J’espère que la consanguinité sera intégrée dans l’ISU, et pas qu’à dose homéopathique. Malheureusement j’en doute, parce que cela pourrait jouer en défaveur des intérêts commerciaux des entreprises de sélection françaises. J’espère me tromper. »

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