[Covid-19] « L’Espagne maintient sa production laitière »

Quelles est l’impact de la pandémie sur la consommation du lait en Espagne ?

David Gonzalvez - Selon les données du Ministère de l´Agriculture les achats de lait conditionné ont augmenté de 49% dans les supermarchés durant la semaine du 9 au 15 mars, la première semaine de confinement. Puis, la semaine suivante les ventes ont chuté de 35%. Globalement, il y a eu une augmentation d´environ 16% des achats de lait UHT dans les supermarchés. En revanche, les ventes de fromages plus élaborés – en particuliers les fromages au lait de brebis ou de chèvre et de certains au lait de vache- ont fortement chuté. Les petites fromageries qui vendaient dans des restaurants, bars… ont presque stoppé leurs ventes. Les exportations de fromages se sont très fortement réduites. En revanche, le contexte est plutôt favorable aux fromageries qui élaborent des fromages à bas prix pour les supermarchés.

Et sur la collecte du lait et les autres services dans les exploitations ?

D.G - La collecte de lait se développe normalement et les exploitations laitières ne connaissent jusqu’ici aucun problème pour s’approvisionner en concentrés, engrais... Le secteur fonctionne actuellement normalement sauf le contrôle laitier. Le lait continue à être analysé mais les conseillers n’interviennent plus dans les exploitations. En revanche, les éleveurs sont confrontés à des problèmes pour vendre leurs veaux. La consommation et l´exportation de viande ont chuté et le secteur réclame des aides d´intervention pour l´achat public. Les ventes de tracteurs ont fortement baissé et il y a de problèmes pour trouver les pièces de rechange.

L’Espagne envisage-t-elle de restreindre sa production laitière ?

D.G - Non, au contraire, la tendance en Espagne est à l’augmentation de la production. Au mois de février la production de lait a augmenté de + 7,7% par rapport au même mois de 2019. L´Espagne est un pays déficitaire en production de lait. Le pays produit environ 7 milliards de tonnes de lait mais en consomme environ 9 milliards. Par conséquent, il y a une marge de croissance, surtout pour produire des fromages, le produit laitier le plus importé par l´Espagne de pays comme l´Allemagne, les Pays-Bas et la France. Par ailleurs, les éleveurs dénoncent l´importation de lait d´autres pays européens, essentiellement de France et du Portugal, à bas prix : environ 0,14 euro le litre.

Le prix du lait va-t-il baisser ?

D.G - Pour l´instant le prix du lait est stable mais la tendance est à la baisse. En février la moyenne était à 0,336 euro le litre. La plupart des contrats entre les laiteries et les éleveurs devaient être signés en mars et avril, mais avec la pandémie de coronavirus il y a eu un accord pour ne reprendre les négociations qu’en mai et juin et pour prolonger de 2 ou 3 mois les contrats actuels. Mais les prévisions tablent sur une diminution du prix du lait.

Quelles sont les conséquences sur le management des salariés ?

D.G - Tout le secteur alimentaire, les éleveurs laitiers et leurs salariés ont mis en place des protocoles de sécurité pour prévenir la propagation du Covid19 : distance de séparation de 1,5 mètre minimum entre les personnes, utilisation de gants et si possible de masques. Dans les exploitations laitières il n´y a pas de problèmes pour l´instant. C’est un secteur prioritaire. En revanche, dans les autres secteurs de l’agriculture on prévoit des problèmes de main d´oeuvre pour faire les récoltes.

(1) www.campogalego.com