Aller au contenu principal

Céréales origine Ukraine - Les moyens de sortie s’intensifient

Corridors maritimes sous contrôle ukrainien, nouvelles routes de transit dans l’UE, reprise possible des négociations sur l’Initiative grains en mer Noire, mines russes pour couler des bateaux civils… Tour d’horizon de l’actualité grains dans le contexte de la guerre en Ukraine.

Le point rouge figure le lieu où le cargo de commerce aurait été touché par une mine marine.
© Lloyd's List

Depuis deux semaines et le premier bateau quittant les eaux ukrainiennes via les corridors mis en place et contrôlés par l’Ukraine uniquement, le nombre de navires entrant et sortant des ports en eaux profondes du pays ne cessent de s’accroître.

Lire aussi : La procédure de contrôle des exportations ukrainiennes à travers l'UE se met en place

Ils partirent à cinq mais bientôt ils atteignirent quarante

La reprise du contrôle de l’île de Zmeinyi (île des Serpents) et des plateformes pétrolières offshore de Boyko, au large de la Crimée, permet aux forces armées ukrainiennes de mieux protéger les eaux côtières du pays et donc d’assurer de nouveaux départs de bateaux. Tout dernièrement, quatre nouveaux départs, dont un de Chernomorsk et deux d’Odessa, ont eu lieu, ce qui porte à 12 le nombre de cargos ayant pu accoster. Huit d’entre eux ont même pu repartir avec un chargement. Les autorités ukrainiennes signalent que deux bateaux, longeant les eaux côtières dans la région d’Odessa pour rejoindre la Roumanie, appartenaient à des propriétaires allemands et un à un propriétaire grec.

Mercredi, la marine ukrainienne a également précisé que douze nouveaux navires étaient en attente pour entrer dans les ports du pays et que 10 bateaux s’apprêtaient à les quitter avec un chargement à bord. Ce dernier est constitué, le plus souvent, de produits agricoles, dont des grains, et de minerais de fer. Les forces navales ukrainiennes assurent la protection de ces trajets jusque dans les eaux bulgares et turcs, en plus des routes vers la Roumanie. Des négociants internationaux ont identifié 40 bateaux prêts à quitter les ports avec un chargement.

Le retour de l’Initiative grains en mer Noire ?

Au début de cette semaine, des rumeurs, essentiellement de sources russes, ont fait état d’une possible reprise des négociations concernant l’Initiative grains en mer Noire, abandonné par les Russes en juillet 2023. Elles impliqueraient à nouveau les Nations-Unies et la Turquie aux côtés de la Russie et de l’Ukraine. Une date a même été avancée, le 5 octobre. Dans ce qui a été diffusé à travers ces rumeurs, on parle de la Turquie comme garante de la circulation des bateaux en mer Noire, d’une assurance que la Russie pourrait exporter de l’essence, des huiles et des lubrifiants sous certaines conditions, de la Russie qui aurait abandonné ses demandes de retour dans le système de paiement international Swift d’une part et de garanties pour l’exportation de fertilisants russes à partir de ports ukrainiens d’autre part. Dans le même ordre d’idée, il est avancé que la Turquie pourrait assurer les paiements concernant les grains et le tournesol russes, pour le compte de la Russie, avec une commission de 12 %.

Lire aussi : Les prix minimum du blé russe vont-ils durer ?

Encore une fois, il s’agit de rumeurs. La plupart des opérateurs de marché ne voient aucune raison de relancer cet accord et surtout, l’Ukraine a fait savoir qu’elle ne voyait aucun intérêt à agir de la sorte, puisque ayant mis en place ses propres corridors alternatifs de transport, sous le contrôle de sa propre force navale, depuis la suspension de l’Initiative depuis juillet. En marge d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE, qui s’est tenue à Kiev le 2 octobre, Dmytro Kuleba, ministre des Affaires étrangères de l’Ukraine, a même appelé ses collègues de l’UE à rejoindre et à soutenir le processus de corridor mis en place par son pays.  « Le succès de l’opération de corridor mis en place par l’Ukraine pour l’exportation de grains montre que nous pouvons gérer tout cela sans les Russes » a-t-il précisé lors d’une conférence de presse le 2 octobre tenue avec Josep Borrell, vice-président de la Commission européenne et Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. Enfin, un media russe officiel a même admis que des clarifications sur l’Initiative grains en mer Noire pourraient être apportées… mais pas avant fin 2023.

Des mines marines pour toucher les navires en mer Noire

Plus sérieusement et plus inquiétant, des informations déclassifiées de première main, publiées par la plateforme d’informations australienne Mirage.News, montrent que la Russie pourrait utiliser des mines marines pour attaquer des bateaux civils, et notamment de commerce, qui navigueraient en mer Noire à l’approche des ports ukrainiens. Le but ne serait pas forcément de les couler mais plutôt de les endommager, en tentant de faire croire que les attaques seraient d’origine ukrainiennes, afin de ralentir la dynamique d’exportation de grains et de faire peser une pression supplémentaire sur l’économie de l’Ukraine. Il semblerait qu’un premier accident de ce type ait déjà eu lieu le 5 octobre vers 9 h du matin heure GMT : un cargo, le Kafkametler, aurait heurté une mine marine, en attente à l’entrée du canal Sulina, selon un rapport d’accident de la Lloyd’s List Intelligence.

Selon Mirage.News, la Russie a endommagé 130 installations portuaires à Odessa, Chornomorsk et Reni et détruit près de 300 000 t de gains depuis son retrait de l’Initiative grains en mer Noire. Toujours selon cette source, le retrait russe empêcherait l’exportation vers les marchés mondiaux de près de 24 Mt de produits alimentaires au départ d’Ukraine.

Nouveaux accords et nouvelles routes pour l’exportation des grains ukrainiens

Les choses évoluent du côté des transits de céréales entre les pays d'Europe de l'Est et l'Ukraine. La Roumanie a autorisé les importations de céréales en provenance de Moldavie et d'Ukraine uniquement à destination des agriculteurs et des transformateurs roumains en possession d'une licence d'importation, a précisé Florin Barbu, ministre roumain de l'Agriculture. De son côté, la Grèce a déclaré être prête à travailler sur une route alternative pour faciliter les exportations de blé et autres céréales ukrainiens, notamment à travers les ports du nord du pays (Thessalonique et Alexandroúpolis). Par ailleurs, la Pologne et l'Ukraine ont annoncé, ce mardi, un accord de transit sur les céréales origine Ukraine impliquant la Lituanie pour pouvoir être ensuite expédiées vers les pays tiers. L’Ukraine a aussi passé un accord avec la Croatie pour utiliser les ports de cette dernière pour l’exportation de grains vers pays tiers. L’Ukraine a par ailleurs annoncé qu’elle avait mis « en pause » sa plainte déposée contre la Hongrie, la Pologne et la Slovaquie auprès de l’OMC, les parties prenantes étant en train d’échanger entre elles pour trouver une solution dans le cadre de l’UE. Cela ne paraît pas rassurer le ministre polonais de l’Agriculture, Robert Telus, qui a indiqué qu’il ne comprenait pas ce que signifiait l’annonce de l’Ukraine sur ce sujet et qu’il réitérait sa demande auprès de l’Ukraine de retirer cette plainte.

Les plus lus

Météo en Russie : faut-il vraiment s’inquiéter des effets du gel sur le blé tendre ?

Les cours du blé tendre ont fortement progressé sur Euronext ces dernières semaines, compte tenu d’une météo jugée adverse en…

Prix des céréales - Nette progression des cours du blé et du maïs sur les marchés à terme

L’évolution des prix du blé, de l’orge et du maïs français entre le 3 et le 6 mai 2024, expliquée par La Dépêche Le petit…

Prix des céréales - Net rebond des cours du blé et du maïs sur les marchés à terme

L’évolution des prix du blé, de l’orge et du maïs français entre le 2 et le 3 mai 2024, expliquée par La Dépêche Le petit…

Prix des céréales - Repli des cours du blé et du maïs sur les marchés à terme en récolte 2023 mais hausse en récolte 2024

L’évolution des prix du blé, de l’orge et du maïs français entre le 1er et le 2 mai 2024, expliquée par La Dépêche Le petit…

Pellets d'aliment composé
Comment les taxes sur les importations de tourteau de tournesol russe vont affecter le marché français

Pour David Saelens, président de la branche nutrition animale de La Coopération agricole, le projet européen de taxation des…

Marché des engrais : tendance baissière en azote et phosphore

Malgré un contexte géopolitique incertain au Moyen-Orient engendrant la crainte de pressions sur les matières premières, le…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 352€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne