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Election de Javier Milei en Argentine - Les premières mesures qui pourraient toucher les filières grains

Le nouveau président argentin porte des réformes qui pourraient transformer le secteur agricole en général et celui du commerce des grains en particulier.

Le nouveau président argentin, Javier Milei (ici en décembre 2022 lors d'une émission de télévision), veut libérer et dollariser l'économie de son pays.
© Flickr/Ilan Berkenwald

Javier Milei, né le 22 octobre 1970 à Buenos Aires, a été élu président de la République d’Argentine le 19 novembre. C’est un économiste se revendiquant ou étant perçu tout à la fois comme d'extrême droite, libertarien de droite, libéral libertaire ou encore anarcho-capitaliste. Dans cet esprit, il est en faveur de la suppression de la banque centrale argentine, de l'adoption du dollar américain comme monnaie nationale (la dollarisation de l’économie du pays), l'abrogation des mesures de contrôle des capitaux, la suppression des aides sociales et une réduction drastique des aides d’Etat et de la dépense publique, tous secteurs confondus (ceci concerne notamment le domaine des transports).  

Le secteur agricole et celui du business des matières premières agricoles pourraient être impactés par un certain nombre de mesures, directes ou indirectes, annoncées dans le programme du candidat ou à venir. Elles pourraient commencer à apparaître après le 10 décembre, date de l’investiture officielle. 

Dans un twitt, Javier Preciado Patino, agronome universitaire et ancien sous-secrétaire aux affaires agricoles du pays, estime que les « agriculteurs espèrent une nouvelle grille de taux de change flottant ». Pour mémoire, la crise économique qui a commencé au début des années 2000 dans le pays a conduit à plusieurs dévaluations du peso argentin. Depuis mai 2023, le taux de change avec l’euro est de 0,0040 peso pour un euro. La devise argentine a perdu 99,62 % de sa valeur face à l’euro en vingt ans. 

Lire aussi : Marché du soja : quelles conséquences des élections argentines

Parmi les autres annonces à venir, sans doute la désactivation de la politique des quotas dans les filières grains et viande et la suppression ou la suspension des restrictions des volumes à l’exportation et à l’importation afin de libéraliser ces marchés. Les taxes à l’exportation sur les grains pourraient aussi être éliminées. Toutes ces mesures favoriseraient, selon le nouveau président et son équipe de campagne, un retour des vendeurs de grains (notamment en blé et en orge selon l’agronome) du pays dans les circuits commerciaux, notamment à l’export. Selon nos confrères d’Agra Presse, « le revenu réel des agriculteurs argentins, issu de la vente de leurs grains, pourrait doubler du seul fait de l’adoption du dollar US pour les transactions d’import-export, et même tripler avec la suppression annoncée des taxes sur les exportations de soja (33%) ».

Nouvel axe géopolitique et réactions des milieux agricoles argentins

Selon un analyste privé, l'élection de Javier Milei à la tête de l'Argentine est jugée baissière pour les marchés et le fait de dollariser l'économie du pays, ce qui pourrait inciter les vendeurs argentins à se positionner à la vente donc, prendra néanmoins du temps. Et donc, d'ici là, les ventes argentines resteront réduites, de nature à soutenir les cours.

Par ailleurs, le nouveau gouvernement argentin pourrait prendre ses distances avec l’axe Moscou/Téhéran/Caracas pour se rapprocher des Etats-Unis et des démocraties européennes et pourrait autoriser les entreprises globales argentines à envoyer des revenus issus de leurs opérations ou activités dans le pays vers leurs sièges sociaux qui se situeraient à l’étranger.

Les principales associations professionnelles d’agriculteurs (Société rurale argentine ou SRA et Coninagro ou Confédération inter-coopérative agricole) ont réagi de façon plutôt favorable à cette élection, saluant la possibilité de « changements radicaux » dans les secteurs du grain et mettant en avant la nécessité de s’attaquer à l’inflation galopante (+ 143 % en un an et qui mine l’économie et le pouvoir d’achat des consommateurs), de revoir la parité de la devise nationale et de libérer l’économie pour favoriser les exportations. Coninagro plaide aussi en faveur de mesures pour réformer le système fiscal, simplifier les réglementations et encourager les investissements notamment dans le secteur de l’agro-industrie.

Les milieux économiques et financiers semblent a priori apprécier cette élection. Ce mardi 21 novembre, après un jour férié lundi, les cours sur la Bourse de Buenos Aires ont bondi de 20 % à l’ouverture. Ce mouvement a été tiré par la progression très forte de l’action de la société pétrolière d’Etat YPF (+ 34 % à l’ouverture, + 40 % à la clôture de la séance) et que le nouveau président argentin veut privatiser.

De nombreux observateurs internationaux et locaux soulignent toutefois que la radicalité du programme présenté par le nouveau président de la République argentine ne sera pas simple à mettre en application.

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