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Loire-Atlantique
La salade entre dans les rotations

Depuis 2008, Patrick Briand produit de la salade pour la 4ème gamme. Outre la sécurisation d’une partie du revenu, la culture est devenue essentielle pour allonger les rotations.

« Nous devons revenir à plus d’agronomie et avoir au moins quatre-cinq cultures dans la rotation », estime Patrick Briand.

Pendant longtemps, comme son père avant lui, Patrick Briand a cultivé de la salade pour le marché du frais. « Mais à la suite de Tchernobyl, le marché est devenu très tendu, se rappelle-t-il. J’ai alors arrêté la salade pour me consacrer à la mâche et au poireau, avec un peu de carotte. Puis, comme il aurait fallu que je réinvestisse dans du matériel de récolte, j’ai arrêté le poireau. Mais produire mâche sur mâche toute l’année est devenu de plus en plus compliqué pour des raisons sanitaires ».

En 2008, Val Nantais (aujourd’hui Val Nantais Terrena) investit dans un atelier de 4ème gamme, Val Nantais Conditionnement. « J’ai alors décidé de recommencer à produire de la salade, pour sécuriser une partie du revenu et pour diversifier l’assolement et ainsi limiter les problèmes sanitaires », témoigne le producteur.

Répondre aux attentes des acheteurs

Aujourd’hui, Patrick Briand cultive chaque année une trentaine d’hectares de salades. Il produit des feuilles de chêne rouges et vertes, des batavias, des multi-feuilles, des mini-laitues. « Certains adhérents de Val Nantais Terrena cultivent des salades pommées, d’autres des salades blanchies, d’autres des jeunes pousses, précise-t-il. Moi, je suis plutôt spécialisé sur les salades tendres. Les conduites culturales sont différentes selon les segments et j’ai préféré me spécialiser ». Les salades sont plantées après une ou deux récoltes de mâche, de mi-mars à fin août. « Comme les cycles de la mâche se raccourcissent en fin d’hiver, cela libère des surfaces pour la salade », précise-t-il. En quelques années, le producteur a mis au point une conduite culturale permettant de répondre aux exigences des acheteurs tout en assurant un rendement régulier. « En 4ème gamme, les critères sont très différents de ceux du frais, souligne-t-il. L’important est le taux de matière utile des salades, leur robustesse, leur coloration et l’absence de corps étrangers. Une batavia doit peser 800 g à 1 kg. Cela implique de planter moins dense, de veiller à l’irrigation et à la fertilisation, de surveiller de près les parasites. Nous commençons sous voile non tissé puis passons rapidement au plein air pour obtenir des salades solides, plus trapues. » Les récoltes s’étalent de mai à octobre. Pour faciliter le travail, Patrick Briand a fait fabriquer par une entreprise locale une machine qui coupe les salades entières et les monte par un tapis jusqu’à une plate-forme où le personnel réalise le parage et le conditionnement. « Cela permet de récolter 20 palettes par jour et de répondre à certains clients qui ne veulent plus qu’il y ait de caisses au sol », explique le maraîcher. Les salades, récoltées entre 7 h et 11 h, sont expédiées pour midi à Val Nantais Conditionnement où elles sont immédiatement refroidies à 6°C par vacuum cooling.

Casser le cycle des parasites

Pour Patrick Briand, la salade présente de nombreux avantages. Un premier atout, essentiel, est qu’elle permet de faire des rotations. « Par le passé, il était facile de cultiver de la mâche toute l’année sur une même parcelle. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Certains problèmes comme le dépérissement, qui pourrait être dû à un pythium très résistant, sont de plus en plus fréquents. La salade permet de casser le cycle des parasites et maladies. Mais nous en plantons au maximum une fois tous les deux ans sur une parcelle. Pour diversifier l’assolement, nous avons donc aussi recommencé le poireau et nous semons de l’orge en engrais vert ». Des herbicides différents de ceux autorisés en mâche et la possibilité de biner la salade permettent également de limiter l’enherbement, un point important pour les producteurs de mâche qui disposent de moins en moins de solutions de désherbage.

Enfin, alors que la mâche demande un apport de 70 unités d’azote/ha, la salade n’en demande que 55 unités d’azote/ha, ce qui permet de réduire l’apport global en azote, un point non négligeable dans cette zone qui vise à réhabiliter sa nappe phréatique. « La salade permet de répondre, plus facilement que la mâche, aux attentes sociétales », remarque Patrick Briand. Autre aspect prépondérant, la salade 4ème gamme sécurise 25 à 30 % du revenu. « La marge se fait sur le rendement à l’hectare, précise Patrick Briand. Mais nous n’avons jamais de grosse surprise, même si la salade est moins spéculative que la mâche. De plus, les contrats permettent de planifier le travail et donc les engagements de salariés six mois par an, avec très peu d’aléas ». En quelques années, Patrick Briand a ainsi réduit ses surfaces en mâche d’un gros tiers, essentiellement l’été, en grande partie grâce à la salade (voir encadré). La principale contrainte est la nécessité d’une grande rigueur dans toutes les opérations et notamment dans la surveillance et la protection contre les ravageurs comme les pucerons et les chenilles phytophages.

7 000 t de salades 4ème gamme

Créé en 2008, l’atelier de 4ème gamme Val Nantais Conditionnement produit 7 000 tonnes par an de salades de 4ème gamme. Son principal client et partenaire est Bonduelle. Mais il fournit aussi d’autres usines de 4ème gamme ainsi que des opérateurs spécialisés sur les produits élaborés comme Sodébo ou Mix Buffet. Sur les 44 adhérents de Val Nantais Terrena, 10 à 15 produisent des salades entières pour Val Nantais Conditionnement.

Zoom sur

L’avenir sous grands abris plastique et en bio

A l’avenir, Patrick Briand veut donc continuer à produire de la salade, voire augmenter les surfaces. « Val Nantais Conditionnement est toujours en croissance, indique le producteur qui est aussi président de Val Nantais Terrena. Le marché est devenu un peu plus compliqué avec l’apparition de nouveaux acteurs. Mais la croissance se poursuit, avec des produits plus élaborés. La salade est une opportunité pour les petits producteurs de Val Nantais Terrena ». Pour augmenter ses surfaces, le maraîcher devra toutefois s’équiper d’une deuxième récolteuse, la première étant mobilisée à plein temps. « Ou alors il faudrait que nous récoltions une partie en manuel, ce qui ne serait pas très satisfaisant », analyse-t-il. Il envisage aussi de produire des salades au printemps sous grands abris plastique pour éviter à Val Nantais Conditionnement les ruptures d’approvisionnement qui ont parfois lieu à la période charnière entre les productions d’hiver dans le sud et la production locale. Les premiers essais ce printemps ont été concluants. Enfin, il réfléchit à passer une partie de sa production de salade en bio. « Cela permettrait de travailler des techniques plus performantes de désherbage et protection contre les ravageurs qui pourraient nous servir pour toute la production », estime-t-il.

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